Victor HUGO, L'Année terrible (2). Commentaire

« Sur une barricade, au milieu des pavés Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés, Un enfan't de douze ans est pris avec des hommes.

- Es-tu de ceux-là, toi ? - L'enfant dit : Nous en sommes. - C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller. Attends ton tour.

-L'enfant voit des éclairs briller, Et tous ses-compagnons tomber sous la muraille. Il dit à l'officier : Permettez-vous que j'aille Rapporter cette montre à ma mère chez nous ? - Tu veux t'enfuir, -Je vais revenir.

-Ces voyous Ont peur ! Où loges-tu ? -Là, près de la fontaine. Et je vais revenir, monsieur le capitaine. - Va-t'en, drôle! -L'enfant s'en va.

Piège grossier! Et les soldats riaient avec leur officier, Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ; Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle, Brusquement reparu, fier comme Viala (1), Vint s'adosser au mur et leur dit : Me voilà. La mort stupide eut honte, et l'officier fit grâce.

Victor HUGO, L'Année terrible (2).

Vous ferez de ce texte un commentaire composé.

Vous pour­ rez, par exemple, vous atiacher à montrer comment par son art le poète transfigure une simple anecdote, l'élevant peu à peu à la hauteur de l'épopée.

remarque • La composition du commentaire traditionnellement appli­ quée depuis qu'un des types de sujets du Baccalauréat est le (1) Viala : (1780-1793) jeune volontaire des armées de la République, tué sur les bords de la Durance en essayant de couper les câbles des pontons pour empêcher les royalistes de franchir la rivière.

(2) L'année terrible: de l'été 1870 (début de la guerre contre la Prusse) au prm­ temps 1871 (écrasement de la Commune).. »