VÉRITÉ : l’accord d’une proposition avec ce qui est. Question 1 : La vérité est-elle universelle ?
Publié le 01/06/2024
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«
VÉRITÉ : l’accord d’une proposition avec ce qui est.
Question 1 : La vérité est-elle universelle ?
Perspective > L’existence humaine et la culture.
Soit la vérité est particulière, soit elle est
universelle, càd qu’elle ne dépend ni des individus (existence humaine) ni des cultures.
« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà, écrivait Pascal.
Cela signifierait que la vérité dépend des
pays et des cultures, voire des individus.
Est-ce le cas ?
1) La vérité n’est pas qu’une simple opinion
Si la vérité désigne l’accord avec la réalité objective, n’est-elle pas censée mettre tout le
monde d’accord ? Même sur des questions simples toutefois, les avis divergent de sorte que,
selon le relativiste Protagoras, « l’homme est la mesure de toute chose », càd que chacun juge
selon son point de vue (Platon texte 1).
Mais il ne s’agit alors que d’opinions, subjectives et
relatives à des sensations, qui dépendent de celui qui les énonce, et peuvent donc se révéler
fausses.
Exemple : Si j’estime que la Terre est plate, alors mon opinion est fausse puisqu’elle
est contredite par les faits.
Mais je peux aussi croire qu’elle est ronde sans savoir pourquoi,
parce que je répète ce que j’ai entendu dire : c’est ce que Platon appelle une « opinion
droite », autrement dit d’une opinion qui est certes en accord avec la vérité, mais ne l’est que
par hasard.
2) Surmonter les différences subjectives pour parvenir au vrai
Puisque la vérité relève d’un jugement, qu’est ce qui nous permet de qualifier de « vrai » un
jugement subjectif ? Nous avons des attentes différentes : l’un se contentera de tel degré de
précision pour juger que quelque chose est vrai, tandis qu’un autre le jugera imprécis, donc
approximatif et faux (Austin texte 2).
Mais nos désaccord viennent des contextes dans
lesquels nous sommes et des motivations subjectives qui nous détournent de la voix de la
raison.
Pourtant celle-ci peut nous réunir au-delà de toutes nos différences, notamment
culturelles (Malebranche texte 3).
Pour se mettre d’accord, on peut aussi choisir de s’en
remettre au critère du succès pratique, en considérant avec les pragmatistes comme William
James que le propre du vrai est de se vérifier dans les faits (texte 4)
Question 2 : Peut-on douter de tout ?
Perspective > La connaissance.
Le doute apparait comme le signe qu’il nous est impossible de la
connaitre, mais il peut aussi être un moyen d’y accéder.
On sème le doute comme on sème des graines….sans savoir ce qui en résultera.
Peut-on vraiment
douter de tout ?
1) L’impossibilité de parvenir au vrai
Pour parvenir à connaitre la vérité, il peut être utile de commencer par douter de ce qu’on croit
savoir, et de l’examiner de plus près.
Les sceptiques, qui se considèrent comme des chercheurs
inlassables de vérité, se montrent particulièrement intransigeants sur nos conditions d’accès à
la connaissance certaine.
Les critères de reconnaissance du vrai sont tellement controversés
que cette quête semble condamnée à ne jamais aboutir (Sextus Empiricus texte 1)
2) La tentation du scepticisme
Mais nous ne sommes pas condamnés à désespérer de la possibilité d’accéder au vrai.
Au
moins certains énoncés, de type logique, apparaissent incontestables parce que leur contraire
est impossible et implique contradiction.
Qu’en est-il toutefois des « vérités » de fait ? Faut-il
en douter au risque de mettre en cause une grande partie de notre prétendu savoir ? (Hume
texte 2).
Ces vérités-là ne semblent pas immuables et éternelles, et on peut penser le contraire
sans être illogique.
Ce qui justifie qu’on les considère comme des vérités et non comme de
simples opinions, c’set qu’elles s’appuient sur notre expérience de la réalité.
Question 3 : Faut-il toujours dire la vérité ?
Passerelle > Le devoir
Perspective > La morale et la politique.
Dire la vérité est au fondement de tout éducation morale
parce qu’elle permet de fonder des relation de confiance entre les individus sur le plan social et
politique.
La vérité ne s’oppose pas seulement à l’erreur ou à l’illusion mais aussi au mensonge, qui suppose une
duplicité et une intention délibérée de falsifier la réalité.
1) L’exigence de vérité est à la fois d’ordre théorique et d’ordre pratique
En plus d’être un idéal de connaissance, la vérité est aussi une exigence d’ordre éthique.
Elle
revêt une valeur morale quand il s’agit d’être honnête à l’égard des autres et sincère dans ce
qu’on dit.
On appelle véracité cette capacité à dire la vérité.
La véracité compte parmi les plus
hautes vertus morales (Kant texte 1).
Mais ce devoir est-il inconditionnel ?
2) Les exceptions au devoir de véracité
Concrètement, il peut arriver que le médecin, l’État, ou même chacun d’entre nous, soit amené
à mentir pour de bonnes raisons (Constant texte 2), ou à différer l’aveu.
Dans certaines
circonstances particulièrement dramatiques, l’annonce de la vérité serait tellement brutale que
sa violence risquerait de faire plus de mal que de bien.
C’est que la vérité peut avoir des effets
puissants et dangereux, et qu’elle doit être manié avec beaucoup de précaution.
Question 4 : La science jouit-elle du monopole de la vérité ?
Passerelle > La science
Perspective > La connaissance.
La science se présente comme la voie la plus sûre pour connaitre la
vérité.
On entend souvent « c’est prouvé scientifiquement » comme un équivalent de « c’est vrai » : la
science serait seule capable de livrer une connaissances objective de la réalité et de garantir la vérité
d’un énoncé ? N’y a-t-il donc de vérité que scientifique ?
1) Le modèle mathématique est porteur de certitude
Le crédit que nous accordons à la science semble justifié par sa capacité à nous apporter la
certitude, à prouver tout ce qu’elle avance, sans laisser de place à la subjectivité.
Parmi les
sciences, c’est notamment le cas des mathématiques où tout semble certain parce que tout y
est démontré de manière rationnelle et logique.
Elles passent ainsi pour un modèle de vérité
presque intouchable et sacré (Descartes texte 1).
Les mathématiques fonctionnent en effet de
manière hypothético-déductive : les conclusions auxquelles elles aboutissent sont la stricte
conséquence des hypothèses qui ont été posées au commencement de la démonstration.
2) Les théories scientifiques reposent sur des hypothèses
Pourtant la découverte du XIXe siècle de la possibilité de géométrie non euclidienne (p.400) a
remis en cause la validité d’un modèle mathématique unique.
De plus, toutes les sciences ne
reposent-elles pas sur des hypothèses qui se révèlent discutable ? Karl Popper considère même
qu’une théorie ne mérite d’être considérée comme scientifique qu’à condition de pouvoir
éventuellement être falsifiée, autrement dit si elle est susceptible d’être démentie à l’avenir
(Popper texte 2).
Aucune théorie, même la mieux établie dans la communauté scientifique, n’est à l’abri d’une
éventuelle réfutation ultérieure.
La vérité n’aurait donc pas nécessairement de caractère
définitif et serait davantage un horizon ou un idéal qu’une réalité pour les sciences (Einstein et
Infeld ouverture science).
Faut-il rabattre nos prétentions sur une vérité provisoire et
particulière ? L’humilité des sciences est précisément ce qui fait leur grandeur.
TEXTES ÉTUDIÉS :
Question 1 : La vérité est-elle universelle ?
Texte 1 : « L’homme, mesure de toute vérité selon Protagoras », Platon, Théétète, IV siècle ap JC,
thèse : Platon fait parler son adversaire le sophiste Protagoras qui défend un relativisme radical :
chacun est qualifié pour juger de tout à sa manière, donc toutes les opinions sont vraies.
Texte 2 : « C’est la situation qui rend un énoncé vrai ou faux », Austin, « Performatif-constatif », La
Philosophie analytique, 1962, thèse : La plupart des énoncés ne sont ni vrais ni faux en eux-mêmes.
Il
faut les étudier en situation car seul le contexte permet de décider de la vérité ou de la fausseté d’un
énoncé.
Exemple : « La France est hexagonale ».
Texte 3 : « Nous avons tous la vérité en partage », Malebranche, Recherche de la vérité, 1678, thèse :
Quelques soient nos différences culturelles, nous accédons aux mêmes vérités, aussi bien dans le
domaine théorique que dans le domaine moral, et c’est car « l’homme participe à une certaine raison
que [les philosophes] ne déterminent pas ».
Repère Relatif/Absolu + Particulier/Universel : Le relatif à une façon de voir (par opposition à
absolu) n’est pas le particulier (qui ne vaut que ans certains cas, par opposition à universel).
Exemple : « L’or est jaune » est une vérité universelle mais relative puisque ce jaune n’est pas une
propriété de l’or mais la manière dont nous voyons la lumière se diffracter.
Texte 4 : « Le vrai se vérifie », James, Le Pragmatisme, 1907, thèse : James est un des principaux
représentants du « pragmatisme » en philosophie, doctrine de ceux qui estiment que e qui est vrai est
ce qui fonctionne et se vérifie concrètement.
James corrige et précise la définition traditionnelle de la
vérité.
« La vérité d’une idée n’est pas une propriété qui se trouverait lui être inhérente et qui resterait
inactives.
La vérité est un événement qui se....
»
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