Vénus Anadyomène
Publié le 28/03/2024
Extrait du document
«
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FRANÇAIS
VÉNUS ANADYOMÈNE
ARTHUR RIMBAUD
OBJET D'ÉTUDE : LA POÉSIE
PARCOURS : ÉMANCIPATIONS CRÉATRICES
PREMIÈRE
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ANALYSE
LINÉAIRE
TEXTE
Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés;
Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;
L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement; on remarque surtout
Des singularités qu'il faut voir à la loupe...
Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
- Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d'un ulcères à l'anus.
Vénus Anadyomène, Arthur Rimbaud (1870)
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ANALYSE
LINÉAIRE
ANALYSE
INTRODUCTION
Arthur Rimbaud, figure emblématique du mouvement symboliste, est réputé pour son approche révolutionnaire de la poésie, où la
beauté classique cède la place à une exploration sans concession de la réalité sous toutes ses formes.
CONTEXTE
Publié en 1870, et extrait du recueil Les Cahiers de Douai, « Vénus Anadyomène » illustre parfaitement cette tendance de
Rimbaud à défier les conventions poétiques de son époque.
En s'inspirant de la figure mythologique de Vénus, déesse de l'amour et de la beauté, Rimbaud renverse radicalement l'image
traditionnelle de perfection divine pour présenter une vision crue et désacralisée de la féminité.
PROBLÉMATIQUE
Comment, à travers « Vénus Anadyomène », Rimbaud s'écarte-t-il du lyrisme classique pour inaugurer une forme de poésie
révolutionnaire ?
ANNONCE DU PLAN
I.
LA DÉCONSTRUCTION DE L'IDÉAL CLASSIQUE
II.
LA SUBVERSION DE LA BEAUTÉ ET LA CRITIQUE SOCIALE
2
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ANALYSE
LINÉAIRE
ANALYSE
I/ DÉCONSTRUCTION DE L'IDÉAL CLASSIQUE
A) La naissance de Vénus, une naissance grotesque
Idée : Rimbaud dépeint une représentation moqueuse de l'émergence de Vénus, réinterprétant ainsi le thème classique de la
déesse de l'amour et de la beauté d'une manière provocatrice.
Exemple :
« Comme d’un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D’une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés »
Justification :
Jeu de rimes : « tête » / « bête », Rimbaud joue sur les sonorités pour critiquer et désacraliser l’image de la femme.
Accumulation d’adjectifs péjoratifs : « lente et bête » / « avec des déficits assez mal ravaudés » dégradent l’image de Venus,
déesse inspirant le lyrisme traditionnel.
Ce poème tourne au ridicule tous les plus grands tableaux, représentant la Naissance de Vénus (cf: Botticelli).
Les couleurs
évoquées « vert » « blanc » rappellent les vagues et l’écume de la mer présents lors de sa naissance.
La mention de la « vieille baignoire » est une référence au coquillage sur lequel nait Venus, la ridiculisant encore une fois.
La comparaison de la naissance de Vénus avec l'émergence d'une tête de femme d'une vieille baignoire évoque une image
grotesque et absurde.
Cette métaphore grotesque détourne le motif classique de la déesse de l'amour et de la beauté,
soulignant ainsi le caractère dérisoire de la scène.
B) La subversion du lyrisme traditionnel par la parodie
Idée : Rimbaud rompt avec le lyrisme traditionnel en parodiant les normes poétiques établies, ce qui confère à sa représentation
de Vénus un caractère grotesque et comique.
Exemple :
« Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates »
Justification :
Allitérations en [r] et [s] : ont pour but de dénoncer le caractère répétitif de cette poésie traditionnelle.
Énumération grotesque et langage prosaïque : Rimbaud utilise une série d’images et de descriptions corporelles peu
flatteuses pour décrire la déesse tel « le col gras et gris » « larges omoplates » « la graisse sous la peau ».
Contraste : entre le coté esthétique de la déesse, toujours représentée comme un idéal et la description physique établie par
Rimbaud.
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