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Venezuela

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Venezuela, en espagnol Venezuela, pays d’Amérique du Sud. Sa capitale est Caracas.

Le Venezuela est bordé au nord par la mer des Caraïbes, au nord-est par l’océan Atlantique, à l’est par la Guyana, au sud par le Brésil et au sud-ouest et à l’ouest par la Colombie.

2LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1Relief

La superficie totale du Venezuela est de 916 445 km². Le pays se compose de plusieurs régions géographiques distinctes :

— Dans le nord-ouest et le nord se trouvent les hautes terres vénézuéliennes, avec les Andes vénézuéliennes, qui comprennent le point le plus élevé du pays, le pic Bolívar (5 007 m) dans la chaîne de Mérida.

— À l’ouest de cette chaîne montagneuse se trouve une vaste dépression, avec des collines et des bas plateaux comprenant le lac Maracaibo, qui est relié au golfe du Venezuela.

— Dans le centre du pays, les llanos, une région de plaines alluviales, s’étendent sur un tiers de la surface du pays ; c’est une zone peu propice à l’agriculture (vouée à l’élevage extensif des bovins) et peu peuplée.

— Le massif des Guyanes, qui atteint des altitudes de plus de 2 700 m, s’étend dans le sud-est et le sud du pays ; il fait partie du bouclier guyanais, formé par des reliefs tabulaires gréseux et schisteux, les tepuyes ; il comprend les chaînes de la sierra Parima, de la sierra Pacaraima et le massif du Roraima, qui constituent une partie de la frontière avec le Brésil. C’est une zone amazonienne, où la forêt dense domine, sauf à la frontière de la Guyane française où s’étend la Gran Sabana, une région de savane arborée.

— Le littoral du Venezuela est long et très découpé : il comprend notamment le golfe du Venezuela et le golfe de Paria. La côte est généralement étroite et escarpée, sauf à l’ouest, où elle comprend des étendues de terres basses et parfois marécageuses. Parmi les quelque 70 îles vénézuéliennes situées au large du pays dans la mer des Caraïbes, Margarita est la plus grande et la plus importante.

2.2Hydrographie

La partie côtière des llanos s’étend jusqu’à l’océan Atlantique ; elle est arrosée par le fleuve Orénoque, l’axe hydrographique du pays, qui s’étend sur 2 560 km et qui draine approximativement 1 165 500 km2. L’Apure, le río Meta, ses affluents parcourent tout le territoire. Un de ses bras, le Cassiquiare (225 km), se jette dans le río Negro. Ce dernier rejoint l’Amazone, permettant ainsi aux deux fleuves de communiquer. Les chutes Angel (Salto del Angel), les plus hautes chutes d’eau du monde (979 m), se trouvent dans la partie orientale des hautes terres.

2.3Climat

Le climat du Venezuela est tropical dans les llanos et en bordure de la côte, et tempéré par l’altitude dans les régions montagneuses. Les températures moyennes à Caracas et Maracaibo atteignent respectivement 18 °C et 27 °C en janvier, et 21 °C et 29 °C en juillet. Les précipitations annuelles moyennes à Caracas sont de 833 mm et à Maracaibo de 577 mm.

2.4Flore et faune

Des forêts composées d’espèces variées, comme les palmiers et les manguiers, couvrent 52,3 p. 100 du Venezuela. Des graminées poussent sur les llanos, et les mangroves couvrent la majorité du delta de l’Orénoque. Cependant, les plaines côtières sont semi-désertiques.

La faune vénézuélienne est riche : jaguars, singes, paresseux, fourmiliers, ocelots, ours, cerfs et tatous. Les espèces d’oiseaux sont nombreuses ; elles comprennent, entre autres, le flamant, le héron, l’ibis et le guacharo. Des reptiles tels que les crocodiles vivent dans le pays, ainsi que de grands serpents comme les anacondas et les boas constricteurs.

2.5Ressources naturelles

Le Venezuela est riche en ressources minérales, dont notamment le pétrole, le gaz naturel, la bauxite, le charbon, l’or, le minerai de fer, le cuivre, le zinc, le plomb et les diamants. Il possède aussi d'immenses réserves de schistes bitumineux. Les forêts constituent également une ressource importante, couvrant environ 50 p. 100 des terres.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Démographie

En 2008, la population atteint 26 414 815 habitants. Environ 67 p. 100 des Vénézuéliens sont des métis et quelque 20 p. 100 sont d’origine européenne. Le reste de la population comporte une majorité de Noirs ; un faible pourcentage est composé d’Amérindiens. L’essor pétrolier a introduit un déséquilibre spatial impressionnant. La grande majorité de la population se concentre sur les terres du Nord ou sur les régions côtières (90 p. 100), tandis qu’une minorité habite les territoires immenses situés au sud du fleuve Orénoque. Le taux d’urbanisation du pays est de 88,1 p. 100, celui de fécondité de 2,52 enfants par femme et l’espérance de vie atteint 74  ans.

3.2Découpage administratif et villes principales

Le Venezuela est divisé en 23 États et 2 territoires fédéraux.

Caracas est la capitale, ainsi que le centre financier et commercial du Venezuela ; la ville voisine de La Guaira lui sert de port maritime. Maracaibo, centre majeur de l’industrie pétrolière et deuxième plus grande ville du pays, se trouve au bord du lac du même nom. Valencia est une des principales villes industrielles du pays et Barquisimeto est un carrefour de commerce majeur.

3.3Langues et religions

L’espagnol est la langue officielle du Venezuela. La principale religion est le catholicisme, les protestants ne représentant qu’une minorité dans le pays.

3.4Éducation

L’enseignement au Venezuela est gratuit et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 15 ans. Il est gratuit dans les établissements universitaires financés par l’État. Le taux d’alphabétisation en 2005 atteint 94 p. 100.

Les grandes villes possèdent des universités et des établissements d’enseignement supérieur : l’Université centrale du Venezuela (1721) et l’Université catholique d’Andrés Bello de Caracas (1953) ; l’université des Andes de Mérida (1785) ; l’université de Zulia de Maracaibo (1891) ; l’Institut polytechnique de Barquisimeto (1962). La Bibliothèque nationale, fondée en 1847, se trouve à Caracas.

3.5Culture

L’influence culturelle dominante au Venezuela a été celle des conquistadores espagnols, le pays ayant été peu marqué par les traditions précolombiennes et amérindiennes. Un des symboles des traditions vénézuéliennes est le llanero, l’équivalent vénézuélien du gaucho argentin. La danse nationale, le bropo et les instruments de musique comme le maraco, une petite harpe et le cuarto, une guitare, sont également caractéristiques du pays. Les arts, tels que l’architecture et la peinture, ont subi l’influence de l’Espagne ou de la France et se sont mélangés aux traditions vénézuéliennes. Puis, dans la seconde moitié du xxe siècle, la combinaison des richesses produites par les découvertes de pétrole et l’établissement de liens étroits avec les États-Unis ont contribué au développement d’une architecture moderne, en particulier dans la ville de Caracas.

Plusieurs grands écrivains, comme Andrés Bello et Rómulo Gallegos ont profondément marqué la littérature vénézuélienne et latino-américaine. Voir littérature hispano-américaine ; musique latino-américaine.

Les grandes villes du pays ont développé une activité culturelle, ainsi Caracas abrite-t-il plusieurs musées : le musée des Beaux-Arts, le musée de l’Art colonial, le musée des Sciences naturelles et le musée Bolívar, consacré à Simón Bolívar, le libertador du pays. On trouve le musée de Talavera à Ciudad Bolívar, et des musées historiques à Maracaibo et Trujillo.

3.6Institutions et vie politique
3.6.1Historique

Le Venezuela est un État fédéral doté d’un régime présidentiel. Son histoire politique, au lendemain de son indépendance complète (1830), est marquée par une succession de dictatures et de révolutions, à laquelle met fin un processus démocratique mené par le président Rómulo Betancourt à la fin des années 1950. Une Constitution est adoptée en 1961 et le pays entre dans une période de stabilité politique relative, pendant laquelle deux grands partis se partagent le pouvoir en alternance : l’Action démocratique (AD) et le COPEI (Parti social-chrétien). Toutefois la crise économique et sociale dans laquelle plonge le pays dans les années 1990 provoque une forte défiance de la population à l’égard de la classe politique dirigeante. Cette désaffection permet l’élection à la présidence de la République de l’ex-colonel Hugo Chávez, en décembre 1998. Un an plus tard, à la suite de la convocation d’une Assemblée constituante, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum avec 70 p. 100 des suffrages. À l’initiative de Hugo Chávez, qui entend instaurer une démocratie populaire et participative, inspirée de Simón Bolívar, le pays prend le nom de République bolivarienne du Venezuela.

3.6.2Organisation des pouvoirs

La Constitution de 1999 réduit le pouvoir législatif et approfondit les prérogatives du président, qui est à la fois le chef de l’État et le chef du gouvernement. Au Parlement bicaméral composé d’un Sénat (45 membres) et d’une Chambre des députés (204 membres), se substitue une seule Assemblée nationale, constituée de 167 membres élus au suffrage universel direct pour cinq ans. Le mandat présidentiel (renouvelable une fois) est prolongé de cinq à six ans.

Le pouvoir judiciaire appartient à la Cour suprême de justice, constituée de 15 juges, élus pour des mandats de douze ans par l’Assemblée nationale. Chacun des États du Venezuela est dirigé par un gouverneur, nommé par le président de la République ; les représentants du pouvoir législatif sont élus au suffrage universel.

3.6.3Partis politiques

Les partis politiques traditionnels du Venezuela sont le Parti social chrétien ou Comité d’organisation politique des électeurs indépendants (COPEI) et l’Action démocratique (AD). À la fin des années 1990, le Mouvement Ve République (MVR), fondé en 1997 par l’ancien putschiste Hugo Chávez, perce dans le paysage politique vénézuélien, pour s’imposer au milieu des années 2000 comme le principal parti politique du pays. Les autres organisations politiques comprennent, entre autres, le Mouvement vers le socialisme (MAS) et La Cause radicale (La Causa R).

3.6.4Défense nationale

Pour assurer la défense de leur pays, les Vénézuéliens âgés de 19 à 45 ans doivent effectuer un service militaire de deux ans.

4ÉCONOMIE

En 2006, le produit intérieur brut (PIB) du pays atteignait 182 milliards de dollars, ce qui correspond à un revenu par habitant d’environ 6 730,40 dollars. L’économie du Venezuela repose essentiellement sur le pétrole, qui représente un quart du PIB, 80 p. 100 des exportations du pays et quelque 40 p. 100 des recettes publiques. Cette situation crée une forte dépendance de l’économie vis-à-vis des fluctuations des cours pétroliers : la baisse du prix du pétrole à partir du milieu des années 1980 a plongé le pays en récession en 1998, mais celle-ci a pu être conjurée en 1999 grâce à une embellie des prix du pétrole ; à l’inverse, la hausse des cours du pétrole au milieu des années 2000 a permis au Venezuela d’obtenir la plus forte croissance d’Amérique latine, à hauteur de 16,5 p. 100 en 2004 et 9 p. 100 en 2005. En dépit des efforts entrepris par le gouvernement pour diversifier l’économie, le secteur non pétrolier reste trop faible pour faire face aux baisses temporaires des cours pétroliers, d’autant plus que le pays accuse une importante fuite des capitaux et peine à attirer des investissements étrangers encore méfiants. Dans ce contexte, les autorités décident en 2002 de laisser flotter le bolívar, provoquant une forte dépréciation de la monnaie vénézuélienne par rapport au dollar. L’inflation, qui s’élevait à 35,8 p. 100 en 1998 et avait pu être rabaissée à 12,6 p. 100 en 2001, est estimée à 16,6 p. 100 en 2005.

4.1Agriculture

En 1960, le gouvernement vénézuélien a fait voter une loi de réforme agraire dans le but d’étendre et de diversifier la production agricole. En 2003, ce secteur employait environ 10,7 p. 100 de la population active et contribuait à hauteur de 4,5 p. 100 à la formation du PIB. Les principales récoltes sont la canne à sucre (8,9 millions de tonnes), les bananes, le maïs (2,4 millions de tonnes), le riz (1 114 608 t), le café (74 332 t), le sorgho (588 706 t), le manioc (489 047 t), les oranges et les noix de coco. L’élevage de bétail se pratique principalement sur les llanos et à l’est du lac Maracaibo ; le cheptel se compose essentiellement de bovins (16,6 millions de têtes), de porcins (3,3 millions de têtes), de caprins (1,34 million de têtes) et d’ovins (525 121 têtes).

Bien que les forêts recouvrent une grande partie du territoire vénézuélien, elles sont peu exploitées et l’industrie du bois est peu développée. En revanche, la pêche représente un secteur prédominant. Du point de vue commercial, les prises les plus importantes sont les crevettes, le thon et la sardine. Les prises de poisson représentaient 492 210 tonnes en 2005. D’importantes pêcheries de perles se trouvent au large de l’île de Margarita.

4.2Mines et industries

Le pétrole, situé dans le bassin du lac Maracaibo et dans l’est du pays, occupe la première place de l’économie vénézuélienne. Brut et raffiné, il en effet est la principale source de revenus du pays et fournit la majorité des revenus à l’exportation. La majeure partie de ce pétrole est exportée vers les Antilles néerlandaises pour y être raffinée. Huitième producteur et cinquième exportateur mondial de pétrole au milieu des années 2000, le Venezuela est un des membres fondateurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Le pays est également un important producteur de gaz naturel.

Depuis le début des années 1960, le gouvernement vénézuélien a donné la priorité au développement du secteur industriel. Ainsi, Ciudad Guayana est devenue un centre de développement industriel de premier plan. Les principales industries du pays sont celles de l’agroalimentaire, des produits chimiques, du matériel de transport, du raffinage de pétrole, de l’acier et de l’aluminium.

Le Venezuela utilise l’énergie hydroélectrique : une usine se trouve près du barrage de Guri, sur la rivière Caroní.

4.3Échanges

Les principales exportations du Venezuela reposent sur le pétrole et ses produits dérivés ; les importations sont les biens d’équipements, le matériel de transport, les produits chimiques, les produits alimentaires et les produits manufacturés. Les partenaires commerciaux traditionnels du pays sont les États-Unis, le Japon, la Colombie, le Mexique, l’Italie, l’Allemagne, le Brésil, le Canada, la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne — avec l’arrivée au pouvoir de Hugo Chávez en 1999, le Venezuela est devenu le premier partenaire commercial de Cuba. Le pays est membre de plusieurs organisations régionales visant à promouvoir l’intégration économique, dont le Mercosur à compter de 2006 après s’être retiré de la Communauté andine des nations (CAN), le Groupe des 3 (G3), qui comprend également le Mexique et la Colombie, l’Association latino-américaine d’intégration (ALADI) et l’Association des États de la Caraïbe (AEC).

L’unité monétaire du Venezuela est le bolívar, égal à 100 céntimos.

Au Venezuela, le réseau de transports est essentiellement constitué de routes, dont la densité la plus importante est située dans la zone des llanos ; elles visent à relier les centres urbains principaux avec les zones rurales reculées. Le chemin de fer n’est pas encore très développé, il est principalement constitué d’un axe Puerto Cabello-Barquisimeto ; cependant, un plan de développement et de modernisation du réseau est lancé au début des années 2000, prévoyant de construire quelque 4 000 km de voies ferrées. Les principaux ports maritimes du Venezuela sont situés à La Guaira, Puerto Cabello et Maracaibo. Le transport sur les voies navigables intérieures, en particulier le fleuve Orénoque, est également important. Enfin, le pays dispose de liaisons aériennes intérieures et extérieures, notamment avec la compagnie Venezolana internacional de aviación (Viasa), qui a été privatisée en 1991.

Parmi la presse quotidienne, les journaux les plus influents sont Ultimas Noticias, El Mundo, et El Nacional, publiés à Caracas.

5HISTOIRE
5.1Des origines à l’indépendance du Venezuela

Le territoire de l’actuel Venezuela était à l’origine habité par plusieurs groupes indigènes, comprenant des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagatos. Christophe Colomb est le premier navigateur à atteindre cette région en 1498, lors de son troisième voyage ; les Espagnols commencent à coloniser les îles et les régions côtières, en 1520. La première colonie d’importance est celle de Caracas, en 1567. La région est nommée Venezuela (Petite Venise), sans doute en raison des maisons du littoral construites sur pilotis. Jusqu’à l’établissement du vice-royaume de la Nouvelle-Grenade en 1717, le territoire qui correspond aujourd’hui au territoire vénézuélien est divisé entre le vice-royaume du Pérou et l’Audiencia de Santo Domingo. Puis, en 1777, le pays est érigé en capitainerie générale et l’économie de la région se développe, fondée sur les exploitations de café, de cacao, de tabac et de coton, et sur le commerce de ces produits.

5.2L’esprit des lumières : Bolívar et l’indépendance

L’histoire de la guerre d’indépendance contre l’Espagne met en scène deux personnages essentiels : Simón Bolívar et Francisco de Miranda, qui prennent la tête des mouvements indépendantistes. La première insurrection débute en 1809, dirigée par le général Miranda, qui a combattu en Amérique aux côtés de Washington et en France pendant la Révolution. L’indépendance est officiellement proclamée le 5 juillet 1811, mais Miranda est battu et emprisonné jusqu’à sa mort dans une prison de Cadix. Bolívar reprend alors le flambeau. Des années d’affrontements s’ensuivent avant que les forces armées menées par Bolívar libèrent la Colombie en 1829 et fondent la République de Grande-Colombie (comprenant le Venezuela, l’Équateur, le Panamá et la Colombie). La victoire décisive de Carobobo, le 24 juin 1821, assure définitivement l’indépendance du pays.

5.3Le xixe siècle et le début du xxe siècle

Les débuts de l’histoire du Venezuela indépendant sont marqués par des révolutions et des contre-révolutions. De 1830 à 1848, le pouvoir est détenu par les conservateurs, avant de devenir une dictature sous la dynastie des Monagas. Le général José Antonio Páez gouverne pendant dix-huit ans, puis, de 1858 à 1870, le Venezuela est déchiré par une guerre civile. De 1870 à 1888, Antonio Guzmán Blanco dirige le pays de manière autoritaire. Sa politique s’oriente vers une laïcisation de l’État et une modernisation de l’économie. À son gouvernement succèdent plusieurs dictatures militaires, dont celle de Cipriano Castro. En 1902, celui-ci s’oppose à la Grande-Bretagne et à l’Allemagne, qui bloquent les ports vénézuéliens en raison de dettes non remboursées par l’État vénézuélien. Le conflit est réglé par le tribunal de La Haye, qui tranche en faveur des Européens en 1904 ; en juillet 1907, le Venezuela s’acquitte de ses obligations. L’année suivante, Castro est déposé par le général Juan Vicente Gómez, qui conserve le pouvoir de 1908 à 1935. En 1922, sous son régime, débute l’exploitation des gisements de pétrole, découverts dès 1840, qui favorise l’essor économique du pays.

En 1945, après le renversement de la dictature du général Medina Angarita, Rómulo Betancourt, du parti de l’Action démocratique (AD), devient président du Venezuela et instaure un processus démocratique. Une nouvelle Constitution, promulguée en 1947, institue le suffrage universel par bulletin secret. Plus tard, la même année, après la première élection démocratique du Venezuela, l’écrivain Rómulo Gallegos est élu président ; mais il est renversé par une révolte de l’armée.

5.4Le Venezuela à l’époque contemporaine
5.4.1Le partage du pouvoir entre l’AD et le COPEI

En 1952, la junte militaire truque les élections pour faire élire Marcos Pérez Jiménez, qui instaure une nouvelle dictature. Le 11 avril 1953, après trois mois de délibération, l’Assemblée constituante donne son approbation finale à une nouvelle Constitution, promulguée le 15 avril. Le pays, dont le nom officiel est États-Unis du Venezuela depuis 1864, prend alors le nom de république du Venezuela. En janvier 1958, Marcos Pérez Jiménez est renversé par l’armée et remplacé par l’ancien président Betancourt, membre de l’AD, qui mène une politique de réformes et de modernisation de l’agriculture et du secteur industriel. Il doit toutefois faire face à une grave crise sociale qui provoque des émeutes — fomentées à la fois par l’opposition d’extrême droite et par l’extrême gauche vénézuélienne, appuyée par les Cubains — pendant toute l’année 1961. En 1964, un autre membre de l’AD, Raúl Leoni, succède à Rómulo Betancourt. Ne disposant pas de la majorité au Congrès, il forme un gouvernement de coalition.

En décembre 1968, Rafael Caldera Rodríguez, leader du COPEI (Comité d’organisation politique électorale indépendante, un parti démocrate-chrétien fondé en 1946), remporte une étroite victoire électorale sur Leoni et prend la tête du pays en mars 1969. Il réussit à instaurer un régime démocratique après avoir signé un armistice avec les groupes de guérilla du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) et du Parti communiste qui abandonnent la lutte armée. En matière économique, il poursuit une politique de nationalisation des compagnies pétrolières. Le Venezuela adhère à l’OPEP en 1960 et, en 1973, rejoint le Pacte andin en pleine croissance.

En 1974, le pouvoir retourne à l’AD, représenté par Carlos Andrés Pérez ; celui-ci tente d’améliorer les relations avec les pays voisins du Venezuela, mais suit une ligne de plus en plus indépendante à l’égard des États-Unis. Il exprime ouvertement son hostilité envers la dictature du Chili et renoue les relations diplomatiques avec Cuba. Enfin, son programme économique se caractérise par la nationalisation de l’industrie du fer et de l’acier, en 1975, et de l’industrie pétrolière, en 1976.

L’alternance entre l’AD et les démocrates-chrétiens du COPEI permet un partage du pouvoir entre les deux grands partis. Ainsi, l’élection de 1978 est remportée par le COPEI et son candidat à la présidence, Luis Herrera Campins. Les années 1980 sont marquées par une crise économique provoquée par la baisse des exportations de pétrole et le retour de l’AD au pouvoir : Jaime Lusinchi (1984-1989) et de nouveau Carlos Andrés Pérez. En février 1989, l’augmentation brutale des prix à la consommation dans le cadre d’un programme d’austérité et de mesures de rigueur déclenche de vives protestations à Caracas. Ce mécontentement populaire continu à l’égard de la politique du gouvernement s’exprime par un fort taux d’abstentions aux élections locales de 1989. En 1991, la politique extérieure du Venezuela est dominée par la signature, entre les membres du Pacte andin, d’un traité visant à établir un Marché commun andin en 1995.

En 1992, deux tentatives de coup d’État militaire sont réprimées, mais le pouvoir demeure fragilisé. Pérez est suspendu de ses fonctions en mai 1993, après que le Sénat a décidé de le faire passer en jugement pour détournements et abus de fonds publics. En décembre 1993, Rafael Caldera est à nouveau élu à la présidence du pays : il suspend les garanties constitutionnelles dans l’intention d’enrayer la crise financière et économique et de mettre fin à l’agitation sociale.

En juin 1996, le Venezuela signe avec le Fonds monétaire international (FMI) un accord de réajustement économique impliquant la hausse des prix des produits de première nécessité et la privatisation de certaines entreprises comme la Corporación de Guyana, l’un des grands complexes industriels publics du pays. La croissance redémarre en 1997 grâce à la hausse des cours du pétrole et l’inflation se maintient autour de 40 p. 100, toutefois le pays traverse une crise politique majeure et la paupérisation de la population s’accentue.

5.4.2La présidence de Hugo Chávez (1999- )

En décembre 1998, l’ex-colonel Hugo Chávez, auteur du coup d’État manqué de février 1992 et « héros « des défavorisés, remporte largement, avec 56 p. 100 des voix, l’élection présidentielle. Sa coalition, le « Pôle patriotique « (une dizaine de partis de gauche et nationalistes), obtient environ 32 p. 100 des voix lors des élections législatives de novembre 1998. Investi en février 1999, il annonce le début du « processus révolutionnaire démocratique et pacifique « et affirme son intention d’en finir avec la corruption et le « néolibéralisme sauvage «, de redresser l’économie du pays et de « refonder la République «. Malgré l’opposition, qui en dénonce l’illégitimité, les Vénézuéliens approuvent massivement par référendum la convocation d’une Assemblée constituante, chargée de rédiger la charte suprême de la Ve République. Composée à 92 p. 100 de partisans du président, l’Assemblée constituante réorganise le secteur judiciaire et réduit considérablement les pouvoirs du Congrès, où les partis traditionnels — COPEI et AD — sont majoritaires. La « guerre des pouvoirs législatifs « est désamorcée en septembre bien que le Congrès n’ait récupéré qu’une partie de ses pouvoirs. Tandis que des pluies violentes s’abattent sur le pays, faisant environ 50 000 victimes et 400 000 sans-abri, 70 p. 100 des Vénézuéliens approuvent en décembre, contre l’avis de l’épiscopat, la nouvelle Constitution.

En janvier 2000, l’Assemblée constituante est dissoute et des élections générales sont prévues pour le mois de mai. Celles-ci sont reportées par une ordonnance de la Cour suprême en raison de problèmes techniques de vote électronique. Ce report, qui met en cause les membres chavistes du nouveau Conseil national électoral (CNE), s’effectue dans un climat très critique — fortement alimenté par les médias — à l’égard du président Chávez, soupçonné de vouloir accaparer le pouvoir. Celui-ci, qui bénéficie toujours du soutien du peuple vénézuélien, même si sa popularité auprès des classes moyennes s’effrite, est réélu le 30 juillet à la présidence de la République pour un second mandat d’une durée de six ans. Avec 59,7 p. 100 des voix, il précède son rival Francisco Ariaz, qui en recueille 38 p. 100. Cependant, avec 99 sièges sur les 165 que comprend l’Assemblée, il perd la majorité des deux tiers, ce qui le prive du pouvoir constitutionnel de légiférer sans débat et pourrait conduire au blocage de certaines réformes.

Réaffirmant sa volonté de combattre le néolibéralisme et de continuer la « grande révolution sociale et bolivarienne «, Hugo Chávez tente d’instaurer « une démocratie sociale d’économie de marché «. Dans ce but, le Venezuela demande son adhésion au Mercosur, marché commun de l’Amérique du Sud mais, dans le même temps, le pays se montre très réservé quant à l’instauration de la zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) prévue à l’horizon 2005.

La politique de Hugo Chávez, de plus en plus autoritaire, est cependant loin de faire l’unanimité, tandis que l’opposition se consolide et qu’elle touche de nombreux secteurs de la société : des syndicats de travailleurs aux chefs d’entreprise, de l’Église catholique aux médias. L’adoption, au mois de novembre 2001, d’une quarantaine de décrets-lois concernant en particulier les domaines épineux de la réforme agraire et de l’industrie pétrolière, porte à son paroxysme la contestation antigouvernementale. Le 10 décembre, notamment, la grève nationale lancée par la Fedecamaras, la fédération patronale, parvient à paralyser totalement le pays ; massivement soutenue par les syndicats de travailleurs — dont la puissante Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV), opposée à Chávez —, elle bénéficie aussi de l’appui de la Coordination démocratique, qui rassemble une vingtaine de partis de droite comme de gauche, et diverses organisations civiles.

Le limogeage de hauts responsables de la société publique des pétroles (PDVSA) provoque de nouvelles manifestations d’opposition au régime qui dégénèrent, le 11 avril 2002, en violents affrontements, faisant au moins dix victimes et une centaine de blessés parmi les manifestants. Dans la nuit du 11 au 12 avril, le président Chávez est destitué, le Parlement suspendu, et le président de la Fedecamaras, Pedro Carmona, leader de la junte civilo-militaire, proclamé président par intérim. Bénéficiant du soutien d’une partie de l’armée, Hugo Chávez est réinstallé à la tête de l’État dès le 14 avril, et lance un appel à la réconciliation nationale.

Mais l’opposition, même si elle reprend la voie démocratique, poursuit avec détermination sa lutte contre le régime du président Chávez. Le 2 décembre, elle lance une grève générale illimitée qui paralyse le secteur pétrolier, principal moteur du pays ; les manifestations se déroulent dans un climat de violences exacerbées — plusieurs manifestants sont tués lors de fusillades aux circonstances troubles. La grève générale prend fin deux mois plus tard, alors que l’opposition connaît des divisions et que les tentatives de médiation internationale entre le gouvernement et l’opposition se multiplient afin de trouver une issue électorale à la crise politique, en particulier sous l’égide de l’Organisation des États américains (OEA) et du Groupe des amis du Venezuela qui réunit, sur l’initiative du président brésilien Luis Inacio Lula da Silva, le Brésil, les États-Unis, le Chili, le Mexique, l’Espagne et le Portugal. L’opposition s’oriente dès lors vers une campagne de pétitions visant à la démission du président par l’organisation d’un référendum consultatif. Cette campagne aboutit le 15 août 2004 à la tenue d’un référendum « révocatoire « visant à mettre fin au mandat du chef de l’État (une procédure prévue par la Constitution bolivarienne de 1999). Dans un climat politique polarisé entre partisans de Hugo Chávez, confiants dans le modèle alternatif qu’il incarne, et anti-chavistes, qui l’accusent de vouloir instaurer un régime dictatorial « à la cubaine «, cette consultation conforte Hugo Chávez au pouvoir, le « non « à sa destitution recueillant 59,25 p. 100 des suffrages (avec une participation de près de 70 p. 100). Cette victoire est confirmée par les observateurs internationaux tandis que l’opposition dénonce une fraude massive. En décembre 2005, les élections législatives boycottées par les partis d’opposition sont marquées par une abstention de 75 p. 100. Dans ce contexte, tous les sièges de l’Assemblée nationale sont remportés par la majorité chaviste.

Réélu triomphalement en décembre 2006, avec 62,8 p. 100 des voix, Hugo Chávez renforce la centralisation en remaniant son gouvernement et en appelant à la création d’un parti unique. Afin de conduire la « révolution socialiste «, qui passe notamment par la nationalisation des secteurs de l’énergie, des télécommunications et du pétrole, Hugo Chávez est investi par le Parlement des pleins pouvoirs pour dix-huit mois à l’unanimité en janvier 2007, une semaine après son investiture, ce qui l’autorise à légiférer par décrets.

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