Vénézuela (1998-1999): Le "typhon Chavez" au pouvoir
Publié le 30/09/2020
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Vénézuela (1998-1999): Le "typhon Chavez" au pouvoir
Les derniers mois de 1998 ont été particulièrement sombres pour Rafael Caldera.
La fin du second mandat présidentiel du fondateur de la démocratie chrétienne au
Vénézuela a été "plombée" par l'effondrement de l'économie du pays, conséquence
directe de la chute des prix du baril de pétrole, pointés à leur niveau le plus
bas depuis vingt-cinq ans.
Sur le plan politique, le dernier combat de R.
Caldera s'est soldé par un cuisant échec : il n'a pu contrer la candidature à
l'élection présidentielle, le 6 décembre 1998, de l'ex-lieutenant-colonel Hugo
Chavez, porté au pouvoir par près de 60 % de ses compatriotes (premier militaire
jamais élu à la présidence de la République).
Un score d'autant plus étonnant
que, pour la première fois en quarante ans, le scrutin n'a pas été entaché des
fraudes électorales généralement en usage.
Le "typhon Chavez" a, de fait, tout
balayé sur son passage : aussi bien les deux partis traditionnels, l'Action
démocratique (sociaux-démocrates) et le COPEI (Comité d'organisation politique
indépendant; démocrates chrétiens) qui, en novembre, avaient retiré à la hâte
leurs candidats à la présidentielle, laminés dans les sondages, cependant que
les autres outsiders, qui surfaient comme H.
Chavez sur la vague "anti-parti et
anti-corruption", l'ultra-libéral Enrique Salas Römer et l'ancienne miss Univers
Irene Saez, coulaient également à pic.
A peine investi chef de l'État, début février 1999, "el comandante", comme le
surnomment ses proches, a rayé d'un trait de plume les institutions qui avaient
régi la démocratie "corrompue" du pays depuis 1958, date de la chute du dernier
dictateur Marco Perez Jimenez.
Il a décrété "moribonde" la Constitution en
vigueur et appelé les électeurs à un référendum, le 25 avril 1999, qu'il
remporta avec plus de 90 % des suffrages exprimés, malgré une abstention très
élevée.
Cela entérina la réunion d'une Assemblée constituante dont les 100
membres prévus rédigeraient, dans les six mois, une nouvelle Loi fondamentale.
Celle-ci aurait pour vocation, entre autres, de réformer de fond en comble le
clientélisme politique, d'autoriser la réélection immédiate du chef de l'État et
d'instaurer un quatrième pouvoir, le "pouvoir moral", destiné à défendre la
notion de citoyenneté.
Les membres de l'Assemblée constituante ont été désignés
le 25 juillet 1999: 119 sièges (soit 90 %) ont été attribués à des candidats
soutenus par H.
Chavez qui enregistrait ainsi sa troisième victoire électorale.
Dans le même temps, l'ancien officier parachutiste putschiste - il avait tenté
un coup d'État le 2 février 1992, ce qui lui avait valu d'être formellement
radié de la liste des cadres de l'armée - a gracié et réintégré dans les forces
armées les soldats et les officiers qui l'avaient soutenu lors de son
pronunciamento avorté.
Enfin, près de 300 officiers supérieurs, d'active ou à la
retraite, ont été nommés à des postes clés de l'État ou de la fonction publique.
En février 1999, le nouveau chef de l'État a augmenté le salaire minimal de 20
%, sollicité une restructuration de la dette extérieure (35,5 milliards de
dollars qui dévorent 40 % du budget) et fait incarcérer, début mars, des chefs
policiers de province qui avaient fait réprimer trop durement des manifestations
d'étudiants, entraînant la mort de l'un d'entre eux.
Populiste et nationaliste,
le jeune président - âgé seulement de 43 ans - refusait, dans le même esprit, de
faire déloger par la force les milliers de Vénézuéliens, parmi les plus pauvres,.
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