Veillée de NoëlLe 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfantsdu docteur Stahlbaum.
Publié le 23/05/2020
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Veillée de Noël
Le 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfants
du docteur Stahlbaum.
Fritz et Marie étaient assis, pelotonnés l'un contre l’autre, dans un coin de la
chambre du fond.
Ils essayaient de deviner ce que leur parrain Drosselmeier leur donneraient cette
année.A l'occasion de Noël, il s'appliquait de son mieux pour confectionner un chef d' œ uvre , si précieux
que les parents s'arrangeaient toujours pour le ranger hors de portée des enfants.
Papa et maman
apparurent à la porte, prirent les enfants par la main et leur dirent :
- Venez, venez, chers petits.
Venez voir ce que vous a apporté le petit Jésus.
Il faut croire que les enfants avaient été particulièrement sages cette année car jamais auparavant
ils n'avaient reçu autant de splendides cadeaux.
Marie découvrit les plus belles poupées et toutes sortes
de petits ustensiles flambant neufs.
Pendant ce temps-là, Fritz avait déjà fait trois ou quatre fois le tour de
la table sur son nouveau cheval, qu'il avait trouvé attaché par la bride Puis il passa en revue ses
hussards, montés sur des chevaux si blancs qu'ils semblaient, eux aussi, être en argent.
Marie venait de remarquer quelque chose qui lui avait échappé jusqu'alors, un joli petit bonhomme
apparut aux yeux de tous.
Il se tenait tout droit, sagement, comme s'il attendait tranquillement son tour.
On aurait pu le croire bizarrement proportionné : son buste était trop long et corpulent pour ses jambes
courtes et maigrelettes, et sa tête beaucoup trop grosse par rapport au reste de sa personne.
Il portait
une veste de hussard violet chatoyant à la coupe irréprochable, ornée de galons et de boutons blancs, un
pantalon assorti et les plus jolies bottes qu'un étudiant ou même un officier eût jamais portées.
La petite
fille l'aima au premier coup d' œ il , et plus elle contemplait le charmant petit personnage, plus elle était
enchantée par son air de bonté.
Ses yeux vert clair, quelque peu proéminents, respiraient eux aussi la
gentillesse, et sa barbiche de coton blanc, soigneusement peignée, était des plus avenantes et faisait
ressortir le doux sourire de sa bouche.
« Oh, papa chéri ! s'exclama Marie.
A qui appartient l'adorable petit bonhomme ?
- Ma chère petite, répondit le docteur Stahlbaum, notre ami ici présent se mettra à votre service à tous :
c'est lui qui croquera pour vous les noisettes trop dures, et il appartient aussi bien à Fritz qu'à toi .
»
Marie prit le petit personnage et lui donna des noisettes à croquer.
Il semblait enchanté de le faire,
car il ne cessait de sourire le plus gracieusement du monde.Cependant, Fritz se lassa de chevaucher
avec ses soldats et de les faire man œ uvrer .
Au bruit des noisettes brisées, il se précipita vers sa s œ ur et
rit de tout son c œ ur à la vue du plaisant petit bonhomme, ce qui lui donna soudain envie de manger, lui
aussi, des noisettes.
Casse-Noisettes passa d'une main à l'autre, ouvrant et fermant la bouche
inlassablement.
Fritz choisissait toujours les noisettes les plus grosses et les plus dures, quand tout à
coup trois petites dents tombèrent de la bouche de Casse-Noisettes et sa mâchoire inférieure se mit à
trembloter.
« Oh, mon pauvre Casse-Noisettes s'écria Marie en l'arrachant des mains de Fritz.
- Ce n'est qu'un pauvre imbécile constata Fritz.
Ça se dit Casse-Noisettes avec d'aussi mauvaises dents!
Si tu veux mon avis, il ne connaît même pas son métier.
Donne-le-moi, Marie ! Il va me casser des
noisettes, dût-il en perdre toutes les dents qui lui restent et s'en déboîter la mâchoire ! Qu'a-t-on à faire
d'un bon à rien pareil ?
- Non, non ! sanglota Marie, c'est mon petit Casse-Noisettes, tu ne l'auras pas ! Regarde comme il a l'air
triste et me montre sa petite bouche tout endolorie.
Tu n'es qu'un sauvage sans c œ ur , tu bats tes
chevaux et tu es même allé jusqu'à tuer un de tes soldats !
En entrant dans le salon des Stahlbaum, il y a, le long du mur de gauche, une grande armoire
vitrée dans laquelle les enfants rangent tous les beaux cadeaux qu'ils reçoivent chaque année.
Marie avait gardé dans ses bras son petit blessé, toujours emmailloté dans son mouchoir.
Dès
qu’elle se trouva seule, elle le posa alors précautionneusement sur la table, défit délicatement le
mouchoir et examina les blessures.
Casse-Noisettes était très pâle, mais il jeta à Marie un regard à la fois
triste et tendre qui lui alla droit au c œ ur ..
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