Utopie et dystopie (Rabelais)Chapitre LV (55) : Comment était bâti le manoir des ThélémitesDans ce chapitre, Rabelais décrit minutieusement le manoir dans lequel vivent les Thélémites.

« Utopie et dystopie (Rabelais) Chapitre LV (55) : Comment était bâti le manoir des Thélémites Dans ce chapitre, Rabelais décrit minutieusement le manoir dans lequel vivent les Thélémites.

La première description que l’on nous donne est celle de la cour intérieure.

L’attention du visiteur (donc du lecteur) est directement attirée sur une fontaine qui est placée au milieu de cette cour.

Il faut savoir que les fontaines à motifs mythologiques sont des ornements typiques de la Renaissance.

Rabelais parle également de piscine à trois étages et d’une rivière qui se trouve autour du jardin.

Rabelais énumère sans prendre la peine de décrire correctement les choses afin d’être sûr que le lecteur ne sera pas perdu par la montagne d’informations qu’il lui donne.

Le fait qu’il énumère beaucoup de chose contenant de l’eau (rivière, fontaine, piscines) provoque une accumulation.

Toutes ces choses montrent la diversité de ce que l’on peut trouver à Thélème.

Durant cette description, Rabelais utilise beaucoup de termes comme « Au milieu, au-dedans, entre les deux premières tours, un peu plus loin, etc.

» ce qui embrouille plus le lecteur qu’autre chose alors que le but de Rabelais était de permettre au lecteur de se faire une image assez précise de ce manoir.

Il passe du dedans au dehors du manoir sans le préciser, il parle de tours alors que nous ne savons pas desquelles il est en train de parler, les salles et les galeries sont confondues, bref rien n’est très clair dans la description et notre sens de l’orientation est complètement déboussolé.

Lorsque Rabelais décrit l’intérieur du manoir, il indique que les galeries sont ornées de peintures, de cornes de cerfs, licornes, rhinocéros, hippopotames, dents d’éléphants, etc.

ce qui transforme en quelque sorte le manoir des Thélémites en musée de la chasse.

Mais Rabelais n’oublie pas de nous mettre en garde sur le fait que Thélème est un mythe car par exemple un hippopotame n’a pas de corne et les licornes sont un mythe.

Pendant toute la première partie de la description, on aurait pu croire que Thélème était un lieu réel mais à ce moment-là, en nous donnant des détails précis, on comprend que l’on se trouve dans l’imaginaire.

Rabelais exagère tellement la beauté de Thélème qu’il la rend invraisemblable.

I l utilise le mot « beau » presque pour tout ce qu’il décrit : il parle d’un beau jardin, d’un beau labyrinthe, etc.

Du coup le mot « beau » y perd sa valeur, chaque objet décrit comme beau est en fait égal aux autres.

Il n’y en a pas un qui se démarque des autres, ce qui rend le tout fade, sans vie.

A cela vient s’ajouter le fait que les adjectifs « tout » et « chacun » sont également très présents dans le texte.

Lorsqu’il parle du jardin, il parle de « tous les arbres fruitiers », lorsqu’il parle de la fauconnerie , il parle de « toutes sortes d’oiseaux », en décrivant les chambres, il dit que « chacune est pourvue d ’un miroir de cristal », etc.

Et tout cela entraîne une monotonie, qui enlève un peu à Thélème son r ôle d’abbaye modèle, utopique et qui l ’envoie plut ôt du côté dystopique.. »