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Usbek à Rhédi - Lettres 106 - Montesquieu - Les Lettres Persanes

Publié le 09/12/2021

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Usbek s'oppose aux allégations de son ami Rhédi, en lui montrant que les arts entretiennent le goût du travail dans un pays, et contribuent donc à sa puissance. Tous travaillent pour gagner de l'argent et créent ainsi des richesses. Si l'on se contentait de fabriquer le nécessaire, l'État serait totalement affaibli; les rapports humains et économiques s'étioleraient, et tous vivraient misérables et isolés. Ce sont les arts qui créent le plus de valeurs, ils sont donc le soutien de la puissance d'un prince. ANALYSE A partir d'un argument de Rhédi : les arts amollissent les peuples, Usbek construit sa lettre comme une démonstration du contraire. 1er temps : il le nie de façon empirique L'expérience historique prouve que cet argument ne suffit pas à expliquer la chute d'un empire. 2e temps : il procède par élimination a) Les artisans eux-mêmes ne peuvent sombrer dans la mollesse puisqu'ils l'évitent en travaillant. b) Ceux-là mêmes qui profitent d'un art en exercent un autre. L'argument est d'ores et déjà réfuté. 3e temps : explication a) La vie facile et luxueuse des uns suppose le travail acharné des autres qui y trouvent leur compte. b) L'orgueil de chacun le pousse à concurrencer l'autre en richesses et donc à faire la course au travail. L'argument est réfuté une seconde fois. 4e temps : preuve par l'absurde Si un peuple se contentait du strict nécessaire, les richesses créées seraient presque nulles et ne pourraient entretenir le prince et tous les habitants d'un pays. Se temps : reprise et conclusion Comme ce sont les artisans qui créent les plus grandes richesses, le prince à tout intérêt à laisser ses sujets fabriquer les objets de luxe dont ils ont envie.

« Usbek s'oppose aux allégations de son ami Rhédi, en lui montrant que les arts entretiennent le goût du travail dansun pays, et contribuent donc à sa puissance.

Tous travaillent pour gagner de l'argent et créent ainsi des richesses.Si l'on se contentait de fabriquer le nécessaire, l'État serait totalement affaibli; les rapports humains et économiquess'étioleraient, et tous vivraient misérables et isolés.

Ce sont les arts qui créent le plus de valeurs, ils sont donc lesoutien de la puissance d'un prince. ANALYSE A partir d'un argument de Rhédi : les arts amollissent les peuples, Usbek construit sa lettre comme unedémonstration du contraire. 1er temps : il le nie de façon empiriqueL'expérience historique prouve que cet argument ne suffit pas à expliquer la chute d'un empire. 2e temps : il procède par éliminationa) Les artisans eux-mêmes ne peuvent sombrer dans la mollesse puisqu'ils l'évitent en travaillant.b) Ceux-là mêmes qui profitent d'un art en exercent un autre.

L'argument est d'ores et déjà réfuté. 3e temps : explicationa) La vie facile et luxueuse des uns suppose le travail acharné des autres qui y trouvent leur compte.b) L'orgueil de chacun le pousse à concurrencer l'autre en richesses et donc à faire la course au travail.L'argument est réfuté une seconde fois. 4e temps : preuve par l'absurdeSi un peuple se contentait du strict nécessaire, les richesses créées seraient presque nulles et ne pourraiententretenir le prince et tous les habitants d'un pays.Se temps : reprise et conclusionComme ce sont les artisans qui créent les plus grandes richesses, le prince à tout intérêt à laisser ses sujetsfabriquer les objets de luxe dont ils ont envie. COMMENTAIRE La dernière phrase du texte exprime en conclusion l'idée maîtresse du développement.

C'est elle qu'il convient doncde commenter. Au terme de sa démonstration, Montesquieu déclare par la bouche d'Usbek : « ...Pour qu'un prince soit puissant, ilfaut que ses sujets vivent dans les délices : il faut qu'il travaille à leur procurer toutes sortes de superfluités, avecautant d'attention que les nécessités de la vie.

» Cette phrase exprime fort bien la vision qu'avaient les philosophesdu XVIIIe siècle de l'État et de l'économie moderne.

Elle évoque même assez bien certains principes économiques quirégissent encore notre vie.

Il est donc intéressant de se demander quelles résonances l'idée de Montesquieu atrouvées en son temps et trouve encore dans le nôtre. I.

- LES RAISONS DE LA RECHERCHE DU LUXE Si Montesquieu donne des justifications économiques à la recherche du luxe — c'est bien ainsi qu'il faut comprendrele terme « arts » —, il ne nous 'explique pas pourquoi les hommes le désirent.

Au-delà d'une simple frivolité qui peuts'attacher à tout ce qui brille, nous trouvons un sentiment plus profond.

L'homme est celui qui ne se contente pasdu nécessaire, qui peut même y renoncer en faveur du superflu.

Que sa vie quotidienne soit pourvue de beauté,voilà qui est pour lui plus important peut-être que de satisfaire ses besoins, dans la mesure cependant où il nerisque pas d'y succomber.

Parlant de la valeur du feu pour l'homme, Gaston Bachelard, dans son ouvrage : LaPsychanalyse du feu, écrit : « La conquête du superflu donne une exaltation spirituelle plus grande que la conquêtedu nécessaire.

L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.

» Si nous partageons cettemanière de comprendre le luxe, nous nous expliquons facilement que les hommes attachent tant d'importance à leposséder.Mais, dans nos civilisations tout au moins, le luxe tient une autre place, essentiellement sociale cette fois.Montesquieu l'évoque de deux manières au cours de ce texte : c'est la « passion de s'enrichir », c'est aussi lecaprice d'une femme qui « s'est mis dans la tête qu'elle devait paraître à une assemblée avec une certaine parure.

»Cette coquetterie n'a rien d'original, mais elle dénote avant tout le désir de tenir son rang, d'affirmer une certainesituation sociale.

Rien ne nous permet de penser, en effet, qu'une tenue extrêmement recherchée et de richesbijoux rendent toujours plus belle celle qui les porte.

Mais ils sont les insignes de son rang dans la société.

Notresociété contemporaine l'a si bien compris qu'elle en a tiré ses « études de marché ».

Une fabrique d'automobilesenvoie des représentants chez des personnes d'une catégorie sociale bien définie à l'avance.

Par exemple, unreprésentant de la firme « Mercedes » ne se rendra pas dans un quartier ouvrier pour des raisons bien évidentes ;mais il ne s'adressera guère non plus à de jeunes artistes même millionnaires • car ceux-ci choisissent plutôt desvoitures de sport.

Ils ne sont pas tous pour autant des pilotes hors-pair, mais cela fait partie de leur train de vie,nous disons aujourd'hui de leur « standing ».Ainsi Montesquieu a voulu étudier surtout la valeur sociale du luxe et ses conséquences économiques.

Mais cettequestion a beaucoup intéressé et même passionné les hommes du XVIIIe siècle, et il serait intéressant de confronterleurs opinions.. »

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