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Une éducation sans contrainte est-elle possible ?

Publié le 16/05/2020

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« Demande d'échange de corrigé de BAUD Anaïs ( [email protected] ). Sujet déposé : Une éducation sans contrainte est-elle possible ? Intro: La pédagogie, moderne en particulier, associe la liberté de l'individu à l'absence de contraintes.

Le parent ou le maître doivent laissers'exprimer les tendances spontanées de l'enfant à éduquer, afin qu'il trouve par lui-même son chemin et sa place parmi les autres.Mais de même qu'on ne peut penser sans méthode, on ne peut pas être éduqué ni s'éduquer soi-même sans contrainte, qu'on lacomprenne comme exercice nécessaire, ou comme obligation impérative.

Jusqu'ou et pour quelles raisons le recours à la contraintereste-t-il alors légitime? Ou passe la frontière qui sépare la pensée et la conduite sous la tutelle d'autrui, d'un comportement et d'unraisonnement autonomes et responsables? I - Il n'y a pas d'éducation digne de ce nom sans contrainte: a.

Toute formation du corps et de l'esprit requiert une discipline élémentaire.

Que ce soit pour former son corps par le sport, ou sonesprit par la recherche du vrai et du bien, l'homme a besoin de se fixer des règles ou des normes à respecter: éviter la précipitation etles préjugés, fuir l'égoïsme et l'arrogance.

En ce sens, aucune éducation n'est exempte de contraintes.

Celles-ci désignent donc lacondition et le moyen d'une véritable éducation. b.

La difficulté de la recherche du vrai et du bien.

Toute la tradition philosophique montre en effet combien il est douloureux, au moinsau départ, de se mettre en quête du vrai et du bien.

Le mythe de la caverne raconté par Platon explique ainsi qu'après une pénibleremontée vers la lumière du soleil, le philosophe va devoir retourner chercher les autres hommes enchaînés à leurs opinions et à leurspréjugés, dans le fond sombre de la caverne.

Or la plupart de ces hommes se montreront incapables de renoncer à leurs chaînes.Sans l'acte symbolique d'arrachement à ces liens, leur éducation à la vérité est vouée à l'échec. c.

La contrainte comme condition de la liberté.

Enfin, la contrainte désigne la borne imposée à tout individu supposé libre etresponsable.

Respecter les limitations de vitesse et payer ses impôts sont des moyens d'éduquer le civisme, au moins extérieur, dechaque citoyen.

Kant explique à ce titre que la simple apparence de vertu, suffit à éduquer graduellement les hommes à la moralité.Car à force de voir les autres se comporter de façon morale, on fera de même et on entraînera à son tour autrui, et ainsi de suite.C'est en quoi l'apparence de vertu peut finir par mener à la vertu véritable, qui n'agit plus seulement conformément à la loi, mais paracceptation réfléchie et respect pour elle.

C'est le passage de la simple contrainte à l'obligation, donc de l'éducation reçue à la véritableautonomie. II - L'éducation doit éveiller et susciter l'autonomie.

Elle entraîne donc des obligations mais non des contraintes àproprement parler. a.

D'abord inculquée de l'extérieur, l'éducation doit devenir une discipline de soi par soi.

Chez Descartes, le doute radical permet desouligner l'opposition entre une éducation seulement reçue de l'extérieur par ses parents, nourrices et précepteurs, et une éducationassumée et revendiquée de l'intérieur par le sujet raisonnable.

Car ce qui change, ce n'est pas tant le contenu des connaissances quele rapport à elles: elles précèdent le jugement dans le premier cas, elles sont examinées et critiquées par une raison éduquée dans lesecond.

La condition nécessaire, de toute éducation personnelle est donc cette volontaire remise en question de tout ce qui estsimplement reçu. b.

L'éducation ne se définit pas par un contenu mais par une attitude, et comme une exigence.

Le sujet rationnel ayent le "courage" de"penser par lui-même" s'éduque donc comme un homme en s'imposant à lui-même les principes et les valeurs nécessaires quidéfinissent son humanité: l'honnêteté intellectuelle, le respect de la morale et d'autrui, etc.

De ce point de vue, une éducation qui seramènerait à l'imposition autoritaire de pures contraintes serait vouée à l'échec: on n'éduque pas par des brimades et des sanctionsperpétuelles puisque cela finit par étouffer l'enfant ou susciter sa révolte.

D'ou la nécessité d'une vraie pédagogie. c.

L'éducation comme création autonome de ses propres valeurs.

Contre la revendication de valeurs absolues identiques pour tous,donc abstraites, certains penseurs défendent l'idée d'une création personnelle d'aptitudes et de normes.

L'éducation philosophique nevise pas à imposer à chacun les mêmes valeurs, mais à créer les siennes propres dans le mesure du moins ou elles ne portent pasatteinte à la liberté et à la dignité d'autrui.

Mais on ne rejette que ce que l'on remplace.

Cette recherche autonome de valeurspersonnelles est donc la clef de la liberté. Conclusion: Une éducation sans contrainte est donc non seulement impossible mais illégitime et dangereuse.

Elle est impossible, parce que aucunediscipline ne peut faire l'économie de règles propres à assurer le développement équilibré de la personnalité, le respect d'autrui etl'accès à l'autonomie.

Elle est illégitime, parce qu'il est de la nature de l'homme de se fixer des bornes dont il comprend la nécessité,pour le bien commun et pour le sien propre.

Enfin elle est dangereuse par ce qu'elle peut donner à l'enfant l'idée que tout lui est dû etqu'il peut tout exiger des autres voire chercher à les tyranniser.

La difficulté est de trouver le bon équilibre entre l'éducation quicontraint, domine et réprime et celle qui laisse libre cours à la spontanéité anarchique des instincts sans préparer l'enfant à la vieadulte et à l'autonomie. Sujet désiré en échange : Faut-il aimer la vérité?. »

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