Une ballade au coeur de choses
Publié le 24/03/2024
Extrait du document
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UNE BALADE AU CŒUR DES « CHOSES »
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Une balade au cœur des « choses »
Du même auteur :
« Prive de liberté, la marge en avant de la civilisation »
« Une approche écologique de la destinée des hommes : l’espace intercritique »
« Mai 2017, le programme de la majorité silencieuse »
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L’appel de l’eau ..................................................................
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L’écume ..............................................................................
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D’en haut, l’oiseau imagine ..............................................
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Le phénomène vivant ........................................................
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La vie mentale ..................................................................
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L’illusion ..........................................................................
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La bifurcation ...................................................................
33
Le retour ...........................................................................
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La langue des nuages ........................................................
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Le voyage d’un agneau .....................................................
50
L’Humanité .......................................................................
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Une petite idée simple et claire .........................................
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La quête ............................................................................
68
Epilogue ............................................................................
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Une balade au cœur des « choses »
L’appel de l’eau
Comment commence une balade au cœur des choses ?
Elle ne part surement pas de l’exceptionnel, qu’elle fuit peutêtre, mais s’achemine doucement là où commence le commun, le si souvent vu qu’il en devient lourd d’absence.
L’ordinaire est ce lieu idéal où peut éclore l’intention farouche et
absolue de lire et percer les secrets de l’univers.
Cette promenade essentielle refuse aussi les mandalas entêtant de ce
début de siècle.
Elle s’oriente, par hasard, sur les chemins de
la fortune qu’une soirée en demi-songes peut aménager.
Sous le ciel étoilé de la rêverie, par une belle soirée d’été,
l’infinité, presque évidente, appelle cette balade.
Intuitivement alors les mots et les idées s’organisent et viennent
presque naturellement à l’esprit.
C’est par une nuit, allongé sous l’aspiration irrésistible
de la voûte des songes, que la musique d’une petite rivière
non loin, m’interrompt.
Ses trémolos animent le fond de
l’air, y organisent des vibrations périodiques qui caressent
délicatement mes tympans.
Chacune de mes certitudes du
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point du jour, simples et claires s’estompent, s’effacent.
Ce
fil d’eau orchestre l’âme du monde.
Cette douce mélodie
m’incite, m’attire dans un tourbillon confus vers le néant de
la conscience.
C’est une invitation à me promener où renaissent les choses, une transmission étrange de pensées brutes.
La rivière coule semble-t-il à petite allure, sans empressement, au rythme des feuilles qui tombent.
Goutte à goutte,
on peut la suivre de l’oreille et subodorer tourbillons impromptus, plages de galets, algues ondulantes ou autres remous vaillants.
Elle serpente surement, pour éviter les
saillances imprévues.
Je me souviens dès lors l’entendre
conter à mon oreille, dans l’obscure torpeur du sommeil
naissant, d’insaisissables mystères.
A l’heure où les oiseaux discourent sans fin comme
pour appeler les nouveautés du jour naissant d’un rêve improbable, qu’il est doux d’ouïr l’onde clapoter et dessiner
maints songes possibles.
Elle part en voyage.
On ne sait
où, mais une impérieuse urgence l’y pousse.
Il ne pourrait en
être autrement.
Mes idées la suivent alors, s’éveillent progressivement avec elle, dessillent l’œil intérieur.
Le milieu
aquatique s’amuse joyeusement dans de torrent de la multitude et de l’imprévisibilité.
L’eau, chair éternelle et immuable, absorbe énigmatiquement tout sur son chemin, sans
perdre la cohérence de son matin.
Elle coule, coule toujours.
Et si le hasard d'un obstacle rencontré, ça où là sur le plancher terreux, l’oblige à se défaire un court instant, aussitôt,
sans envie particulière, elle change simplement de direction,
se divise, se contorsionne pour trouver layons plus heureux.
Sans connaître sa route, sans prévenir de sa destinée, elle
s’aventure.
Ici filin ou bras minuscule, en deçà adagio ou
grondement terrifiant, céans sifflement ou bouillonnement
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Une balade au cœur des « choses »
fécond, plus loin chenal au courant plus intense, ailleurs turbulence soudaine ou encore saut quantique.
Elle coule.
J’imagine que sa route au-devant de l’horizon ne sera certes
pas linéaire, mais qu’au grès des vents soufflés par je ne sais
quel orient, hésitera d’un côté, de l’autre, pour continuer plus
loin.
Pour l’heure, rien ne me dit quelle exhortation extraordinaire la pousse irrésistiblement à toujours poursuivre son
écoulement devant l’adversité, quelle pesanteur étrange
l’entraîne et l’attire constamment dans son avancée.
Peutêtre, sont-ce les eaux d’hier, d’avant-hier ou d’un siècle plus
tôt, habiles à instiller en ces endroits, les sources potentielles
de ses variations.
Tu coules où tu coulais, rivière, et tes remous ressemblent sans doute à tes agitations antiques.
Ta
fièvre à fouir l’inaccessible nature, à poursuivre plus longuement ton chemin n’a jamais cessé et tes mouvements revendiquent les mêmes sentiers.
Ce faisant tu forgeais là aussi,
l’indescriptible discipline cicérone de tantôt.
Tels des trous
noirs mis au-devant de ses flots, elles infléchissent ton parcours pour l’éternité.
A y repenser, je retrouve, aussi, au fond
de ma mémoire ces choix du passé, ces guides pleuvant encore sur l’instant.
Le flot insondable des expériences mortes
s’écoulant dans le lit de ma rivière, dessine toujours mes repères, ces tyrans qui me précèdent sur la route.
Tels des chevaux enragés devant les charrues fécondes, ils façonnent les
sillons étrécis et insanes de ma liberté.
Peut-être sont-ce les eaux futures, celles de bientôt, de
demain l’incitant probablement sans retour à continuer, contourner, sinuer.
L’eau qui passe me parle aussi de la pression
hydraulique et des vagues tisserandes à venir.
Nonobstant,
rien ne peut empêcher son voyage involontaire.
Elle coule et
prolongera bien longtemps encore sa balade au cœur des
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choses, sous le ciel étoilé de ma voie rêvée.
Dans ce monde
en désintégration, je m’accroche encore à ces repères
simples et clairs.
Au cours de ses pérégrinations, elle fouille parfois, secrètement les sillons du doute, elle sonde alors l’inaccessible, excave les terres meubles ou sédimentées au fond.
Tant d’obstacles ne caressent jamais la surface, pour rester
dans les profondeurs abstruses.
A cette minute, je perçois le
son de ses rencontres souterraines.
De ces entrelacs, l’écoute
matinale ne me dit simplement rien, de simple ou de clair.
Les ténèbres d’en bas me sont inabordables encore, sous la
lumière du point du jour.
L’univers des mornes profondeurs,
dessine sans doute des motifs énigmatiques sur l’autre face,
d’en haut et ouvre la porte sur le monde fantasmé de mon
imagination.
Chaque pli, chaque ride, chaque saillance de la
surface est l’interprète des monstres là-bas rencontrés.
Mais
l’eau coule et résiste à me révéler ses arcanes.
Dans son paysage sans ordre, pourtant, une pesanteur
irréductible l’oblige et devant le cycle de l’astre du jour, elle
sait qu'elle ne pourra s’envoler que vers le bas.
Toutes les
raisons de son écoulement, telles des flèches filantes dans le
ciel de l’entendement, y pointent systématiquement.
La gravité est son ultime maitresse.
Parfois, pourtant, bien décidée,
impertinente, prise d’un entêtement exalté, elle essaiera à
maintes reprises, au cœur de tourbillons naissant ou de toutes
autres monstruosités dans son flux continu, d’aller contre
tout, à rebours, vers les revers des amonts improbables pour
rencontrer des âmes anciennes.
Au cœur de ces vortex, discrets contre chants, elle lance toutes ses unités dans la tourmente.
Ainsi, crépitent ces moments fugitifs et périodiques
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Une balade au cœur des « choses »
où l’eau prise de spin, change de direction : tantôt vers le sud
tantôt vers le nord.
Au cœur de ces pièges rotationnels, les
astres aquilins tournoyant, enfantent d’un axe immatériel alignant les tréfonds et le soleil.
Leurs aspirations descendent
au cœur de l’aven pour y diagnostiquer, peut-être, les causes
mêmes de leur être.
Et au même instant, s’ouvre, sur le firmament, la porte de l’horizon, cet œil qui sonde l’espace
profond à la recherche des causes mêmes de leur être.
La
rivière tourne et retourne alors et renverse l'ordre établi, ouvrant les secrets d'ambigus chaos propices à l'innovation
nourricière.
Etreinte par cette régularité accablante, elle se
targue, comme dans une ultime bravade au destin, de produire une infinie diversité de formes et de géométries.
Sans
inquiétude ni intérêt pour son devenir, elle défie ainsi la gravitation.
Dans ce bain primordial, les symétries du monde ne
sont plus respectées et de ces pusillanimes pulsations, infimes variations, s’élaborent les nuances du possible.
Dans
cet athanor matriciel, la vie naît.
Dans ma tête, son hologramme mental ainsi inspiré fleurit de couleurs neuves et sublimes, jamais observées dans cette contrée.
Au cœur de
cette expérience télépathique, je m’enfonce dans ces interstices en apesanteur, le long des fils de lumière tendus par les
anges.
L’homme endormi au seuil de nouvelles portes, est
seul capable de décrypter la cohue de ces signes, d’accéder
à leur mystère.
Le champ de mes pensées interagissant avec
l’onde, s’étire entre ces deux pôles extrêmes et s’étale au
sein de structures exponentielles.
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L’écume
Dans une symétrie incompréhensible, au verso, sur la
surface brillante de l’eau, évanescente et subtile, l’écume
sporadique file son même parcours fortuit.
Engendrée au
creux de quelques remous, elle répond aux mêmes agents,
gènes, ou chromosomes écrivains de la rivière, de son infinie
et inexplicable diversité.
Sa route horizontale ne sera probablement pas linéaire, mais au grès des vents soufflés par je
ne sais quel orient, se multipliera, explosera en un feu d’artifice scintillant sans cesser de progresser toujours plus loin.
Comme en communisation extrasensorielle, elle m’absorbe
et m’invite à la suivre.
Sa multiplication tumultueuse, de-ci
delà, trace une autre balade....
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