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Un Rêve d’Aloysius Bertrand

Publié le 02/05/2024

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« Explication linéaire 6 Un Rêve d’Aloysius Bertrand, dans le troisième livre intitulé La Nuit et ses prestiges, dont l’ensemble se nomme Gaspard de la Nuit (1842) Définition du poème en prose : texte poétique non versifié (pas de vers).

Qu'est-ce qui le différencie alors d'un texte en prose ? D'abord c'est un texte bref.

Ensuite il utilise des éléments surtout présents en poésie : effets de rythme, effets de sonorité, recherche d'images. (Rappeler que la poésie c'est du visuel et du sonore).

L'inventeur du Poème en prose est Aloysius Bertrand. Situation du poème On assiste rarement à la naissance d'un genre.

Or, Aloysius Bertrand est l'inventeur du poème en prose avec son recueil intitulé Gaspard de la Nuit en 1842.

C'est Baudelaire qui le fera connaître en reprenant le genre du poème en prose pour son Spleen de Paris.

Le poème « Un Rêve » est extrait du troisième livre intitulé La Nuit et ses prestiges. Comme l'indiquent les titres du poème et du livre, Aloysius Bertrand construit son poème autour d'un thème topique du romantisme : le rêve. Aussi ce poème entrelace-t-il de façon originale trois récits de rêve. Unité : Bel exemple de romantisme noir qui se définit comme le mélange entre l’archaisme et l’onirisme.

Ce poème en prose entrelace de façon originale trois récits de rêve, dans lesquels se mêle le rêve du narrateur-poète, à la fois acteur et rêveur passif (cf.

tableau de Fussli). Mouvements : Poème qui se présente sous la forme de 5 paragraphes (= 5 strophes). Récit de rêve structuré de manière ternaire (3 temps/3 lieux/3 personnages) : d’abord, ensuite, enfin, puis une conclusion qui opère par effacement de la vision/disparition de ces rêves entrecroisés. 1.

L’exergue (citation de Pantagruel de Rabelais) 2.

Les 3 premiers paragraphes avec introduction de chaque élément appartenant aux 3 récits de rêve (lieux/sons/personnages) 3.

Les deux derniers paragraphes qui se présentent en opposition : l’avant-dernier évoquant le salut des âmes ou tout du moins l’hommage rendu au moine et à Marguerite, tandis que le dernier n’évoque pas de rédemption du ‘’moi’’, plutôt un évanouissement. 4.

Effacement de la vision en considérant la dernière proposition comme un rejet poétique, dans laquelle le narrateur redevient celui qui rêve : et je poursuivais d’autres songes vers le réveil. Le narrateur s'implique progressivement dans le poème.

Il est au début un simple spectateur qui décrit les scènes grâce aux anaphores « Ce furent d'abord », « Ce furent ensuite », « ce furent enfin » qui viennent rythmer le poème. Refrain qui rythme le poème : « ainsi j'ai vu, ainsi je raconte » qui revient comme un refrain mais en changeant petit à petit : « ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte » et « ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte ». Piste de lecture : Problématique Comment le poème en prose développe-t-il une dimension fantastique ? En quoi ce poème illustre-t-il le romantisme noir, bercé d’archaismes et d’onirisme ? Comment la forme du poème favorise-t-elle onirique/cauchemardesque et fantastique ?... un tableau Analyse du titre : Le titre oriente le lecteur vers la narration d’un rêve. Cf.

analyse du recueil et du nom Gaspard de la nuit/ La Nuit et ses prestiges (troisième livre) Eléments d’explication linéaire : 1.

L’exergue : le poème se présente comme un récit de rêve : voir le titre du poème Un Rêve et l’exergue.

L’onirisme tend vers le monde des fantasmes, qui échappe à la compréhension/lucidité du rêveur.

L’exergue est intéressant pour deux éléments : le rêve est associé au monde des Géants raconté par Rabelais (rêves monstrueux par leur gigantisme car ce sont des géants qui rêvent) et l’emprunt à Rabelais (cette citation) montre le goût de l’auteur pour l’univers médiéval (imaginaire gothique). 2.

Ensuite c’est la picturalité qui va dominer dans le poème en lien avec le sous-titre du recueil Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot (deux peintres) car l’emploi du clair-obscur se fait sentir dès la première ligne, et dans le premier paragraphe.

C’est tout d’abord par la perception visuelle que chacun des 3 tableaux va se dessiner sous les yeux du lecteur, soulignée par le groupe verbal : ainsi j’ai vu (l.

1). En parallèle avec cette picturalité, se dévoile l’essence du poème en prose : une construction poétique et métrique de la prose.

Le parallélisme de construction grammaticale ainsi…ainsi amplifie l’effet de construction et permet de lire les 3 premiers paragraphes comme un ensemble organisé, que le narrateur-poète a tenté de retranscrire grâce au pouvoir de la poésie, de l’alchimie verbale (cf. 1er paragraphe = motif de la lune, métaphore de l’inspiration poétique).

La proximité thématique des trois paragraphes se lit à travers les 3 éléments développés : 3 lieux, 3 sons, 3 personnages, devenant la métrique (telle une poésie versifiée) de la prose. - Le premier paragraphe, qui fait partie de la construction ternaire que constituent les trois premiers, dévoile le cadre spatial unique : Il était nuit, mais surtout les 3 lieux dans lesquels sont apparaître les 3 récits de rêve : une abbaye, une forêt, le Morimont. L’emploi de tournures répétées rappelle également la chanson médiévale – ce qui fait allusion à l’univers de Rabelais – telles que : ainsi j’ai vu, ainsi je raconte (l.

1) comme un refrain obsédant, associée à l’emploi de tirets, qui agissent comme des parenthèses, interrompant le récit, attribuant un rythme haché à celui-ci.

Cela renvoie également à la forme du poème en prose dont la forme reste contraignante (reprise de la conjonction de coordination et). Cet ensemble organisé répond à une construction ternaire à partir de l’anaphore du présentatif Ce furent (l.

1) au passé simple de l’indicatif – temps qui traduit un temps achevé, définitif -, c’est ce qui peut paraître paradoxal, étant donné qu’il est difficile de noter ses rêves et de les raconter avec ordre et précision. Enfin, l’archaisme se lit à travers le déploiement de l’imaginaire gothique, très présent : les topoi du roman gothique* (thèmes traditionnels) avec un Moyen Âge de fantaisie : une abbaye aux murailles lézardées (métaphore qui est une évocation diabolique par le symbole du reptile) par la lune (motif romantique de la lune qui est un signe maléfique mais aussi une métaphore de l’inspiration poétique, une forêt percée de sentiers tortueux (l.

1 et 2), mais aussi le goût pour l’univers médiéval : capes et chapeaux avec la synecdoque qui rend l’atmosphère sombre et asphyxiante, et le macabre : le Morimont (l.

2). - Dans la continuité du premier paragraphe, le second est également introduit par le présentatif Ce furent (l.4), mais cette fois pour évoquer trois sons, trois perceptions auditives : le glas, des cris (l.5), les prières (l.6).

Dans cet ensemble, l’archaisme se révèle par son association au registre macabre : toute une fantasmagorie liée à la mort, au meurtre, à l’exécution.

La perception auditive est très intense, que l’on peut interpréter comme une isotopie de l’ouie : glas, cloche, sanglots, cris plaintifs, rires féroces, prières bourdonnantes, dont toutes les harmonies suggestives mettent en avant les sons fuyants et pénibles..... »

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