UN PEU D'ISTOIRE LITTÉRAIRE ET LECTURE D'UNE ¼UVRE DE MAUPASSANT
Publié le 05/12/2021
Extrait du document
SEQUENCE III : UN PEU D’HISTOIRE LITTERAIRE ET LECTURE D’UNE ŒUVRE DE MAUPASSANT
• Ce travail est noté et à rendre à la rentrée des vacances de février (il comptera encore pour le trimestre II) et à faire sur une feuille à part en recopiant les titres des parties pour faciliter la correction.
• Il peut être illustré (bonus)
• Un roman de Maupassant est à choisir parmi : Bel Ami, Une Vie, Pierre et Jean
• Une nouvelle de Maupassant est à choisir parmi : Mlle Fifi, Boule de Suif, La maison Tellier
• Ce travail peut être fait de manière individuelle ou à deux (dans ce cas, une seule copie à rendre avec les 2 noms)
• Vous devez imprimer toutes les pages qui concernent l’histoire littéraire mais vous n’imprimerez que les pages concernant le roman et la nouvelle choisis
I. Histoire littéraire : répondez aux questions sur les mouvements suivants : humanisme, classicisme, Lumières, romantisme, réalisme et naturalisme.
A/ L’humanisme
1) Définir le mot humanisme
• Quel est son sens courant ?
• Quel sens spécifique peut-il prendre ? Dans ce cas, quelles sont ses caractéristiques ? (origines du mouvement et spécificités)
• Quel lien unit ces deux définitions ?
2) Quelle différence faites-vous entre la Renaissance et l’Humanisme ? (définissez la Renaissance pour répondre)
II) Les grandes découvertes de la Renaissance :
1) Les grands voyages : Quelles inventions sont à l’origine de ces grands voyages ? ( J. Cartier ; C. Colomb ;Vasco de Gama )
2) Les évolutions scientifiques et techniques
• Qu’y a-t-il de nouveau en astronomie et/ou mathématiques ?
• En peinture ?
• Dans l’art de la guerre ?
• En médecine ?
• Dans la vie quotidienne ?
3) L’imprimerie, « une révolution tranquille »
• Quand naît l’imprimerie ?
• Qu’est-ce qu’un incunable ?
• A quel moment le pouvoir politique réalise-t-il l’importance de cette invention ?
• Quel rôle joue-t-elle dans la religion réformée ?
4) Mettre le monde en ordre
• Comment naît la notion d’encyclopédie ?
• Qu’est-ce qu’un portulan ? Un atlas ? Qui est Mercator ?
• Quels sont les modes de classement pour les ouvrages imprimés ?
III) Elaborer une frise chronologique :
1) Situez ces événements historiques (et vérifiez rapidement à quoi ils correspondent).
1494-1559 : guerres d’Italie 1542 : Concile de Trente
1509-1547 : Henri VIII (Angleterre) 1560 : régence de Catherine de Médicis
1515-1547 : François Ie 1562-72 guerres de religion
1515 : victoire de Marignan 1572 massacre de la St Barthélemy
1529 : fondation du Collège de France 1574- 89 : Henri III (assassiné)
1534 : affaire des Placards 1593 : Henri IV à Paris
1539 : Edit de Villers-Cotterêts 1598 : Edit de Nantes
1610 : assassinat de Henri IV
2) Situez ces différents auteurs et textes : d’Aubigné ; du Bellay ; Calvin ; Erasme ; L. Labé ; Luther ; Machiavel ; Marot ; Montaigne ; Thomas More ; M. de Navarre ; Rabelais ; Ronsard ; M. Scève ;
les Amours ; la Bible en allemand ; Cymbalum Mundi ; Défense et illustration de la langue française ; Eglogues ; Eloge de la folie ; Essais ; Gargantua ; Heptaméron ; Pantagruel ; Le Prince ; les Regrets ; les Tragiques ; Utopie
IV) Le domaine intellectuel et artistique
1) En quelles langues écrit-on ? Pourquoi ?
2) Pour quelles raisons la Renaissance s’intéresse-t-elle à l’Antiquité ?
3) Pourquoi parle-t-on de culture européenne ?
4) Quel est le statut de l’écrivain au XVIe ? (voir mécénat, Académies)
5) La Pléiade : définir cette notion et ses caractéristiques
6) Quelques noms en peinture et sculpture. Choisissez deux de ces peintres et trouvez la reproduction d’une de leurs œuvres. Analysez-les en quelques lignes.
Bosch ; Botticelli ; Bruegel ; Durer ; Goujon ; Le Gréco ; Holbein ; Michel-Ange ; Raphaël ; Léonard de Vinci ; Véronèse
B/ Le classicisme
1) Définir le mot classicisme
• Quel est son sens courant ?
• Quel sens spécifique peut-il prendre ? Dans ce cas, quelles sont ses caractéristiques ? (origines du mouvement et spécificités)
2) . « Les règles du devoir ».
La Querelle des Anciens et des Modernes mit en valeur les divisions des théoriciens classiques à propos de l'Antiquité : s'ils s'inspirent des préceptes d'Aristote, ils n'ont pas pour elle un culte immodéré. Ils n'en retiennent que ce qui fuit l'artifice et l'excessive ingéniosité et visent par là cette intemporalité qui ne peut s'acquérir que par le bon sens. C'est ainsi sur ce dernier que Descartes fonda son Discours de la méthode et, avant Boileau, la génération des doctes (Vaugelas, Chapelain) définit la correction du langage par cet usage clair et raisonné qui l'assimile à une véritable politesse.
|Nicolas Boileau (1636-1711) |
|Art poétique, I (1674) |
|[Dans ce célèbre traité qui reprend les éléments de doctrine élaborés par les doctes, Boileau s'emploie d'abord à condamner le \"faste pédantesque\" de la poésie |
|du XVIème siècle et salue en Malherbe l'initiateur de l'ordre et de la mesure en poésie.] |
|Enfin Malherbe vint, et, le premier en France, |En vain vous me frappez d'un son mélodieux, |
|Fit sentir dans les vers une juste cadence, |Si le terme est impropre, ou le tour vicieux; |
|D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, |Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme, |
|Et réduisit la muse aux règles du devoir. |Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme. |
|Par ce sage écrivain la langue réparée |Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin |
|N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée. |Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant[pic] écrivain. |
|Les stances avec grâce apprirent à tomber, |Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, |
|Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber. |Et ne vous piquez point d'une folle vitesse; |
|Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle |Un style si rapide, et qui court en rimant, |
|Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle. |Marque moins trop d'esprit, que peu de jugement. |
|Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté, |J'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène[pic] |
|Et de son tour heureux imitez la clarté. |Dans un pré plein de fleurs lentement se promène, |
|Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre, |Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux, |
|Mon esprit aussitôt commence à se détendre, |Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux. |
|Et, de vos vains discours prompt à se détacher, |Hâtez-vous lentement; et, sans perdre courage, |
|Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher. |Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : |
|Il est certains esprits dont les sombres pensées |Polissez-le sans cesse et le repolissez; |
|Sont d'un nuage épais toujours embarrassées; |Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. |
|Le jour de la raison ne le saurait percer. |C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, |
|Avant donc que d'écrire apprenez à penser. |Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent. |
|Selon que notre idée est plus ou moins obscure, |Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu; |
|L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. |Que le début, la fin répondent au milieu; |
|Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, |Que d'un art délicat les pièces assorties |
|Et les mots pour le dire arrivent aisément. |N'y forment qu'un seul tout de diverses parties : |
|Surtout qu'en vos écrits la langue révérée |Que jamais du sujet le discours s'écartant |
|Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. |N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant. |
| |Craignez-vous pour vos vers la censure publique ? |
| |Soyez-vous à vous-même un sévère critique. |
Questions :
1) Repérez les préceptes essentiels de cet art poétique.
2) Quels sont leurs mots-clés ?
3. « La grande règle de toutes les règles » : plaire et instruire.
De tous les classiques, Molière est celui qui eut le plus de mal à brider son inspiration dans ces règles théâtrales qui, sous le patronage d'Aristote, visaient à resserrer au maximum l'action, l'espace et le temps autour de l'exploration d'une crise. Formé par le public spontané de la comédie, dont le rire reste le meilleur garant d'efficacité, il eut à cœur de subordonner les règles au plaisir, fidèle en cela au précepte d'Horace : « il obtient tous les suffrages celui qui unit l'utile à l'agréable, et plaît et instruit en même temps.» (Art poétique, III, 342-343).
|Molière (1622-1673) |[pic] |
|Critique de L'École des femmes (1663) | |
|[Malgré son succès, la représentation de L'École des femmes en 1662 suscita une vive querelle qui déchaîna les doctes et les prudes | |
|contre le prétendu \"amoralisme\" de la pièce et une certaine \"outrance\" que l'on vit dans les caractères mis en scène. Molière | |
|répliqua l'année suivante par cette comédie où Dorante et Uranie sont opposés au pédant Lysidas.] | |
|URANIE : Mais, de grâce, Monsieur Lysidas, faites-nous voir ces défauts, dont je ne me suis point aperçue. |
|LYSIDAS : Ceux qui possèdent Aristote et Horace voient d'abord, Madame, que cette comédie pèche contre toutes les règles de l'art. |
|URANIE : Je vous avoue que je n'ai aucune habitude avec ces messieurs-là, et que je ne sais point les règles de l'art. |
|DORANTE : Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles, dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdissez tous les jours. Il semble, à vous ouïr |
|parler, que ces règles de l'art soient les plus grands mystères du monde; et cependant ce ne sont que quelques observations aisées, que le bon sens a faites|
|sur ce qui peut ôter le plaisir que l'on prend à ces sortes de poèmes; et le même bon sens qui a fait autrefois ces observations les fait aisément tous les |
|jours, sans le secours d'Horace et d'Aristote. Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de |
|théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin. Veut-on que tout un public s'abuse sur ces sortes de choses, et que chacun ne soit pas juge du |
|plaisir qu'il y prend ? |
|URANIE : J'ai remarqué une chose de ces messieurs-là : c'est que ceux qui parlent le plus des règles, et qui les savent mieux que les autres, font des |
|comédies que personne ne trouve belles. |
|DORANTE : Et c'est ce qui marque, Madame, comme on doit s'arrêter peu à leurs disputes embarrassantes. Car enfin, si les pièces qui sont selon les règles ne|
|plaisent pas et que celles qui plaisent ne soient pas selon les règles, il faudrait de nécessité que les règles eussent été mal faites. Moquons-nous donc de|
|cette chicane où ils veulent assujettir le goût du public, et ne consultons dans une comédie que l'effet qu'elle fait sur nous. Laissons-nous aller de bonne|
|foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d'avoir du plaisir. |
|URANIE : Pour moi, quand je vois une comédie, je regarde seulement si les choses me touchent; et, lorsque je m'y suis bien divertie, je ne vais point |
|demander si j'ai eu tort, et si les règles d'Aristote me défendaient de rire. |
|DORANTE : C'est justement comme un homme qui aurait trouvé une sauce excellente, et qui voudrait examiner si elle est bonne sur les préceptes du Cuisinier |
|français[pic]. |
|URANIE : Il est vrai; et j'admire les raffinements de certaines gens sur des choses que nous devons sentir nous-mêmes. |
[pic]Questions :
1) Étudiez la stratégie argumentative en en repérant les formes essentielles (fonction impressive, procédés satiriques, rôle des exemples).
2) Comment la distribution de la parole dans ce dialogue appuie-t-elle cette stratégie ?
4. L'honnête homme.
« Reconnaissons l'imperfection de l'homme séparé de l'homme, et l'avantage qu'a la société sur la solitude », écrit Guez de Balzac (Aristippe ou De la Cour). Toute la morale du Grand Siècle est fondée sur une morale de la vie sociale qui prône un arrangement bienséant entre la liberté du jugement personnel et les lois de la sociabilité. L'honnête homme se gardera donc de choquer par son comportement agressif ou même sa mauvaise humeur (pensons à l'Alceste de Molière). Par la maîtrise de soi, l'éclat de sa conversation et la finesse de sa culture, il saura sans hypocrisie s'adapter à la société mondaine, puisque son sens de la mesure lui fera connaître et accepter les faiblesses humaines. A ce titre, l'idéal de l'honnête homme n'est pas vraiment séparable des codes héroïques à l'œuvre dans la tragédie.
|[pic] |Jean de La Bruyère (1645-1696) |
| |Les Caractères (1688) |
| | Nous proposons ci-dessous quelques fragments des portraits qui émaillent les Caractères. Cette typologie, par laquelle La Bruyère entend |
| |stigmatiser des travers inconciliables avec l'honnêteté, nous servira à proposer des travaux d'analyse destinés à retrouver, \"en creux\", |
| |cette notion fondamentale de la morale classique. |
|Giton a le teint frais, le visage plein et les joues |J'entends Théodecte de l'antichambre; il grossit sa |Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes |
|pendantes, l'oeil fixe et assuré, les épaules larges, |voix à mesure qu'il s'approche; le voilà entré : il |ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point.|
|l'estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il |rit, il crie, il éclate, on bouche ses oreilles, |Non content de remplir à une table la première place, |
|parle avec confiance; il fait répéter celui qui |c'est un tonnerre. Il n'est pas moins redoutable par |il occupe lui seul celle de deux autres; il oublie que|
|l'entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce |les choses qu'il dit que par le ton dont il parle. Il|le repas est pour lui et pour toute la compagnie; il |
|qu'il lui dit. Il déploie un ample mouchoir, et se |ne s'apaise, et il ne revient de ce grand fracas que |se rend maître du plat, et fait son propre de chaque |
|mouche avec grand bruit; il crache fort loin, et il |pour bredouiller des vanités et des sottises. Il a si|service : il ne s'attache à aucun des mets, qu'il |
|éternue fort haut. Il dort le jour, il dort la nuit et|peu d'égard au temps, aux personnes, aux bienséances,|n'ait achevé d'essayer de tous; il voudrait pouvoir |
|profondément; il ronfle en compagnie. Il occupe à la |que chacun a son fait sans qu'il ait eu l'intention |les savourer tous tout à la fois. Il ne se sert à |
|table et à la promenade plus de place qu'un autre. Il |de le lui donner; il n'est pas encore assis qu'il a, |table que de ses mains; il manie les viandes, les |
|tient le milieu en se promenant avec ses égaux; il |à son insu, désobligé toute l'assemblée. A-t-on |remanie, démembre, déchire, et en use de manière qu'il|
|s'arrête, et l'on s'arrête; il continue de marcher, et|servi, il se met le premier à table et dans la |faut que les conviés, s'ils veulent manger, mangent |
|l'on marche : tous se règlent sur lui. Il interrompt, |première place; les femmes sont à sa droite et à sa |ses restes. Il ne leur épargne aucune de ces |
|il redresse ceux qui ont la parole : on ne |gauche. Il mange, il boit, il conte, il plaisante, il|malpropretés dégoûtantes, capables d'ôter l'appétit |
|l'interrompt pas, on l'écoute aussi longtemps qu'il |interrompt tout à la fois. Il n'a nul discernement |aux plus affamés; le jus et les sauces lui dégouttent |
|veut parler; on est de son avis, on croit les |des personnes, ni du maître, ni des conviés; il abuse|du menton et de la barbe; s'il enlève un ragoût de |
|nouvelles qu'il débite. S'il s'assied, vous le voyez |de la folle déférence qu'on a pour lui. Est-ce lui, |dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre |
|s'enfoncer dans un fauteuil, croiser ses jambes l'une |est-ce Euthydème qui donne le repas ? Il rappelle à |plat et sur la nappe; on le suit à la trace. [...] Il |
|sur l'autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau |soi toute l'autorité de la table; et il y a un |embarrasse tout le monde, ne se contraint pour |
|sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever |moindre inconvénient à la lui laisser entière qu'à la|personne, ne plaint personne, ne connaît de maux que |
|ensuite, et découvrir son front apr fierté et par |lui disputer. Le vin et les viandes n'ajoutent rien à|les siens, que sa réplétion et sa bile, ne pleure |
|audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, |son caractère; Si on joue, il gagne au jeu; il veut |point la mort des autres, n'appréhende que la sienne, |
|présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux |railler celui qui perd, et il l'offense; les rieurs |qu'il rachèterait volontiers de l'extinction du genre |
|sur les affaires du temps; il se croit des talents et |sont pour lui : il n'y a sorte de fatuités qu'on ne |humain. |
|de l'esprit. Il est riche. |lui passe. | |
|Que dites-vous ? Comment ? Je n'y suis pas; vous |Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour |Si [Onuphre] entre dans une église, il observe d'abord|
|plairait-il de recommencer? J'y suis encore moins. Je |sortir, il la referme: il s'aperçoit qu'il est en |de qui il peut être vu; et selon la découverte qu'il |
|devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu'il fait |bonnet de nuit; et venant à mieux s'examiner, il se |vient de faire, il se met à genoux et prie, ou il ne |
|froid : que ne disiez-vous : \" Il fait froid\" ? Vous |trouve rasé à moitié, il voit que son épée est mise |songe ni à se mettre à genoux ni à prier. Arrive-t-il |
|voulez m'apprendre qu'il pleut ou qu'il neige; dites :|du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses |vers lui un homme de bien et d'autorité qui le verra |
|\"Il pleut, il neige\". Vous me trouvez bon visage, et |talons, et que sa chemise est par-dessus ses |et qui peut l'entendre, non seulement il prie, mais il|
|vous désirez de m'en féliciter; dites : \"Je vous |chausses. [...] On l'a vu une fois heurter du front |médite, il pousse des élans et des soupirs; si l'homme|
|trouve bon visage.\" - Mais répondez-vous cela est bien|contre celui d'un aveugle, s'embarrasser dans ses |de bien se retire, celui-ci, qui le voit partir, |
|uni et bien clair; et d'ailleurs, qui ne pourrait pas |jambes, et tomber avec lui chacun de son côté à la |s'apaise et ne souffle pas. Il entre une autre fois |
|en dire autant ?\" Qu'importe, Acis ? Est-ce un si |renverse. Il lui est arrivé plusieurs fois de se |dans un lieu saint, perce la foule, choisit un endroit|
|grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler |trouver tête pour tête à la rencontre d'un prince et |pour se recueillir, et où tout le monde voit qu'il |
|comme tout le monde ? Une chose vous manque, Acis, à |sur son passage, se reconnaître à peine, et n'avoir |s'humilie : s'il entend des courtisans qui parlent, |
|vous et à vos semblables, les diseurs de phébus[pic]; |que le loisir de se coller à un mur pour lui faire |qui rient, et qui sont à la chapelle avec moins de |
|vous ne vous en défiez point, et je vais vous jeter |place. Il cherche, il brouille, il crie, il |silence que dans l'antichambre, il fait plus de bruit |
|dans l'étonnement : une chose vous manque, c'est |s'échauffe, il appelle ses valets l'un après l'autre:|qu'eux pour les faire taire ; il reprend sa |
|l'esprit. Ce n'est pas tout : il y a en vous une chose|on lui perd tout, on lui égare tout; il demande ses |méditation, qui est toujours la comparaison qu'il fait|
|de trop, qui est l'opinion d'en avoir plus que les |gants, qu'il a dans ses mains, semblable à cette |de ces personnes avec lui-même, et où il trouve son |
|autres; voilà la source de votre pompeux galimatias, |femme qui prenait le temps de demander son masque |compte. Il évite une église déserte et solitaire, où |
|de vos phrases embrouillées, et de vos grands mots qui|lorsqu'elle l'avait sur son visage. Il entre à |il pourrait entendre deux messes de suite, le sermon, |
|ne signifient rien. Vous abordez cet homme, ou vous |l'appartement, et passe sous un lustre où sa perruque|vêpres et complies, tout cela entre Dieu et lui, et |
|entrez dans cette chambre; je vous tire par votre |s'accroche et demeure suspendue: tous les courtisans |sans que personne lui en sût gré : il aime la |
|habit et vous dis à l'oreille : \"Ne songez point à |regardent et rient; Ménalque regarde aussi et rit |paroisse, il fréquente les temples où se fait un grand|
|avoir de l'esprit, n'en ayez point, c'est votre rôle; |plus haut que les autres, il cherche des yeux dans |concours ; on n'y manque point son coup, on y est vu. |
|ayez, si vous pouvez, un langage simple, et tel que |toute l'assemblée où est celui qui montre ses | |
|l'ont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit : |oreilles, et à qui il manque une perruque. | |
|peut-être alors croira-t-on que vous en avez.\" | | |
[pic]Questions :
1) Identifiez dans chacun des extraits le vice mis en scène par le narrateur.
2) Précisez les points communs de tous ces travers et tirez-en une définition concise de l'idéal de l'honnête homme.
3) Quels sont dans ces extraits les caractères essentiels de l'art de La Bruyère, dans le récit comme dans le portrait ?
5. Une morale héroïque.
Dans la morale classique, la recherche d'un ordre satisfaisant pour la vie sociale, comme celle d'une victoire sur l'intempérance des mœurs, conduit à un véritable héroïsme. La tragédie cornélienne s'est bâtie sur ces valeurs généreuses . Souvent partagé entre la passion et le devoir, le héros classique choisit toujours de rester maître de lui-même. Dans son Traité des passions de l'âme, Descartes définit cette morale hautaine de l'individu qui manifeste une « libre disposition » à « ne manquer jamais de volonté pour entreprendre toutes les choses et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures; ce qui est suivre parfaitement la vertu.»
|[pic] |Madame de La Fayette(1634-1693) |
| |La Princesse de Clèves (1678) |
| |[Mme de Clèves a avoué à son mari l'inclination qui la porte vers le duc de Nemours. Torturé par la jalousie, et abusé par de fausses |
| |rumeurs, le prince de Clèves en meurt. Libre désormais, la princesse décide néanmoins de se retirer du monde, non sans avoir avoué sa |
| |passion à Nemours.] |
| - Je veux vous parler encore avec la même sincérité que j'ai déjà commencé, reprit-elle, et je vais passer par-dessus toute la retenue et toutes les délicatesses |
|que je devrais avoir dans une première conversation, mais je vous conjure de m'écouter sans m'interrompre. |
| Je crois devoir à votre attachement la faible récompense de ne vous cacher aucun de mes sentiments, et de vous les laisser voir tels qu'ils sont. Ce sera |
|apparemment la seule fois de ma vie que je me donnerai la liberté de vous les faire paraître; néanmoins je ne saurais vous avouer, sans honte, que la certitude de |
|n'être plus aimée de vous, comme je le suis, me paraît un si horrible malheur, que, quand je n'aurais point des raisons de devoir insurmontables, je doute si je |
|pourrais me résoudre à m'exposer à ce malheur. Je sais que vous êtes libre, que je le suis, et que les choses sont d'une sorte que le public n'aurait peut-être pas |
|sujet de vous blâmer, ni moi non plus, quand nous nous engagerions ensemble pour jamais. Mais les hommes conservent-ils de la passion dans ces engagements éternels |
|? Dois-je espérer un miracle en ma faveur et puis-je me mettre en état de voir certainement finir cette passion dont je ferais toute ma félicité ? Monsieur de |
|Clèves était peut-être l'unique homme du monde capable de conserver de l'amour dans le mariage. Ma destinée n'a pas voulu que j'aie pu profiter de ce bonheur; |
|peut-être aussi que sa passion n'avait subsisté que parce qu'il n'en aurait pas trouvé en moi. Mais je n'aurais pas le même moyen de conserver la vôtre : je crois |
|même que les obstacles ont fait votre constance. Vous en avez assez trouvé pour vous animer à vaincre; et mes actions involontaires, ou les choses que le hasard |
|vous a apprises, vous ont donné assez d'espérance pour ne vous pas rebuter. |
| - Ah ! Madame, reprit monsieur de Nemours, je ne saurais garder le silence que vous m'imposez : vous me faites trop d'injustice, et vous me faites trop voir |
|combien vous êtes éloignée d'être prévenue en ma faveur. |
| - J'avoue, répondit-elle, que les passions peuvent me conduire; mais elles ne sauraient m'aveugler. Rien ne me peut empêcher de connaître que vous êtes né avec |
|toutes les dispositions pour la galanterie, et toutes les qualités qui sont propres à y donner des succès heureux. Vous avez déjà eu plusieurs passions, vous en |
|auriez encore; je ne ferais plus votre bonheur; je vous verrais pour une autre comme vous auriez été pour moi. J'en aurais une douleur mortelle, et je ne serais pas|
|même assurée de n'avoir point le malheur de la jalousie. Je vous en ai trop dit pour vous cacher que vous me l'avez fait connaître, et que je souffris de si |
|cruelles peines le soir que la reine me donna cette lettre de madame de Thémines, que l'on disait qui s'adressait à vous, qu'il m'en est demeuré une idée qui me |
|fait croire que c'est le plus grand de tous les maux. |
| Par vanité ou par goût, toutes les femmes souhaitent de vous attacher. Il y en a peu à qui vous ne plaisiez; mon expérience me ferait croire qu'il n'y en a point |
|à qui vous ne puissiez plaire. Je vous croirais toujours amoureux et aimé, et je ne me tromperais pas souvent. Dans cet état néanmoins, je n'aurais d'autre parti à |
|prendre que celui de la souffrance; je ne sais même si j'oserais me plaindre. On fait des reproches à un amant; mais en fait-on à un mari, quand on n'a à lui |
|reprocher que de n'avoir plus d'amour ? Quand je pourrais m'accoutumer à cette sorte de malheur, pourrais-je m'accoutumer à celui de croire voir toujours monsieur |
|de Clèves vous accuser de sa mort, me reprocher de vous avoir aimé, de vous avoir épousé et me faire sentir la différence de son attachement au vôtre ? Il est |
|impossible, continua-t-elle, de passer par-dessus des raisons si fortes : il faut que je demeure dans l'état où je suis, et dans les résolutions que j'ai prises de |
|n'en sortir jamais. |
| - Hé ! croyez-vous le pouvoir, Madame ? s'écria monsieur de Nemours. Pensez-vous que vos résolutions tiennent contre un homme qui vous adore, et qui est assez |
|heureux pour vous plaire ? Il est plus difficile que vous ne pensez, Madame, de résister à ce qui nous plaît et à ce qui nous aime. Vous l'avez fait par une vertu |
|austère, qui n'a presque point d'exemple; mais cette vertu ne s'oppose plus à vos sentiments, et j'espère que vous les suivrez malgré vous. |
| - Je sais bien qu'il n'y a rien de plus difficile que ce que j'entreprends, répliqua madame de Clèves; je me défie de mes forces au milieu de mes raisons. Ce que |
|je crois devoir à la mémoire de monsieur de Clèves serait faible, s'il n'était soutenu par l'intérêt de mon repos; et les raisons de mon repos ont besoin d'être |
|soutenues de celles de mon devoir. Mais quoique je me défie de moi-même, je crois que je ne vaincrai jamais mes scrupules, et je n'espère pas aussi de surmonter |
|l'inclination que j'ai pour vous. Elle me rendra malheureuse, et je me priverai de votre vue, quelque violence qu'il m'en coûte. Je vous conjure, par tout le |
|pouvoir que j'ai sur vous, de ne chercher aucune occasion de me voir. Je suis dans un état qui me fait des crimes de tout ce qui pourrait être permis dans un autre |
|temps, et la seule bienséance interdit tout commerce entre nous. |
[pic]Questions :
1) Comment se manifeste dans la déclaration de Mme de Clèves ce mélange de force et de faiblesse qui rend sa décision plus héroïque ?
2) Quelle est à votre avis la part de l'orgueil dans ce renoncement ?
C/ Le XVIIIème siècle : les Lumières
1) Définissez ce mouvement intellectuel et ses caractéristiques
2) A quels mots correspond « Les Lumières » en allemand, en italien, en anglais ?
3) Expliquez le projet encyclopédique
|Denis Diderot (1713-1784) |[pic] |
|Article \"Encyclopédie\"( 1751) | |
| [Chargé avec d'Alembert de l'édition de l'Encyclopédie, Diderot s'y employa avec une énergie considérable, à laquelle on ne manqua pas | |
|d'opposer censures et emprisonnements. Touche-à-tout de génie, il a donné à l'ouvrage ses caractères originaux et su définir son but, à la | |
|fois didactique et humaniste : répandre le savoir pour engendrer la liberté et le bonheur.] | |
| Encyclopédie. Ce mot signifie enchaînement de connaissances; il est composé de la préposition grecque en, et des substantifs kuklos, cercle, et paideia, |
|connaissance. |
| En effet, le but d'une Encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la terre; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, |
|et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous, afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui |
|succéderont; que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux, et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité |
|du genre humain. [...] |
| C'est à l'exécution de ce projet étendu, non seulement aux différents objets de nos académies, mais à toutes les branches de la connaissance humaine, qu'une |
|Encyclopédie doit suppléer; ouvrage qui ne s'exécutera que par une société de gens de lettres et d'artistes, épars, occupés chacun de sa partie, et liés |
|seulement par l'intérêt général du genre humain, et par un sentiment de bienveillance réciproque. [...] |
| J'ai dit qu'il n'appartenait qu'à un siècle philosophe de tenter une Encyclopédie; et je l'ai dit, parce que cet ouvrage demande partout plus de hardiesse dans|
|l'esprit, qu'on n'en a communément dans les siècles pusillanimes du goût. Il faut tout examiner, tout remuer sans exception et sans ménagement; oser voir [...] |
|que ceux qui sont venus après les premiers inventeurs n'ont été, pour la plupart, que leurs esclaves; que les productions qu'on devait regarder comme le premier |
|degré, prises aveuglément pour le dernier terme, au lieu d'avancer un art à sa perfection, n'ont servi qu'à le retarder, en réduisant les autres hommes à la |
|condition servile d'imitateurs. [...] Il faut fouler aux pieds toutes ces vieilles puérilités; renverser les barrières que la raison n'aura point posées; rendre |
|aux sciences et aux arts une liberté qui leur est si précieuse. [...] |
| Je sais que ce sentiment n'est pas celui de tout le monde; il y a des têtes étroites, des âmes mal nées, indifférentes sur le sort du genre humain, et |
|tellement concentrées dans leur petite société qu'elles ne voient rien au-delà de son intérêt. [...] A quoi bon divulguer les connaissances de la nation, ses |
|transactions secrètes, ses inventions, son industrie, ses ressources, ses mystères, sa lumière, ses arts et toute sa sagesse ! Ne sont-ce pas là les choses |
|auxquelles elle doit une partie de sa supériorité sur les nations rivales et circonvoisines ? Voilà ce qu'ils disent; et voici ce qu'ils pourraient encore |
|ajouter. Ne serait-il pas à souhaiter qu'au lieu d'éclairer l'étranger, nous pussions répandre sur lui des ténèbres, et plonger dans la barbarie le reste de la |
|terre, afin de le dominer plus sûrement ? Ils ne font pas attention qu'ils n'occupent qu'un point sur ce globe, et qu'ils n'y dureront qu'un moment; que c'est à |
|ce point et à cet instant qu'ils sacrifient le bonheur des siècles à venir et de l'espèce entière. |
[pic]Questions :
a) Comment ce texte manifeste-t-il ces trois caractères des Lumières que sont l'amour du genre humain, la confiance dans ses progrès grâce au savoir et l'exercice critique de la raison ?
b) Recensez les procédés qui donnent au texte sa force de conviction. Identifiez-en notamment les différents registres.
4) « Joindre à la noblesse de l'âme les lumières de l'esprit »
Les codes de bienséance et de sociabilité établis au siècle précédent se sont aisément inscrits dans le nouveau décor de la vie intellectuelle au XVIIIème siècle : si les salons, les clubs et les cafés ont remplacé la Cour, on exige toujours en effet de l'honnête homme les mêmes vertus. \"L'homme n'est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abîmes de la mer ou au fond d'une forêt, écrit Dumarsais; les seules nécessités de la vie lui rendent le commerce des autres nécessaire; et dans quelque état où il puisse se trouver, ses besoins et le bien-être l'engagent à vivre en société. Ainsi la raison exige de lui qu'il étudie et qu'il travaille à acquérir les qualités sociables.\" (Article Philosophe). On notera que c'est en effet la raison qui, ici encore, est garante de la probité : pour l'homme privé comme pour le monarque, que les philosophes ont tous rêvé sous la forme du \"despote éclairé\", l'amour du genre humain est une véritable mystique.
|[pic] |Claude-Adrien Helvetius(1715-1771) |
| |De l'esprit (1758) |
| | [Fermier général, Helvétius consacra toute sa fortune au soutien de la philosophie des Lumières. Collaborateur de l'Encyclopédie, il y apporta |
| |son matérialisme, qui fait de l'homme le produit de l'éducation, et son ardent désir d'une refonte de la législation. Son ouvrage essentiel, De |
| |l'esprit, fut condamné à être brûlé, et Helvétius dut se rétracter publiquement. |
| La vérité est ordinairement trop mal accueillie des princes et des grands, pour séjourner longtemps dans les cours. Comment habiterait-elle un pays où la plupart de ceux |
|qu'on appelle les honnêtes gens, habitués à la bassesse et à la flatterie, donnent et doivent réellement donner à ces vices le nom d'usage du monde ? L'on aperçoit |
|difficilement le crime où se trouve l'utilité. Qui doute cependant que certaines flatteries ne soient plus dangereuses et par conséquent plus criminelles aux yeux d'un |
|prince ami de la gloire, que des libelles faits contre lui ? Non que je prenne ici le parti des libelles : mais enfin une flatterie peut, à son insu détourner un bon |
|prince du chemin de la vertu, lorsqu'un libelle peut quelquefois y ramener un tyran. Ce n'est souvent que par la bouche de la licence que les plaintes des opprimés peuvent|
|s'élever jusqu'au trône. Mais l'intérêt cachera toujours de pareilles vérités aux sociétés particulières de la cour. Ce n'est, peut-être, qu'en vivant loin de ces sociétés|
|qu'on peut se défendre des illusions qui les séduisent. Il est du moins certain que, dans ces mêmes sociétés, on ne peut conserver une vertu toujours forte et pure, sans |
|avoir habituellement présent à l'esprit le principe de l'utilité publique, sans avoir une connaissance profonde des véritables intérêts de ce public, par conséquent de la |
|morale et de la politique. La parfaite probité n' est jamais le partage de la stupidité; une probité sans lumières n'est, tout au plus, qu'une probité d'intention, pour |
|laquelle le public n'a et ne doit effectivement avoir aucun égard, 1 parce qu'il n'est point juge des intentions; 2 parce qu'il ne prend, dans ses jugements, conseil que |
|de son intérêt. S'il soustrait à la mort celui qui par malheur tue son ami à la chasse, ce n' est pas seulement à l'innocence de ses intentions qu'il fait grâce, puisque |
|la loi condamne au supplice la sentinelle qui s'est involontairement laissé surprendre au sommeil. Le public ne pardonne, dans le premier cas, que pour ne point ajouter à |
|la perte d'un citoyen celle d'un autre citoyen; il ne punit, dans le second, que pour prévenir les surprises et les malheurs auxquels l'exposerait une pareille |
|invigilance. Il faut donc, pour être honnête, joindre à la noblesse de l'âme les lumières de l'esprit. Quiconque rassemble en soi ces différents dons de la nature, se |
|conduit toujours sur la boussole de l'utilité publique. Cette utilité est le principe de toutes les vertus humaines, et le fondement de toutes les législations. Elle doit |
|inspirer le législateur, forcer les peuples à se soumettre à ses lois; c'est enfin à ce principe qu'il faut sacrifier tous ses sentiments, jusqu'au sentiment même de |
|l'humanité. |
| L'humanité publique est quelquefois impitoyable envers les particuliers. Lorsqu'un vaisseau est surpris par de longs calmes, et que la famine a, d'une voix impérieuse, |
|commandé de tirer au sort la victime infortunée qui doit servir de pâture à ses compagnons, on l'égorge sans remords : ce vaisseau est l'emblème de chaque nation; tout |
|devient légitime et même vertueux pour le salut public. |
|Discours II, chapitre VI, Des moyens de s'assurer de la vertu. |
[pic]Questions :
a) Relevez dans ce texte les allusions polémiques et les précautions prises par l'auteur.
b) Le salut public : en quoi la fin de ce texte annonce-t-elle le sacrifice des sentiments privés au nom de l'utilité publique, qu'on observera notamment dans le règne de vertu et de terreur établi par un Robespierre ?
6. « La nature n'a mis aucun terme à nos espérances »
L'amour du genre humain, qui marque les Lumières, ne peut manquer de s'accompagner de la plus grande confiance dans son génie et dans ses progrès. Les contacts de plus en plus étroits avec d'autres civilisations ont pu susciter, il est vrai, quelques doutes quant au bien-fondé des valeurs occidentales et à leur supériorité. Mais si le mythe du bon sauvage a séduit certains d'entre eux, la plupart des philosophes du siècle sont animés par la conviction qu'un \"amour de l'ordre anime en secret le genre humain\" (Voltaire, Essai sur les mœurs) et que l'effort vers la civilisation est inscrit dans la nature. Leur matérialisme et leur scientisme les incitent d'ailleurs à apercevoir dans les phénomènes naturels ce même ordre dont l'homme ne saurait s'excepter.
|[pic] |Condorcet (1743-1794) |
| |Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (1793-1794) |
| |[Philosophe et mathématicien, Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, fut l'homme des grands combats du siècle : |
| |esclavage, droits des femmes, réformes nécessaires à la société française... Décrété d'accusation en 1793, il travailla dans la |
| |clandestinité à cette Esquisse et, finalement arrêté, mourut dans sa prison.] |
| Si l'homme peut prédire, avec une assurance presque entière les phénomènes dont il connaît les lois; si, lors même qu'elles lui sont inconnues, il peut, |
|d'après l'expérience du passé, prévoir, avec une grande probabilité, les événements de l'avenir; pourquoi regarderait-on comme une entreprise chimérique, celle |
|de tracer, avec quelque vraisemblance, le tableau des destinées futures de l'espèce humaine, d'après les résultats de son histoire ? Le seul fondement de |
|croyance dans les sciences naturelles, est cette idée que les lois générales, connues ou ignorées, qui règlent les phénomènes de l'univers, sont nécessaires et |
|constantes; et par quelle raison ce principe serait-il moins vrai pour le développement des facultés intellectuelles et morales de l'homme, que pour les autres |
|opérations de la nature ? Enfin, puisque des opinions formées d'après l'expérience du passé, sur des objets du même ordre, sont la seule règle de la conduite des|
|hommes les plus sages, pourquoi interdirait-on au philosophe d'appuyer ses conjectures sur cette même base, pourvu qu'il ne leur attribue pas une certitude |
|supérieure à celle qui peut naître du nombre, de la constance, de l'exactitude des observations |
| Nos espérances sur l'état à venir de l'espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la destruction de l'inégalité entre les nations; les |
|progrès de l'égalité dans un même peuple; enfin, le perfectionnement réel de l'homme. Toutes les nations doivent-elles se rapprocher un jour de l'état de |
|civilisation où sont parvenus les peuples les plus éclairés, les plus libres, les plus affranchis de préjugés, tels que les français et les anglo-américains ? |
|Cette distance immense qui sépare ces peuples de la servitude des nations soumises à des rois, de la barbarie des peuplades africaines, de l'ignorance des |
|sauvages, doit-elle peu à peu s'évanouir ? |
| Y a-t-il sur le globe des contrées dont la nature ait condamné les habitants à ne jamais jouir de la liberté, à ne jamais exercer leur raison ? |
| Cette différence de lumières, de moyens ou de richesses, observée jusqu'à présent chez tous les peuples civilisés entre les différentes classes qui composent |
|chacun d'eux; cette inégalité, que les premiers progrès de la société ont augmentée, et pour ainsi dire produite, tient-elle à la civilisation même, ou aux |
|imperfections actuelles de l'art social ? Doit-elle continuellement s'affaiblir pour faire place à cette égalité de fait, dernier but de l'art social, qui, |
|diminuant même les effets de la différence naturelle des facultés, ne laisse plus subsister qu'une inégalité utile à l'intérêt de tous, parce qu'elle favorisera |
|les progrès de la civilisation, de l'instruction et de l'industrie, sans entraîner, ni dépendance, ni humiliation, ni appauvrissement; en un mot, les hommes |
|approcheront-ils de cet état où tous auront les lumières nécessaires pour se conduire d'après leur propre raison dans les affaires communes de la vie, et la |
|maintenir exempte de préjugés, pour bien connaître leurs droits et les exercer d'après leur opinion et leur conscience; où tous pourront, par le développement de|
|leurs facultés, obtenir des moyens sûrs de pourvoir à leurs besoins; où enfin, la stupidité et la misère ne seront plus que des accidents, et non l'état habituel|
|d'une portion de la société ? |
| Enfin, l'espèce humaine doit-elle s'améliorer, soit par de nouvelles découvertes dans les sciences et dans les arts, et, par une conséquence nécessaire, dans |
|les moyens de bien-être particulier et de prospérité commune; soit par des progrès dans les principes de conduite et dans la morale pratique; soit enfin par le |
|perfectionnement réel des facultés intellectuelles, morales et physiques, qui peut être également la suite, ou de celui des instruments qui augmentent |
|l'intensité et dirigent l'emploi de ces facultés, ou même de celui de l'organisation naturelle de l'homme ? |
| En répondant à ces trois questions, nous trouverons, dans l'expérience du passé, dans l'observation des progrès que les sciences, que la civilisation ont faits|
|jusqu'ici, dans l'analyse de la marche de l'esprit humain et du développement de ses facultés, les motifs les plus forts de croire que la nature n'a mis aucun |
|terme à nos espérances. |
|Dixième époque, Des progrès futurs de l'esprit humain. |
[pic]Questions :
a) Constitué pour l'essentiel d'interrogations, ce texte affirme néanmoins une thèse. Reformulez-la nettement et précisez ses trois arguments essentiels.
b) Avec le recul qui est le nôtre, comment peut-on nuancer la conviction de Condorcet à propos de l'accession de tous les peuples à la civilisation ? La confiance qu'il manifeste dans leur égalité future n'a-t-elle pas aussi validé les entreprises colonialistes et permis une abolition regrettable des différences ?
D/ LE ROMANTISME
1) Définissez ce mouvement et ses caractéristiques
2) Etude de Victor Hugo Les Contemplations, Livre IV : « Pauca meae »
Ce poème est extrait du livre IV, celui que Hugo dédie à sa fille Léopoldine : « Pauca meae », quelques vers pour ma fille. Il est daté du 3 septembre 1847 : c’est la veille du quatrième anniversaire de la mort de sa fille.
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la campagne,
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur ,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
QUESTIONS PREPARATOIRES :
a. Etudiez la situation de communication. Qui parle ? A qui ? Quelles conclusions en tirez-vous ?
b. Comment le poème est-il construit ? Comment lieux et temps s’organisent-ils ?
c. Quels champs lexicaux repérez-vous ? Comment les interprétez-vous ?
d. Repérez et commentez les figures de style
e. Que signifie le choix du « houx vert » et de la « bruyère en fleur » ?
3) Etude de René, Chateaubriand (1802)
René met en scène un jeune homme atteint du « vague des passions », c’est-à-dire de cette sorte de vague à l’âme et d’ennui qui frappe les jeunes gens « nés avec le siècle ». Le « je « est celui du narrateur, René lui-même, mais les multiples analogies avec la vie et les sentiments de Chateaubriand laissent penser qu’il s’agit d’une œuvre d’inspiration autobiographique. C’est aussi un témoignage sur le mal de vivre de toute une génération. Le succès remporté par René, second épisode des Natchez (après Atala), primitivement inséré dans le Génie du christianisme, repose sur un malentendu : Chateaubriand voulait condamner les ravages d’une sensibilité excessive en peignant les souffrances de son héros. Ce fut le contraire qui advint : les lecteurs s’enflammèrent pour René , souffrirent avec lui de son incurable « mal de vivre » et virent dans l’œuvre une apologie de la mélancolie, du suicide.
Cette vie[1], qui m’avait d’abord enchanté, ne tarda pas à me devenir insupportable. Je me fatiguai de la répétition des mêmes scènes et des mêmes idées. Je me mis à sonder mon cœur, à me demander ce que je désirais. Je ne le savais pas, mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux. Me voilà soudain résolu d’achever, dans un exil champêtre, une carrière à peine commencée, et dans laquelle j’avais déjà dévoré des siècles.
J’embrassai ce projet avec l’ardeur que je mets à tous mes desseins ; je partis précipitamment pour m’ensevelir dans une chaumière, comme j’étais parti autrefois pour faire le tour du monde.
On m’accuse d’avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d’être la proie d’une imagination qui se hâte d’arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée ; on m’accuse de passer toujours le but que je puis atteindre : hélas ! Je cherche seulement un bien inconnu, dont l’instinct me poursuit. Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n’a pour moi aucune valeur ? Cependant, je sens que j’aime la monotonie des sentiments de la vie, et si j’avais encore la folie de croire au bonheur, je le chercherais dans l’habitude.
La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n’ayant point encore aimé, j’étais accablé d’une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœur comme des ruisseaux d’une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future ; je l’embrassais dans les vents, je croyais l’entendre dans le gémissement du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l’univers. Toutefois, cet état de calme et de trouble, d’indigence et de richesse, n’était pas sans quelques charmes. Un jour je m’étais amusé à effeuiller une branche de saule sur un ruisseau, et à attacher une idée à chaque feuille que le courant entraînait. Un roi qui craint de perdre sa couronne par une révolution subite ne ressent pas des angoisses plus vives que les miennes, à chaque accident qui menaçait les débris de mon rameau. Ô faiblesse des mortels ! Ô enfance du cœur humain qui ne vieillit jamais ! Voilà donc à quel degré de puérilité notre superbe raison peut descendre ! Et encore est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinée à des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles de saule.
QUESTIONS PREPARATOIRES
a. Que traduit, dans la première phrase, l’opposition entre « enchanté» et « insupportable » ?
b. L’introspection à laquelle se livre René dans le premier paragraphe aboutit-elle ? Justifiez.
c. « Je crus tout à coup », « me voilà soudain résolu d’achever… ». Que traduisent ces expressions ?
d. Qu’exprime symboliquement la « chaumière » ?
e. Quel est le registre du troisième paragraphe ?
f. Quelle conception de l’homme se donne à lire dans cette expression : « si ce qui est fini n’a pour moi aucune valeur » ?
g. Les verbes « me plongèrent », « j’étais accablé », l’emploi de la voix passive pour le second ou la position en COD du pronom personnel pour le premier, le mot « proie » (début du troisième §) offrent quelle image de René ?
h. Quels procédés stylistiques peut-on relever dans la troisième phrase du dernier § ?
i. Qu’expriment les champs lexicaux du vide et du plein ?
j. Quels rapports René entretient-il avec la nature ?
4) Alfred de Musset La Confession d’un enfant du siècle (1836)
Dans la Confession d’un enfant du siècle, œuvre d’inspiration autobiographique, Musset consacre plusieurs chapitres au mal de vivre romantique. Il analyse en particulier les raisons historiques qui ont privé la génération née avec le siècle des ses espoirs de gloire et fait naître en elle l’insatisfaction, l’ennui et le sentiment du néant.
Un sentiment de malaise inexprimable commença donc à fermenter dans tous les cœurs jeunes. Condamnés au repos par les souverains du monde, livrés aux cuistres[2]de toute espèce, à l’oisiveté et à l’ennui, les jeunes voyaient se retirer d’eux les vagues écumantes contre lesquelles ils avaient préparé leurs bras. Tous ces gladiateurs frottés d’huile se sentaient au fond de l’âme une misère insupportable. Les plus riches se firent libertins ; ceux d’une fortune médiocre prirent un état et se résignèrent soit à la robe, soit à l’épée ; les plus pauvres se jetèrent dans l’enthousiasme à froid, dans les grands mots, dans l’affreuse mer de l’action sans but. Comme la faiblesse humaine cherche l’association et que les hommes sont troupeaux de nature, la politique s’en mêla. On s’allait battre avec les gardes du corps sur les marches de la chambre législative, on courait à une pièce de théâtre où Talma portait une perruque qui la faisait ressembler à César, on se ruait à l’enterrement d’un député libéral. Mais, des membres des deux partis opposés, il n’en était pas un qui, en rentrant chez lui, ne sentît amèrement le vide de son existence et la pauvreté de ses mains.
En même temps que la vie au dehors était si pâle et si mesquine, la vie intérieure de la société prenait un aspect sombre et silencieux ; l’hypocrisie la plus sévère régnait dans les mœurs ; les idées anglaises se joignant à la dévotion, la gaieté même avait disparu. Peut-être était-ce la Providence qui préparait déjà ses voies nouvelles ; peut-être était-ce l’ange avant-coureur des sociétés futures qui semait déjà dans le cœur des femmes les germes de l’indépendance humaine, que quelque jour elles réclameront. Mais il est certain que tout d’un coup, chose inouïe, dans tous les salons de Paris, les hommes passèrent d’un côté et les femmes de l’autre ; et ainsi, les unes vêtues de blanc, comme des fiancées, les autres vêtus de noir comme des orphelins, ils commencèrent à se mesurer des yeux.
QUESTIONS PREPARATOIRES :
a. Dégagez la structure de l’extrait (plan du texte)
b. Que met en relief l’articulation en « même temps » qui ouvre le second paragraphe ?
c. Quels sont les remèdes et divertissements qu’énumère Musset par lesquels les jeunes cherchent à compenser leur ennui ?
d. Dans quels domaines se situent-ils ?
e. Relevez le champ lexical de l’ennui et de la médiocrité. Quelle est leur finalité dans ce texte ?
f. Par quelle métaphore l’inaction des jeunes gens est-elle mise en relief ?
g. Quel constat semble poser le texte s’agissant de la relation hommes / femmes ?
5) Victor Hugo « la mort de Gavroche » Les Misérables Cinquième partie, livre 5, chapitre 15
Pour Hugo, le républicain proscrit, l’oppression est aussi celle des régimes qui assassinent la liberté dans le sang. Dans la IV ème partie des Misérables, le romancier tient ainsi une véritable chronique de la France politique de 1831-1832. Faisant passer au second plan certains de ses personnages, c’est le peuple de Paris lui-même, dans sa volonté de résistance et de libération, qu’il met en scène.
Le 5 juin 1832, une manifestation républicaine organisée à l’occasion des funérailles du général Lamarque se termine en émeute. Hugo groupe derrière la barricade de la rue de la Chanvrerie, dans le quartier des Halles, les principaux personnages du roman : Jean Valjean Marius, Javert et le petit Gavroche, fils des Thénardier, qui va mourir en chantant. Comme dans les Châtiments, où il avait déjà crié le scandale de la mort de l’enfant pauvre et innocent, Hugo, en témoin à la fois lucide et horrifié, transfigure cette mort d’un gamin de Paris en assassinat de la liberté.
Il rampait à plat ventre, galopait à quatre pattes, prenait son panier aux dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d’un mort à l’autre, et vidait la giberne ou la cartouchière comme un singe ouvre une noix.
De la barricade, dont il était encore assez prêt, on n’osait lui crier de revenir, de peur d’appeler l’attention sur lui.
Sur un cadavre, qui était un caporal, il trouva une poire à poudre.
- Pour la soif, dit-il, en la mettant dans sa poche.
A force d’aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait transparent.
Si bien que les tirailleurs de la ligne[3] rangés et à l’affût derrière leur levée de pavés, et les tirailleurs de la banlieue[4]massés à l’angle de la rue, se montrèrent soudainement quelque chose qui remuait dans la fumée.
Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d’une borne, une balle frappa le cadavre.
- Fichtre ! fit Gavroche. Voilà qu’on me tue mes morts.
Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier. Gavroche regarda, et vit que cela venait de la banlieue.
Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l’œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta :
On est laid à Nanterre,
C’est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C’est la faute à Rousseau.
Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta :
Je ne suis pas notaire,
C’est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C’est la faute à Rousseau.
Une cinquième balle ne réussit qu’à tirer de lui un troisième couplet :
Joie est mon caractère,
C’est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C’est la faute à Rousseau.
Cela continua ainsi quelque temps.
Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l’air de s’amuser beaucoup. C’était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l’ajustant. Il se couchait puis se redressait, s’effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés, haletants d’anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme ; c’était un étrange gamin fée. On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus leste qu’elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait, le gamin lui donnait une pichenette.
Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l’enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s’affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais il y avait de l’Antée[5]dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé, c’est comme pour le géant toucher la terre ; Gavroche n’était tomber que pour se redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l’air, regarda du côté d’où était venu le coup, et se mit à chanter :
Je suis tombé par terre,
C’est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C’est la faute à…
Il n’acheva point. Une seconde balle du même tireur l’arrêta court. Cette fois il s’abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s’envoler.
QUESTIONS PREPARATOIRES
a. Expliquez le jeu de mots « pour la soif »
b. Relevez les marques du registre épique.
c. Relevez les marques du registre pathétique.
d. Etudiez le jeu des métaphores désignant Gavroche et la préparation de la phrase finale.
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E/ DU REALISME AU NATURALISME
1. Etude de Honoré de Balzac, Le Cousin Pons (1847), Spécimen de portier (mâle et femelle)
La rue de Normandie est une de ces rues au milieu desquelles ont peut se croire en province: l'herbe y fleurit, un passant y fait événement, et tout le monde s'y connaît. Les maisons datent de l'époque où, sous Henri IV, on entreprit un quartier dont chaque rue portât le s nom d'une province, et au centre duquel devait se trouver une belle place dédiée à la France. L'idée du quartier de l'Europe fur la répétition de ce plan. Le monde se répète en toute chose partout, même en spéculation. La maison où demeuraient les deux musiciens est un ancien hôtel entre cour et jardin; mais le devant, sur la rue, avait été bâti lors de la vogue excessive dont a joui le Marais durant le dernier siècle. Les deux amis occupaient tout le deuxième étage dans l'ancien hôtel. Cette double maison appartenait à monsieur Pillerault, un octogénaire qui en laissait la gestion à monsieur et madame Cibot, ses portiers depuis vingt-six ans. Or, comme on ne donne pas des émoluments assez forts à un portier du Marais, pour qu'il puisse vivre de sa loge, le sieur Cibot joignait à son sou pour livre et à sa bûche prélevée sur chaque voie de bois, les ressources de son industrie personnelle; il était tailleur, comme beaucoup de concierges. Avec le temps, Cibot avait cessé de travailler pour les maîtres tailleurs; car, par suite de la confiance que lui accordait la petite bourgeoisie du quartier, il jouissait du privilège inattaqué de faire les raccommodages, les reprises perdues, les mises à neuf de tous les habits dans un périmètre de trois rues. La loge était vaste et saine, il y attenait une chambre. Aussi le ménage Cibot passait-il pour un des plus heureux parmi messieurs les concierges de l'arrondissement.
Cibot, petit homme rabougri, devenu presque olivâtre à force de rester toujours assis, à la turque, sur une table élevée à la hauteur de la croisée grillagée qui voyait sur la rue, gagnait à son métier environ quarante sous par jour. Il travaillait encore, quoiqu'il eût cinquante huit ans; mais cinquante-huit ans, c'est le plus bel âge des portiers; ils se sont faits à leur loge, la loge est devenue pour eux ce qu'est l'écaille pour les huîtres, et ils sont connus dans le quartier!
Madame Cibot, ancienne belle écaillère, avait quitté son poste au Cadran-Bleu par amour pour Cibot, à l'âge de vingt-huit ans, après toutes les aventures qu'une belle écaillère rencontre sans les chercher. La beauté des femmes du peuple dure peu, surtout quand elles restent en espalier à la porte d'un restaurant. Les chauds rayons de la cuisine se projettent sur les traits qui durcissent, les restes de bouteilles bus en compagnie des garçons s'infiltrent dans le teint, et nulle fleur ne mûrit plus vite que celle d'une belle écaillère. Heureusement pour madame Cibot, le mariage légitime et la vie de concierge arrivèrent à temps pour la conserver; elle demeura comme un modèle de Rubens, en gardant une beauté virile que ses rivales de la rue de Normandie calomniaient, en la qualifiant de grosse dondon. Ses tons de chair pouvaient se comparer aux appétissants glacis des mottes de beurre d'Isigny ; et nonobstant son embonpoint, elle déployait une incomparable agilité dans ses fonctions. Madame Cibot atteignait à l'âge où ces sortes de femmes sont obligées de se faire la barbe. N'est-ce pas dire qu'elle avait quarante-huit ans ? Une portière à moustaches est une des plus grandes garanties d'ordre et de sécurité pour un propriétaire. Si Delacroix avait pu voir madame Cibot posée fièrement sur son balai, certes il en eût fait une Bellone !
QUESTIONS
a) Repérez, les expressions de la généralisation ; montrez leur rapport avec le titre du chapitre.
b) Etudiez les liens qui unissent les lieux et les personnes ; en quoi sont-ils particuliers ?
c) Quel est le registre du portrait de madame Cibot ?
d) Dans cet extrait de roman, s'agit-il de fiction ou de réalité sociale et historique ?
2. Gustave Flaubert, L'Education sentimentale (1869)
L'Éducation sentimentale, rapporte les ambitions et les échecs d'un groupe de jeunes gens nés à l'époque du romantisme triomphant (dans les années 1825). Dans le passage qui suit, le héros, Frédéric Moreau, et son ami Hussonnet assistent au pillage du Palais des Tuileries, lors de la révolution de 1848.
Et ils arrivèrent dans la salle des Maréchaux. Les portraits de ces illustres, sauf celui de Bugeaud percé au ventre, étaient tous intacts. Ils se trouvaient appuyés sur leur sabre, un affût de canon derrière eux, et dans des attitudes formidables jurant avec la circonstance. Une grosse pendule marquait une heure vingt minutes.Tout à coup La Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe. C'était le peuple. Il se précipita dans 1'escalier, en secouant à flots vertigineux des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules, si impétueusement, que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait toujours, comme un fleuve refoulé par une marée d'équinoxe, avec un long mugissement, sous une impulsion irrésistible. En haut, elle se répandit, et le chant tomba. On n'entendait plus que les piétinements de tous les souliers, avec le clapotement des voix. La foule inoffensive se contentait de regarder. Mais, de temps à autre, un coude trop à l'étroit enfonçait une vitre; ou bien un vase, une statuette déroulait d'une console, par terre. Les boiseries pressées craquaient. Tous les visages étaient rouges; la sueur en coulait à larges gouttes; Hussonnet fit cette remarque :
- \" Les héros ne sentent pas bon! \"
- \" Ah! vous êtes agaçant \", reprit Frédéric.
Et poussés malgré eux, ils entrèrent dans un appartement où s'étendait, au plafond, un dais de velours rouge. Sur le trône, en dessous, était assis un prolétaire à barbe noire, la chemise entr'ouverte, l'air hilare et stupide comme un magot. D'autres gravissaient l'estrade pour s'asseoir à sa place.
- Quel mythe!f dit Hussonnet. \" Voilà le peuple souverain ! \"
Le fauteuil fut enlevé à bout de bras, et traversa toute la salle en se balançant.
- \" Saprelotte! comme il chaloupe! Le vaisseau de l'État est ballotté sur une mer orageuse! Cancane-t-il! cancane-t-il! \"
On l'avait approché d'une fenêtre, et, au milieu des sifflets, on le lança.
- \" Pauvre vieux! \" dit Hussonnet en le voyant tomber dans le jardin, où il fut repris vivement pour être promené ensuite jusqu'à la Bastille, et brûlé.Alors, une joie frénétique éclata, comme si, à la place du trône, un avenir de bonheur illimité avait paru; et le peuple, moins par vengeance que pour affirmer sa possession, brisa, lacéra les glaces et les rideaux, les lustres, les flambeaux, les tables, les chaises, les tabourets, tous les meubles, jusqu'à des albums de dessins, jusqu'à des corbeilles de tapisserie. Puisqu'on était victorieux, ne fallait-il pas s'amuser! La canaille s'affubla ironiquement de dentelles et de cachemires. Des crépines d'or s'enroulèrent aux manches des blouses, des chapeaux à plumes d'autruche ornaient la tête des forgerons, des rubans de la Légion d'honneur firent des ceintures aux prostituées. Chacun satisfaisait son caprice; les uns dansaient, d'autres buvaient. Dans la chambre de la reine, une femme lustrait ses bandeaux avec de la pommade; derrière un paravent, deux amateurs jouaient aux cartes ; Hussonnet montra à Frédéric un individu qui fumait son brûle-gueule accoudé sur un balcon; et le délire redoublait au tintamarre continu des porcelaines brisées et des morceaux de cristal qui sonnaient, en rebondissant, comme des lames d'harmonica.
QUESTIONS
a) La scène rapportée est historique ; quels éléments donnent l'effet de réel ?
b) Le narrateur donne des explications au lecteur sur le comportement de la foule ; qu'en pense-t-il lui-même ?
c) Les deux personnages échangent des propos ; sont-ils d'accord à propos du peuple ? Repérez les éléments qui vous aident à répondre.
d) Expliquez la métaphore du vaisseau de l'État et sa force symbolique.
e)Est-il possible de rendre compte de scènes historiques sans adopter un registre particulier ; quelle est la différence entre un texte littéraire et un écrit documentaire de presse ?
3. Guy de Maupassant, Préface de Pierre et Jean (1888)
La volonté de \" faire vrai \" et de retranscrire exactement le réel se heurte à plusieurs difficultés, qu'analyse Maupassant lui-même.
Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même.
Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes d'incidents insignifiants qui emplissent notre existence.
Un choix s'impose donc, - ce qui est une première atteinte à la théorie de toute la vérité.
La vie, en outre, est composée des choses les plus différentes, les plus imprévues, les plus contraires, les plus disparates; elle est brutale, sans suite, sans chaîne, pleine de catastrophes inexplicables, illogiques et contradictoires qui doivent être classées au chapitre faits divers.Voilà pourquoi l'artiste, ayant choisi son thème, ne prendra dans cette vie encombrée de hasards et de futilités que les détails caractéristiques utiles à son sujet, et il rejettera tout le reste, tout l'à-côté.
Un exemple entre mille: Le nombre des gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre. Mais pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d'un personnage principal, ou le jeter sous les roues d'une voiture, au milieu d'un récit, sous prétexte qu'il faut faire la part de l'accident ?
La vie encore laisse tout au même plan, précipite les faits ou les traîne indéfiniment. L'art, au contraire, consiste à user de précautions et de préparations, à ménager des transitions savantes et dissimulées, à mettre en pleine lumière, par la seule adresse de la composition, les événements essentiels et à donner à tous les autres le degré de relief qui leur convient, suivant leur importance, pour produire la sensation profonde de la vérité spéciale qu'on veut montrer.
Faire vrai consiste donc à donner l'illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession.
J'en conclus que les Réalistes de talent devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes.
QUESTIONS
a) Quels sont, d'après Maupassant, les différents obstacles à la volonté que peut avoir le romancier réaliste de faire vrai? Parmi ces obstacles, distinguez ceux qui viennent du romancier et ceux qui viennent de la vie.
b) Quelle est la conclusion paradoxale à laquelle parvient Maupassant ? Cette conclusion était-elle prévisible ?
c) À quelle forme de discours appartient ce passage ?
Bel-Ami
Guy de Maupassant
Répondez aux questions suivantes :
1. Expliquez le titre. Quels sont les différents noms du héros ? Pourquoi en change-t-il peu à peu ?
2. Quel point de vue le narrateur adopte-t-il dans ce roman ? Quel intérêt cela présente-t-il pour le lecteur ?
3. En quoi peut-on dire qu’il s’agit d’un roman d’apprentissage ?
4. Quels aspects de la société de son temps Maupassant critique-t-il dans ce roman ?
5. Bel-Ami ou la réussite par les femmes : présentez-les et indiquez leurs relations avec le héros.
6. Faites le portrait physique et psychologique de Bel-Ami.
7. Qui est Louis Langremont ?
8. Peut-on dire de Bel-Ami qu’il est un véritable journaliste ? Expliquez.
9. En quoi la mort de Forestier sert-elle Bel-Ami ? Donnez deux éléments de réponse.
10. Voici le dernier paragraphe du roman : Il descendit avec lenteur les marches du haut perron entre deux haies de spectateurs. Mais il ne les voyait point ; sa pensée maintenant revenait en arrière, et devant ses yeux éblouis par l’éclatant soleil flottait l’image de Mme de Marelle rajustant en face de la glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit. Commentez-le en indiquant quelle suite s’annonce dans ces quelques lignes.
La Maison Tellier de Maupassant
1) Quel personnage nomme-t-on « Madame » ?
2) Comment les filles qui travaillent pour elle sont-elles appelées par Maupassant ?
3) Comment Madame se comporte-t-elle avec celles-ci ?
4) Pourquoi la Maison Tellier est-elle séparée en deux ?
5) Pourquoi parle-t-on de « tristes promeneurs », d’ « esprits aigris » et d’ « altercation » dans le village ?
6) Qui fait sa première communion ?
7) Quels personnages voyagent dans le train avec Mme Tellier et les filles ?
8) Comment se comportent-ils à l’égard des filles ?
9) Qui est Joseph ? Pourquoi jouit-il d’une « immense considération » dans le village ?
10) Pourquoi Rosa pleure-t-elle à l’église ? Quelle en est la conséquence sur le reste de l’assistance ?
11) Pourquoi le curé parle-t-il d’un miracle ?
12) Comment M. Philippe annonce-t-il à M. Tournevau le retour des filles ?
13) L’histoire vous a-t-elle paru intéressante et originale ? Pourquoi ?
14) Citez un personnage qui vous a plu et un autre qui vous a déplu, en justifiant votre choix.
15) Qu’avez-vous appris de nouveau sur une époque, un milieu social, un pays, etc. ?
16) Avez-vous pris plaisir à la lecture ? Pourquoi ? (style, ton, point de vue)
17) A quoi ce livre vous a-t-il fait réfléchir ?
Maupassant, Boule de suif
Les personnages
1* Quel est le véritable nom de Boule de suif ?
2* Citez deux aliments faisant partie du panier de Boule de suif.
3* Reliez chaque personnage à son métier
M. Follenvie rentier
M. Carré-Lamadon grossiste en vin
M. Loiseau manufacturier
Le comte de Bréville aubergiste
4* Dressez le portrait de l’officier prussien
5* Pour quelles raisons les deux bonnes sœurs se rendent-elles au Havre ?
a. L’espace
1* Quelle trajectoire emprunte la diligence ? (point de départ, étape et arrivée)
b. Le temps
1* En quelle saison se déroule le voyage en diligence ?
2* Combien de jours la diligence sera-t-elle immobilisée par l’officier prussien?
c. Les thèmes
1* Pourquoi Boule de suif pleure-t-elle à la fin du récit ? Développez votre réponse en quelques lignes. Selon vous, quel est le thème principal de la nouvelle?
d. Vrai ou faux. Corrigez la proposition si celle-ci est fausse.
- L’aubergiste est atteint d’une bronchite chronique.
- Mme Carré-Lamadon est une femme vertueuse.
- Boule de suif a manqué de tuer un soldat prussien.
- Mme Follenvie est peu bavarde.
- A la fin du récit, Cornudet chante la Marseillaise, chant patriotique républicain.
- Le comte de Bréville tente d’accentuer sa ressemblance avec le roi Louis XIV.
- Les soldats prussiens s’invitent à la table des Français et ceux-ci leur doivent l’hospitalité et ne peuvent rien leur refuser sous peine de représailles.
- Boule de Suif est anti-bonapartiste.
- Boule de suif ne veut pas passer la nuit avec Cornudet car sa chambre est à côté de celle de l’officier allemand.
- Pour entreprendre ce voyage, tous les personnages ont reçu une autorisation de départ du général en chef.
Vocabulaire de la nouvelle
Expliquez les mots soulignés dans leur contexte
1* Il ne pouvait rien tenter avec ses loques disparates.
2* Le coffre entier geignait avec des craquements sourds.
3* Elle devenait plus rouge qu’une guigne.
4* Le tempérament populacier de Mme Loiseau éclata.
5* Elle regarda tous ses gens qui mangeaient placidement.
6* Ils traversèrent la ville avec célérité.
7* La comtesse montra cette condescendance aimable des très nobles dames.
8* Les soeurs obéirent avec docilité.
9* Et des voix graillonnante il prononça ...
10* L’atmosphère qui s’était peu à peu créée autour d’eux était chargée de pensées grivoises.
Mademoiselle Fifi
1) Quel temps fait-il durant toute la nouvelle ? En quoi est-ce important, selon vous ?
2) Citez trois grades militaires correspondant à des personnages de la nouvelle.
3) Faites brièvement le portrait de Mlle Fifi (physique et moral).
4) Justifiez ce surnom.
5) Comment les Prussiens ont-ils envie de passer une bonne soirée ?
6) Quel est le jeu favori de Mlle Fifi ? En quoi cela consiste-t-il ?
7) En quoi consiste « la fermeté, l’héroïsme » du curé, l’abbé Chantavoine ?
8) En quoi Rachel se distingue-t-elle des autres filles ?
9) Comment les Prussiens se comportent-ils durant cette soirée ?
10) Comment Mlle Fifi meurt-elle ?
11) Où Rachel se cache-t-elle à la fin ?
12) Comment l’histoire se finit-elle ?
13) L’histoire vous a-t-elle paru intéressante et originale ? Pourquoi ?
14) Citez un personnage qui vous a plu et un autre qui vous a déplu, en justifiant votre choix.
15) Qu’avez-vous appris de nouveau sur une époque, un milieu social, un pays, etc. ?
16) Avez-vous pris plaisir à la lecture ? Pourquoi ? (style, ton, point de vue)
17) A quoi ce livre vous a-t-il fait réfléchir ?
UNE VIE
1. Connaissance/compréhension
1. a. Quand Jeanne quitte le couvent pour vivre avec ses parents, quel est son grand rêve ?
b. En quoi cette obsession représente-t-elle un danger pour Jeanne ?
2. a. Une fois mariée, à quel moment apparaissent les premiers doutes (sur le Vicomte, sur le mariage en lui-même) dans l’esprit de Jeanne ?
b. Quels défauts (au moins deux) découvre-t-elle rapidement chez le Vicomte ?
3.a. Où se déroule leur voyage de noces ? b. Citez deux caractéristiques de ce pays.
c. Comment se passe le voyage de noces (soyez précis) ?
4. a. Qui se charge de préparer Jeanne à sa nuit de noces ? b. Pourquoi est-ce nécessaire ?
c. Comment cette personne s’y prend-elle ?
5. a. Comment Jeanne apprend-elle l’aventure de son mari avec Gilberte ? b. Qui mettra fin à cette aventure et comment ?
6. a. Comment Jeanne se console-t-elle lors de la veillée mortuaire de Petite-Mère ?
b. Qu’apprend-elle à cette occasion ?
7. Où se trouve le domaine de la famille de Jeanne Les Peuples ?
8. a. Qui conseille Jeanne alors qu’elle désire un deuxième enfant ?
b. Cet enfant verra-t-il le jour ? Expliquez.
9. Dans quelles circonstances Jeanne retrouve-t-elle Rosalie ?
2. Interprétation, liens avec le courant réaliste
1. Décrivez Jeanne moralement (au moins trois caractéristiques morales) et l’évolution de son caractère. Racontez une scène du roman pour appuyer chaque élément de votre description.
2. a. L’image du couple et de l’amour présente dans ce roman vous semble-t-elle correspondre à la littérature réaliste ? b. Quelle image du couple et de l’amour Maupassant transmet-il ? Cette image correspond-elle à tous les couples du roman ? Basez-vous au moins sur deux couples du roman en guise d’exemples.
3. En quoi ce roman est-il réaliste ? Relevez deux caractéristiques du réalisme vues en classe en vous appuyant sur des exemples du roman (épisodes ou caractéristiques du récit) pour les illustrer.
4. Décrivez Julien moralement. Appuyez-vous sur des exemples du livre.
5. Comparez Paul (adulte) à Julien moralement (une ressemblance et une différence).
6. Présentez, de manière comparative, les deux curés du village de Jeanne et la relation qu’elle entretient avec ces deux hommes.
Pierre et Jean
1- Où l’action du roman se déroule-t-elle ?
2- Quel âge Pierre et Jean ont-ils respectivement ?
3- En quelle année l’action se déroule-t-elle ? Appuyez-vous sur l’indice donné par Mme Roland au chapitre IV et sur l’âge des deux frères.
4- A quel métier se destine-t-il chacun ?
5- Quelle profession leur père a-t-il exercée par le passé ? Où ?
6- Pierre et Jean sont très différents d’un point de vue physique et moral. Pourtant, ils ont un projet en commun. Lequel ?
7- Qui est Mme Rosémilly ? Quel est son lien avec Pierre et Jean et la famille de ces derniers ?
8- Quelle nouvelle M. Lecanu annonce-t-il au chapitre I ? Soyez précis.
9- Quel goût commun M. Roland et son fils aîné partagent-ils ?
10- Quelle révélation Pierre a-t-il au chapitre III ? A partir de quelle remarque a-t-il cette révélation ? Par qui cette remarque est-elle prononcée ?
11- En quoi cette révélation se confirme-t-elle au chapitre suivant ?
12- Quelle décision importante pour son avenir Jean prend-il, lors de l’excursion à Saint-Jouin ?
13- En quoi Pierre se montre-t-il particulièrement provocateur lors de cette journée à Saint-Jouin ? Précisez.
14- Dans quel chapitre assiste-t-on à la révélation du secret ? Comment se fait-elle ? En quoi peut-on trouver des circonstances atténuantes au sujet de Louise ?
15- Quelle idée Jean trouve-t-il pour écarter Pierre de la famille ?
16- Montrez en quoi le comportement de Louise et de Jean change vis-à-vis de M. Roland.
17- A la fin du roman, qu’advient-il de Pierre ? Dans quel état d’esprit confus se trouve-t-il ? Expliquez.
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[1] Il s’agit du séjour parisien de René
[2] Cuistre : désigne ici celui qui fait étalage de son savoir hors de propos.
[3] De l’infanterie de ligne
[4] gardes nationaux de la banlieue de Paris
[5] Antée : fils de Poséidon et de la Terre ; ce géant, vaincu par Hercule, reprenait des forces au contact de la terre, sa mère
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