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Un homme cultivé voit le monde avec plus de couleur, de profondeur, de mystère. Qu'en pensez-vous ?

Publié le 09/12/2021

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L'homme cultivé sait apprécier, parce qu'il a des points de repère et de comparaison, la richesse du réel qui, pour un autre, est terne. - C'est l'idéal cosmopolite du xviii eme siècle illustré par les philosophes : la culture des autres civilisations fait partie intégrante de la nôtre. Ex. : Diderot et le Supplément au voyage de Bougainville ; au xvi eme siècle, Montaigne et ses « cannibales », dans les Essais. - Pourquoi ne pas prendre le mot « couleur » au sens propre et faire de l'homme cultivé une sorte d'anthropologue qui s'enrichit de la civilisation des hommes de toutes couleurs ? 2. Enrichir ses connaissances permet de lutter contre la grisaille : la culture sauve de l'ennui du quotidien, parce qu'elle lui donne un sens. Elle sauve parfois de la folie. Ex. : E.

« Introduction - Par boutade, A.

Gehlen a écrit : « L'homme est par nature un être de culture.

» Il reste à déterminer ce quereprésente cette culture, sachant que la définition de l'homme cultivé a été différente selon les siècles et les idéauxdes civilisations.- C'est ainsi qu'un auteur considère qu'« un homme cultivé voit le monde avec plus de couleur, de profondeur, demystère ».

La culture serait donc une façon d'envisager l'univers, elle ne se réduit pas à un simple savoir.

Mais l'onpeut s'interroger sur ce « mystère » qu'elle paraît malgré tout entretenir.

L'analyse de ce paradoxe amènera peut-être à redéfinir cette culture comme n'étant pas le fait de l'homme possédant un savoir.- D'où les axes de réflexion suivants :I.

La couleur et la profondeur du mondeII.

Le paradoxe du mystèreIII.

La culture comme sensibilité I.

La couleur et la profondeur du monde A.

Les couleurs du monde1.

Voir la couleur signifie voir la diversité des comportements, les nuances.

L'homme cultivé sait apprécier, parcequ'il a des points de repère et de comparaison, la richesse du réel qui, pour un autre, est terne.- C'est l'idéal cosmopolite du xviii eme siècle illustré par les philosophes : la culture des autres civilisations fait partieintégrante de la nôtre.Ex.

: Diderot et le Supplément au voyage de Bougainville ; au xvi eme siècle, Montaigne et ses « cannibales », dansles Essais.- Pourquoi ne pas prendre le mot « couleur » au sens propre et faire de l'homme cultivé une sorte d'anthropologuequi s'enrichit de la civilisation des hommes de toutes couleurs ?2.

Enrichir ses connaissances permet de lutter contre la grisaille : la culture sauve de l'ennui du quotidien, parcequ'elle lui donne un sens.

Elle sauve parfois de la folie.Ex.

: E.

Guinzbourg explique, dans Le ciel de la Kolyma, comment réciter des vers lui a permis de rester sensée aumilieu de l'aberration et de l'horreur des goulags. B.

La profondeur1.

L'épaisseur de la culture : la culture n'est pas un savoir, une somme de données simplement emmagasinées, maisun travail d'analyse sur ces connaissances.

« La profondeur est le terme de la réflexion », écrit le moraliste L.

deVauvenargues au xviii ème(le terme » a ici le sens de but, d'achèvement).- L'homme cultivé se distingue du savant ou du pédant, par cette capacité à établir des relations entre les choses.Ex.

: Rabelais se moque dans Gargantua des « sorbonicoles » dont la visée était uniquement encyclopédique.2.

La profondeur temporelle : elle est essentielle dans la culture qui se construit au cours des siècles.

« Un bonesprit cultivé est, pour ainsi dire, composé de tous les esprits des siècles précédents », dit Fontenelle à la fin duXVIIe siècle.Ex.

: la lutte contre la superficialité : l'homme cultivé ne se contente pas des apparences; il ne souscrit pas auxslogans (politiques ou publicitaires) dont nous sommes saturés.

Il ne se contente pas non plus de savoir un peu detout (arts, philoso-phie, science) pour briller en société.Ex.

: le snobisme ridicule du salon des Verdurin dans Du côté de chez Swann de Marcel Proust. Transition : sans aller jusqu'aux personnages du Pendule de Foucault de Umberto Eco qui finissent par mourir pour avoir pris trop au sérieux la culture, l'on peut se demander si le « mystère » avec lequel il voit le monde n'est pasune limite à cette culture. II.

Le paradoxe du mystère A.

Le mystère1.

Une ignorance sans limites : plus l'homme s'instruit dans les sciences, plus il se rend compte de tout ce qu'il neconnaît pas encore.

Ce mystère est lié à la profondeur du monde.Ex.

: l'astronomie, qui découvre de nouvelles étoiles, repousse les limites de nos connaissances.

Le savant moderneest obligé de pousser plus loin son apprentissage et se rend compte qu'il est sans fin.- L'homme cultivé est plongé dans les mystères, non seulement de la vie planétaire, mais aussi de la viepsychologique des individus.

Son savoir semble dérisoire par rapport aux infinies possibilités humaines.Ex.

: la psychologie et la psychanalyse modernes, au lieu de clarifier les processus psychiques, en montrentl'extrême complexité.- Par ailleurs, il peut prendre conscience qu'il est le jouet de forces qui le dépassent, contre lesquelles sa culturen'est qu'une piètre défense : la culture n'a jamais résolu le problème de la mort ou du sentiment de l'absurdité de lavie humaine.Ex.

: le théâtre de l'absurde qui laisse l'homme en proie au désespoir, dans En attendant Godot de Samuel Beckett.2.

La culture peut conduire à la désillusion : connaître les hommes, c'est connaître leur capacité à s'entre-tuerdepuis des siècles.Ex.

: le philosophe moderne Cioran revendique un certain nihilisme, au nom même de la culture occidentale, dans sonPrécis de décomposition, entre autres.

Voir aussi les suicides d'artistes comme celui du romancier japonais Mishima.. »

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