Un auteur contemporain, André Maurois, a pu dire : La lecture peut prendre 3 formes différentes, celle d'un vice, d'un plaisir sain ou d'un travail. Commentez chacune de ses affirmations en les illustrant par des exemples: romans, théâtre, poésie...
Publié le 09/12/2021
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Dans un essai intitule « Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs », Umberto Eco fait une distinction féconde entre deux types de lecteurs : d'après lui, il existe un lecteur de premier degré et un lecteur de second degré. Le premier lecteur se soucie avant tout de trouver du plaisir à l'histoire, qu'il parcourt sans attention particulière pour la forme et le style dans laquelle celle-ci est narrée. En revanche, le second lecteur se soucie davantage de la séquence des événements, de la forme et de la structure du récit, et se distingue tout particulièrement du premier par sa capacité à la relecture. Durant celle-ci, il s'intéressé a l'imbrication des événements, a leur montage, et cherche a pénétrer dans l'atelier de l'écrivain, de retrouver le plan qui a préside a l'écriture de son oeuvre, qu'elle soit en prose ou en vers, narrative ou théâtrale. Cette distinction peut nous permettre d'approcher le propos d'André Maurois, pour qui « La lecture peut prendre trois formes différentes : celle d'un vice, d'un plaisir sain ou d'un travail ». Nous verrons en effet que cette distinction entre différents types de lecture se superpose en vérité avec une différence entre lecteurs. Si certains ne se soucient de la lecture que pour y trouver un plaisir, plus ou moins vain et facile, d'autres au contraire ont un rapport plus intellectuel a la lecture, et y recherchent moins la confirmation de ce qu'ils savent déjà, ou le passe temps mineur de moments d'ennui, que la réponses a des questions et le moyen de faire des expériences que l'écriture seule peut procurer. Cependant, il faut bien voir que la distinction faire par Umberto Eco ne permet guère de rendre raison du troisième type de lecture explicitée par André Maurois : la lecture comme « travail ». Celle-ci est tout particulièrement le propre de l'écrivain, qui se rapporte à l'oeuvre des autres pour situer la sienne dans l'histoire de la littérature antérieure et contemporaine ou pour nourrir un travail d'hypertextualite. La question au centre de notre travail sera donc d'identifier les différents types de lecteurs et leurs motivations propres correspondant aux trois formes de lecture identifiées par André Maurois : la lecture qui prend la forme d'un vice, d'un plaisir sain et d'un travail.
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Dans un essai intitule « Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs », Umberto Eco fait une distinction féconde entre deux types de lecteurs : d'après lui, il existe un lecteur de premier degré et un lecteur desecond degré.
Le premier lecteur se soucie avant tout de trouver du plaisir à l'histoire, qu'il parcourt sans attentionparticulière pour la forme et le style dans laquelle celle-ci est narrée.
En revanche, le second lecteur se souciedavantage de la séquence des événements, de la forme et de la structure du récit, et se distingue toutparticulièrement du premier par sa capacité à la relecture.
Durant celle-ci, il s'intéressé a l'imbrication desévénements, a leur montage, et cherche a pénétrer dans l'atelier de l'écrivain, de retrouver le plan qui a préside al'écriture de son œuvre, qu'elle soit en prose ou en vers, narrative ou théâtrale. Cette distinction peut nous permettre d'approcher le propos d'André Maurois, pour qui « La lecture peut prendre trois formes différentes : celle d'un vice, d'un plaisir sain ou d'un travail ».
Nous verrons en effet que cettedistinction entre différents types de lecture se superpose en vérité avec une différence entre lecteurs.
Si certainsne se soucient de la lecture que pour y trouver un plaisir, plus ou moins vain et facile, d'autres au contraire ont unrapport plus intellectuel a la lecture, et y recherchent moins la confirmation de ce qu'ils savent déjà, ou le passetemps mineur de moments d'ennui, que la réponses a des questions et le moyen de faire des expériences quel'écriture seule peut procurer.
Cependant, il faut bien voir que la distinction faire par Umberto Eco ne permet guèrede rendre raison du troisième type de lecture explicitée par André Maurois : la lecture comme « travail ».
Celle-ci esttout particulièrement le propre de l'écrivain, qui se rapporte à l'œuvre des autres pour situer la sienne dans l'histoirede la littérature antérieure et contemporaine ou pour nourrir un travail d'hypertextualite. La question au centre de notre travail sera donc d'identifier les différents types de lecteurs et leurs motivations propres correspondant aux trois formes de lecture identifiées par André Maurois : la lecture qui prend la forme d'unvice, d'un plaisir sain et d'un travail.
I.
La lecture prend la forme d'un vice pour le lecteur de première degré Lire pour trouver la confirmation de ce que l'on connait déjà a.
Dans « Si par une nuit d'hiver un voyageur », Italo Calvino s'interroge sur les différents types de lecteurs et de lecture possible.
L'un des personnages de ce roman brillant est Ludmilla, une lectrice professionnelle qui travaille àl'université, dont le type de rapport au livre est implicitement critique par Italo Calvino : en effet, celle-ci serapporte au livre non pour découvrir quelque chose qu'elle ne connait pas (une relation singulière au monde, lanarration d'une expériences inédite ou tout simplement des connaissances dont elle ne dispose pas encore) mais aucontraire pour y trouver la confirmation de ce qu'elle connait déjà en raison de ses lectures précédentes ou de sespropres expériences.
Nous dirons donc qu'un tel type de lecture peut en effet prendre la forme d'un vice, dans lamesure où c'est bien d'un rapport vicie a la lecture qu'il s'agit puisque la lecture est prise a contre courant de sanature propre (elle est censée apprendre, apporter, nourrir, et non conforter dans des opinions préconçues).
Lire pour trouver une compensation a l'existence réelle b.
D'autres textes littéraires ont identifié des rapports paradoxaux et délétères à la littérature elle-même, notamment Don Quichotte de Cervantès et Madame Bovary de Flaubert.
Ces deux romans extrêmement distincts ont ceci en commun que leur protagoniste principal se rapporte à la lecture pour y trouver une compensation à lamédiocrité de son existence réelle.
Don Quichotte se passionne pour la littérature de chevalerie parce qu'elle luiparle d'un temps d'héroïsme qui contredit l'époque moderne dans laquelle les hommes de son tems s'engageaient.Quant à Emma Bovary, elle cherche dans la littérature romantique une échappatoire à la vie banale et triste qui estla sienne.
Dans les deux cas, nous pouvons parler d'une pratique vicieuse de la littérature, puisqu'elle débouché surdes comportements délétères, tels que la folie ou le suicide.
Et dans les deux cas nous avons affaire à des lecteursde premier degré (pour reprendre la distinction d'Eco) puisque la lecture est pour eux l'occasion de confondre laréalité et la fiction, la forme et l'écriture elle-même n'étant jamais l'objet de leur attention.
II.
La lecture prend la forme d'un plaisir sain pour le lecteur de second degré Lire pour faire une découverte de l'altérite a.
Cependant, nous pouvons identifier un autre rapport à la lecture, qui fait de celle-ci un plaisir sain : le rapportentretenu par le lecteur de second degré.
En effet, ce lecteur se rapport a la forme aussi bien qu'au contenu dulivre, et contrairement a la Ludmilla d'Italo Calvino dont nous parlions plus haut, se délecte de découvrir quelque.
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