Ukraine (2005-2006): Un pouvoir paralysé par les rivalités
Publié le 30/09/2020
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Ukraine (2005-2006): Un pouvoir paralysé par les rivalités
La « révolution orange » de décembre 2004 n’aura pas abouti à une transformation
radicale de l’Ukraine.
Au-delà d’appels répétés au changement, le président
Victor Iouchtchenko et son Premier ministre Ioulia Timochenko ne se retrouvaient
pas sur un même programme de réformes économiques et sociales.
Leurs dissensions
apparurent manifestes lorsque I.
Timochenko suggéra la « reprivatisation » (et
donc la renationalisation préalable) de 3 000 entreprises, tandis que le
président ne voyait la nécessité d’une telle man œuvre que dans le cas de 300
voire de 30 entreprises.
Au sein même du gouvernement, les orientations
différaient sensiblement selon les ministres et auguraient mal d’une véritable
transition.
Les divergences de vues au sommet de l’État furent d’ailleurs
institutionnalisées par la nomination d’un proche de V.
Iouchtchenko, Petro
Porochenko, à la tête du Conseil national de défense et de sécurité.
En
intervenant dans de nombreux dossiers à contre-courant du Premier ministre, P.
Porochenko contribua à miner l’autorité de celui-ci, provoquant finalement une
crise politique et sa démission.
Le contentieux qui scella le renvoi de I.
Timochenko portait en outre sur un conflit d’intérêts personnels autour d’une
entreprise sidérurgique (Nikipol Ferro-Alloy), alors même que la confusion entre
les sphères économique et politique avait été décriée sous le régime précédent.
Enfin, les rivalités politiques et l’absence d’une vision réformatrice pour
l’Ukraine affectaient d’autant plus la capacité d’action du nouveau pouvoir que
l’année qui suivit la « révolution orange » fut une année électorale.
Celle-ci ne fut guère mise à profit par le président Iouchtchenko.
Loin de lui
assurer un soutien au Parlement, les élections législatives du 26 mars 2006 ont
contribué à sa marginalisation.
Non seulement le Parti des régions, la formation
prorusse de son rival à l’élection présidentielle de 2004, Victor Ianoukovitch,
l’a emporté avec 32,1 % des suffrages, mais, au sein même du camp « orange », le
parti se réclamant des idées du président Iouchtchenko – Notre Ukraine – (13,9
%) a réalisé un score inférieur à celui de I.
Timochenko (22,2 %).
En outre, la
réforme institutionnelle que V.
Iouchtchenko avait consentie lors de la crise de
l’hiver 2004 a réduit les prérogatives de la fonction présidentielle au profit
du Premier ministre, de sorte que le capital politique acquis dans le contexte
de la « révolution orange » paraissait largement consumé.
Laborieuse mise en place des réformes
Le nouveau pouvoir n’a pu, en outre, s’appuyer sur des succès probants en
politique intérieure.
Les clarifications promises à propos de l’assassinat d’un
journaliste en 2000 (Gueorguy Gongadze) et de la tentative d’empoisonnement dont
V.
Iouchtchenko avait été l’objet en 2004 n’ont pas été fournies.
La mise en
place d’un véritable État de droit tardait.
Le remplacement de milliers de
fonctionnaires s’est davantage apparenté à une purge qu’à une modernisation
durable des structures administratives.
La réforme des douanes a apporté des
améliorations mais la corruption, dans ce domaine comme dans d’autres,
continuait de prospérer.
L’adhésion à l’OMC (Organisation mondiale du commerce),
envisagée lors de la Conférence ministérielle de l’organisation à Hong Kong en
décembre 2005, a été reportée, des groupes de pression étant parvenus à bloquer.
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