Ukraine (1999-2000): Grande réticence populaire aux réformes
Publié le 30/09/2020
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Ukraine (1999-2000): Grande réticence populaire aux réformes
Le 14 novembre 1999, le président Leonid Koutchma a été réélu avec 56,3 % des
voix et un taux de participation de 73,8 %.
Il a démontré à cette occasion sa
capacité à rassembler derrière lui la très grande majorité des milieux liés aux
"oligarques" et les électeurs d'Ukraine occidentale, désorientés par la scission
du parti pour lequel ils votaient généralement, le Roukh (nationaliste et
pro-occidental).
Il a vraisemblablement rallié aussi une partie des milieux
souhaitant préserver avant tout la stabilité du pays ou certains acquis sociaux
de l'époque soviétique.
Le candidat du Parti communiste Petro Symonenko a
cependant obtenu le score de 37,8 %.
On a, enfin, remarqué la percée, lors du
premier tour, de Natalia Vitrenko, une candidate à la rhétorique d'ultra-gauche,
qui a dénoncé la corruption omniprésente, et a obtenu près de 11 % des voix.
L'opinion ukrainienne est apparue divisée, rendant difficile la mise en œuvre de
la politique d'accélération des réformes libérales, constamment repoussée depuis
l'indépendance.
L.
Koutchma a gagné les élections au prix de louvoiements
constants : flatterie de l'électorat nationaliste, appels à contrer la "menace
rouge", rappel de sa carrière de "manager" soviétique, soutien à la paix civile,
sommet avec les six chefs d'État d'Europe centrale à Lvov au printemps 1999 puis
rencontre avec le président russe Boris Eltsine en Crimée avant les élections.
Sa victoire s'est aussi accompagnée de graves entraves à la liberté d'expression
et d'une vague d'assassinats et d'attentats faisant craindre une dérive
autoritaire.
L.
Koutchma prônait désormais un système présidentiel largement
calqué sur ceux de la Russie et de la Biélorussie.
Le référendum qui s'est tenu
en avril 2000, contre l'avis du Parlement et du Conseil de l'Europe, a vu plus
de 80 % des électeurs approuver la limitation du pouvoir parlementaire.
Malgré les critiques occidentales vis-à-vis du président, le FMI avait accepté
de le soutenir en annonçant, en septembre 1999, le déblocage d'une tranche de
prêts, dont le versement a été suspendu après les élections.
L'organisation a
par la suite accentué sa pression, conditionnant l'obtention de prêts à la
privatisation du secteur public.
La question de la fermeture de la centrale
nucléaire de Tchernobyl - qui était désormais véritablement engagée - a
constitué, dans ce contexte, un atout pour les négociateurs de Kiev.
La vente
des fleurons de l'économie ukrainienne (industrie spatiale, aéronautique,
pétrochimie, etc.) permettrait de renflouer les caisses de l'État, de
contrebalancer les demandes de la Russie visant à prendre des parts dans les
entreprises ukrainiennes pour se faire rembourser la dette énergétique de Kiev
(comme cela a déjà été le cas en 2000 avec la prise de contrôle de l'industrie
d'aluminium ukrainienne par un consortium russe).
Ces ventes pourraient aussi
permettre de rembourser les prêts arrivant à échéance en 2000-2001 et d'obtenir
l'appui des puissances occidentales.
Les négociations difficiles avec le FMI ont
poussé L.
Koutchma à nommer, fin 1999, un nouveau Premier ministre, Viktor
Youchtchenko, et à entreprendre, début 2000, une épreuve de force avec le
Parlement.
Le nouveau chef de gouvernement semblait cumuler les avantages : 45
ans, marié à une Américaine, favorable à la privatisation et à la
décollectivisation, président de la banque nationale de 1993 à 1999, originaire
de l'est du pays mais ayant appuyé un candidat du Roukh lors des précédentes
élections.
Il restait à savoir quelle a été sa responsabilité dans la
fabrication des données statistiques falsifiées qui ont été présentées en 1998.
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