Ubu roi

« Ubu roi est une pièce de lycéen écrite par le jeune Alfred Jarry inspirée de la pièce de son camarade Charles Morin Les Polonais (1885), mise en scène au Théâtre de l'Œuvre puis publiée dans La Revue d'Art en 1896.

La première ébauche de cette œuvre est écrite dans un lycée des Rennes des 1885.

Considéré comme précurseur du mouvement surréaliste et du théâtre de l'absurde, Jarry mêle dans cette œuvre provocation, absurde, satire, parodie et humour gras.

Ses cinq actes présentent les tribulations du Père Ubu et de sa femme, décidés à prendre le pouvoir dans une Pologne imaginaire.

Ubu se laisse convaincre par sa femme, il tue le roi Venceslas, prend sa place et en profite pour imposer ses lois cruelles et stupides à toute la population.

Le peuple révolte et se retourne contre Ubu qui est obligé de fuir à l'étranger.

Ubu est une sorte de caricature du bourgeois du 19e siècle qui ne pense qu'à manger et à amasser de l'argent. La première représentation de la pièce fait scandale et la pièce n'est ensuite plus rejouer du vivant de Jarry.

En 1922, la seconde véritable mise en scène de la pièce est un échec.

La pièce est entrée, cependant au répertoire de la Comédie Française en 2009.

Dans cette œuvre Jarry remet en cause bien de certitudes littéraires et fait voler en éclat les conventions dramaturgiques.

Sa provocation marque profondément tout le théâtre du 20e siècle.

Ubu le roi continue aujourd'hui encore de provoquer, de choquer le lecteur et le spectateur et ça rend nécessaire une référence aux positions radicalement nouvelles de son auteur et sa vision sur le théâtre. Jarry a exprimé ses positions dans de nombreux écrits postérieurs à la création de la pièce.

Pour lui, l'art et la vie sont indissociables et ne forment qu'un seul et même concept. Mais ce postulat ne conduit pas à la recherche d'une création dramatique réaliste, comme le faisaient ses contemporains.

Il s'agit, comme le souligne Henri Béhar dans Jarry dramaturge, de « rethéâtraliser le théâtre en refusant de l’assimiler à un événement quotidien, pur reflet d'une réalité apparente.

Mais Jarry va plus loin, il ne veut pas, dans la réalisation d'Ubu Roi, qu’on se figure assister à un rituel artistique.

Il ne veut pas choisir entre l’art et la vie ; pour lui, ces deux concepts n'en font qu’un, et le théâtre est justement leur lieu d’intersection.

Le théâtre, c'est la vie, mais à condition de le débarrasser, au préalable, de toutes ses conventions ». Si Jarry méprise le public et le théâtre, il ne les supprime pas totalement de ses préoccupations.

Il a bien conscience qu'une pièce n'existe qu’à partir du moment où il y a création, c'est-à-dire collaboration entre l’auteur et les spectateurs par l'intermédiaire de la scène.

Cette œuvre n'acquiert sa portée mythique que par la représentation.

Jarry souligne que l’auteur faut être mû par une volonté de création telle qu’on se sente obligé de rivaliser avec 1 la vie par la synthèse, en donnant l'existence à un personnage tel qu’il s'impose à la conscience des spectateurs, qu’il soit une présence inoubliable.

Il est admis par tous qu'Hamlet, par exemple, est plus vivant qu'un homme qui passe, car il est plus compliqué et avec plus de synthèse.

Le personnage dramatique est en effet.... »