Turquie (1999-2000): Séisme meurtrier
Publié le 30/09/2020
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Turquie (1999-2000): Séisme meurtrier
En 1999, le pouvoir en Turquie est resté soumis à l'armée, par l'intermédiaire
du Conseil de sécurité nationale (MGK), dont les "recommandations" et de simples
menaces avaient suffi pour mettre fin au gouvernement islamiste de Necmettin
Erbakan (juin 1996-juin 1997).
Après l'épisode islamiste, le pouvoir est passé à
une coalition de centre droit (juin 1997-novembre 1998), défaite par des
affaires de corruption, puis au Parti de la gauche démocratique (DSP) de Bülent
Ecevit, réputé pour son intégrité (janvier 1999).
Enfin, les élections
anticipées du 18 avril 1999 ont profité à la fois au DSP (22 % des voix) et au
Parti nationaliste du mouvement (MHP, extrême droite, 18 %) ; les islamistes,
majoritaires au Parlement pendant quatre ans mais affaiblis par les mesures qui
ont frappé leur parti, le Refah, son dirigeant N.
Erbakan et le maire d'Istanbul
Recep T.
Erdogan, ont subi une grave défaite, le Fazilet (ou Parti de la vertu,
constitué en remplacement du Refah interdit) n'ayant obtenu que 15 % des
suffrages.
Les partis du centre ont été marginalisés.
B.
Ecevit a formé une
coalition avec le DSP (qui a obtenu 11 ministères, dont les Affaires étrangères,
la Justice, l'Éducation et l'Environnement), le MHP (11 ministères, dont la
Défense, l'Agriculture, les Transports et la Santé) et le Parti de la mère
patrie (ANAP, conservateur ; 10 ministères, dont l'Intérieur, les Finances,
l'Énergie et le Travail).
La Turquie est restée très marquée par le nationalisme, tandis que l'armée
continuait d'imposer une "laïcité" rigide et un rituel idéologique pétrifié.
Depuis la chute du gouvernement islamiste en 1997, la lutte contre la "réaction
religieuse" est restée prioritaire.
Le début de l'année 2000 a vu des
affrontements armés entre des islamistes et la police à Istanbul et à Van et, en
février, la découverte des corps de 56 personnes suppliciées probablement par
l'organisation islamique clandestine Hezbollah - qui avait été utilisée par le
pouvoir pour lutter contre les insurgés du PKK (Parti des travailleurs du
Kurdistan) - a relancé la répression ; des centaines de militants ont été
incarcérés.
En juillet 2000, N.
Erbakan a été condamné à un an de prison pour
"incitation à la haine raciale ou religieuse", ce qui pouvait bien l'écarter
définitivement de la vie politique.
Toutefois, à l'approche de l'élection
présidentielle (mai 2000), le Fazilet, qui affichait des positions modérées,
s'est vu courtisé pour jouer un rôle d'arbitre au Parlement.
De fait, les cinq grands partis se sont alliés pour permettre l'élection d'Ahmet
Necdet Sezer à la présidence de la République.
Élu par le Parlement à la
majorité absolue, le 5 mai 2000, cet ancien président de la Cour
constitutionnelle a fait grandir l'espoir d'une démocratisation de la vie
politique.
Poursuite de la répression des partis prokurdes
L'actualité de 1999 a été marquée par les difficultés rencontrées par le PKK
(marxiste-léniniste), qui menait une guerre de guérilla contre l'armée turque
dans le sud-est de la Turquie depuis 1984.
En fuite depuis octobre 1998, son
président Abdullah Öcalan a été enlevé par un commando turc au Kénya (15 février
1999), incarcéré puis jugé par la Cour de sûreté de l'État.
Il a été condamné à.
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