Turquie (1987-1988): Affirmation du pouvoir civil
Publié le 30/09/2020
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Turquie (1987-1988): Affirmation du pouvoir civil
L'année 1987 a été marquée, sur le plan de la politique intérieure, par la levée
des "interdits" frappant, depuis le coup d'État militaire du 12 septembre 1980,
les anciens dirigeants politiques, par les élections législatives de novembre et
par les tentatives du Premier ministre, Turgut Özal, de réduire le poids des
militaires dans la vie politique.
Alors que l'article provisoire de la Constitution de 1982, qui interdisait pour
dix ans la participation des anciens leaders à la vie politique pouvait être
supprimé par un vote parlementaire, T.
Özal a choisi de recourir à un référendum
sur la question.
Jetant abusivement la radio et la télévision d'État dans la
bataille électorale, menaçant de sanctions économiques les régions réfractaires,
il a appelé plus ou moins explicitement à voter pour le "non".
Ce n'est que de
justesse que le 6 septembre 1987, les "oui" l'ont emporté (50,24% contre 49,76%)
; deux cent quarante et un hommes politiques, parmi lesquels deux anciens
Premiers ministres, Süleyman Demirel, chef de l'ex-Parti de la justice, et
Bülent Ecevit, président de l'ex-Parti républicain du peuple, ont pu ainsi
recouvrer leurs droits politiques.
Le jour même du référendum, le Premier ministre, pour prendre de court les
partis d'opposition, annonçait la tenue, début novembre, d'élections anticipées.
Fort de l'appui de la majorité parlementaire du Parti de la mère patrie (ANAP),
il faisait en outre adopter par l'Assemblée une nouvelle loi électorale
nettement favorable au parti gouvernemental.
Ces initiatives ont provoqué une
crise constitutionnelle ; un des articles de cette loi contrevenant à la règle
de la Constitution a dû être annulé par la Cour constitutionnelle, ce qui a eu
pour effet de repousser le scrutin au 29 novembre.
Succès du parti gouvernemental
Le mode de scrutin proportionnel - barrage éliminatoire de 10% au niveau
national et attribution des restes aux partis majoritaires - explique en partie
le succès remporté par l'ANAP (294 sièges sur 450, avec seulement 36,24% des
voix).
En outre, les espérances suscitées par un certain dynamisme économique -
au coût social certes très élevé -, l'aspiration d'une grande partie de la
population à la stabilité politique, l'attitude habile du pouvoir envers les
valeurs de l'islam et enfin le soutien concret que l'ANAP a su s'assurer auprès
des milieux d'affaires ont sans doute porté un tiers de l'électorat à voter pour
l'ANAP.
Autre parti libéral, le Parti de la juste voie (DYP) de Süleyman Demirel
a recueilli 19,30% des suffrages et 54 sièges.
Incapable de forger un programme
économique de développement tenant compte des nouvelles exigences d'une société
en pleine mutation, le Parti populaire social-démocrate (SDHP) d'Erdal Inönü a
dû se contenter de 24,72% des voix, conservant néanmoins la place de premier
parti d'opposition.
Quant au Parti de la gauche démocratique (DSP) de Bülent
Ecevit, désireux d'assurer le leadership de la gauche modérée et refusant la
fusion de sa formation avec le SDHP, il n'a pas obtenu, avec 8,56% des voix, de
siège au Parlement, pas plus que le Parti du bien-être (RP) de tendance
islamique de Necmettin Erbakan et le Parti du travail nationaliste de
l'ex-colonel Alparslan Türkes..
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