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Tunisie (2005-2006) Croissance et stabilité au prix fort

Publié le 27/09/2020

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« Tunisie (2005-2006) Croissance et stabilité au prix fort Cinquante ans après avoir obtenu l’indépendance, la Tunisie a affiché ses ambitions : quitter le bataillon des pays dits « intermédiaires » et rejoindre le club des « pays développés », doubler le revenu de chaque Tunisien, réduire fortement le chômage… Vaste programme lancé par le chef de l’État, le président Zine el-Abidine Ben Ali, lors d’un discours prononcé en mai 2006, peu après la (discrète) célébration officielle d’un demi-siècle d’indépendance. L’objectif ne demeurait pas hors de portée.

Année après année, la Tunisie a engrangé les fruits d’une croissance soutenue (5 % par an en moyenne au cours de la décennie 1995-2005 et légèrement au-delà en 2006).

Dotés d’infrastructures de bonne qualité, ses habitants ont pu jouir d’un niveau de vie supérieur à celui de leur voisin algérien, pourtant mieux pourvu en ressources naturelles.

Et l’industrie textile, l’un des piliers de l’économie, n’a rien perdu de son dynamisme.

Ceux qui redoutaient qu’elle soit balayée par la vague des exportations chinoises en Europe en ont été pour leurs frais.

Après avoir encaissé le choc, les firmes tunisiennes sont reparties de l’avant en misant sur le haut de gamme et la flexibilité autorisée par la proximité géographique avec le Vieux Continent.

Résultat, les exportations du secteur textile-habillement sont reparties à la hausse.

Le tourisme – l’autre carburant de l’économie tunisienne – s’est porté on ne peut mieux et les autorités escomptaient battre en 2006 le record enregistré l’année précédente avec 6 millions de visiteurs étrangers. Les Occidentaux en général, et la France – premier partenaire économique de la Tunisie – en particulier, ont choyé le président d’un pays se développant avec une telle constance, sans connaître d’agitation politique ou sociale. Anecdotique mais révélateur, le successeur de Bourguiba a reçu, au printemps 2006, la médaille d’or de l’Académie des inscriptions et belles-lettres de l’Institut de France en récompense de l’« engagement de la Tunisie dans l’éducation et la culture ». La stabilité tunisienne s’est payée au prix fort du point de vue politique.

Le président, qui fêtera en 2007 vingt années de pouvoir, n’a pas relâché son emprise sur un pays dirigé d’une main de fer.

Les syndicats sont restés sous sa botte, l’opposition muselée et les islamistes en prison ou exilés.

Ceux qui à l’extérieur doutaient encore du caractère policier du régime ont du en convenir lorsque, en novembre 2005, un journaliste du quotidien français Libération, venu couvrir le sommet mondial de la société de l’information (organisé sous l’égide des Nations unies), a été blessé dans le dos d’un coup de couteau.

Il avait eu le tort de publier des articles peu amènes pour le régime de Ben Ali. Depuis lors, le régime ne s’est en rien assoupli.

Une preuve supplémentaire en a été fournie lorsque la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), le dernier lieu de résistance, a tenté de tenir son congrès.

Comme la fois précédente, le pouvoir, en se cachant derrière une justice aux ordres, a réussi à l’en empêcher.

En juin 2006, quelques députés du Parlement européen s’en sont émus. Ils ont eu beau le faire en des termes très diplomatiques, l’écho de leur. »

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