Tunisie (2003-2004) Fragilité des marchés ouverts à la concurrence
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (2003-2004)
Fragilité des marchés ouverts à la concurrence
Les années électorales se suivent et se ressemblent au pays du président Zine
el-Abidine Ben Ali.
Pour pouvoir briguer un nouveau mandat en octobre 2004, le
chef de l’État tunisien avait pris soin de remanier la Constitution par
référendum en 2002, ce qui lui permet de se représenter en 2004 et en 2009.
Comme en 1999, le pouvoir a cultivé l’illusion démocratique en suscitant des
candidatures alibis face à un président tout-puissant, d’autant plus assuré de
l’emporter avec un score ridiculement élevé que ses dix-sept ans à la tête du
pays ont laminé tous les contre-pouvoirs susceptibles de contester son autorité
et la mainmise de son parti sur la vie politique.
Le régime n’a pas desserré sa pression sur les rares organisations indépendantes
de la société civile et sur les partis d’opposition, dont les membres ont été
régulièrement harcelés au cours de l’année 2003-2004.
La longue grève de la faim
suivie d’octobre à décembre 2003 par l’avocate Radhia Nasraoui a permis de faire
mieux connaître à l’extérieur du pays la nature répressive du pouvoir de Z.
Ben
Ali.
Mais ce dernier a bénéficié du soutien remarqué du président français
Jacques Chirac, qui, lors de sa visite officielle à Tunis en décembre 2003, a
jugé la situation tunisienne satisfaisante en matière de droits humains.
Le régime a également profité, en 2003, d’un vif redressement économique après
deux mauvaises années en 2001 et 2002.
Des pluies abondantes ont redonné du
tonus à un secteur agricole sinistré par la sécheresse des années précédentes,
les exportations se sont, elles aussi, redressées, et le tourisme a repris sa
progression après deux saisons calamiteuses.
Selon les chiffres officiels,
l’année 2003 aura renoué avec une croissance de l’ordre de 5,5 %.
Les fragilités de l’économie n’en demeurent pas moins préoccupantes.
Le secteur
bancaire reste plombé par les créances irrecouvrables, la masse des impayés
atteignant – selon certaines sources – quelque 4 milliards de dinars.
L’endettement des ménages a, lui aussi, continué à grimper.
Quant à la dette
extérieure, sans atteindre des niveaux insoutenables, elle dépassait 53 % du PNB
(produit national brut).
Mais les plus grosses menaces, dans l’immédiat, semblent provenir d’une
concurrence accrue à la fois sur les marchés intérieur et extérieurs.
Le
démantèlement douanier, consécutif aux prescriptions des institutions
financières internationales et à la mise en œuvre de l’accord de libre-échange
avec l’Union européenne, permet désormais aux produits européens d’entrer
librement en Tunisie et de faire une rude concurrence aux produits locaux.
En
Europe même, le démantèlement programmé de l’Accord multifibres (AMF), qui
amènera l’ouverture du marché, à partir de 2005, aux produits manufacturés
asiatiques, risque de mettre à dure épreuve l’industrie tunisienne du textile et
de la confection, peu préparée à affronter une telle concurrence et sur laquelle
repose une bonne partie de la relative prospérité du pays.
La fermeture de plusieurs usines en 2003 et 2004 et le licenciement de leur
main-d’ œuvre risquent, dans ce contexte, d’être les signes avant-coureurs d’une.
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