Tunisie (1999-2000) Perte de légitimité du régime
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (1999-2000)
Perte de légitimité du régime
La fin de l'année 1999 a été marquée par les élections du 24 octobre.
Le
président Zine el-Abidine Ben Ali y a été réélu pour un troisième et
théoriquement dernier mandat, avec 99,44 % des suffrages, et son parti, le
Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), a remporté, avec
officiellement 91,51 % des suffrages, 148 des 182 sièges du Parlement, une
trentaine de sièges ayant été octroyés à l'opposition légale.
Ces scores n'ont
pas amélioré l'image d'un régime régulièrement dénoncé pour son autoritarisme,
pour sa réponse policière à toute forme de critique et, de plus en plus, pour la
corruption de ses cercles dirigeants.
Il lui a donc fallu "gérer" la dégradation
de son image extérieure et une montée de la contestation à l'intérieur.
La couverture très critique des élections par la presse française a provoqué un
refroidissement entre Tunis et Paris, qui s'est traduit, entre autres, par le
lancement d'une campagne d'arabisation destinée à restreindre l'usage, toujours
important, de la langue française, même si la Tunisie est désormais un pays très
majoritairement arabophone.
Les relations tuniso-françaises, après avoir
retrouvé un cours presque normal avec la visite à Tunis, en février 2000, du
ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, se sont à nouveau
tendues lors de la grève de la faim du journaliste Taoufik Ben Brik, qui a
trouvé un large écho dans les médias français.
Les relations avec l'Union
européenne, dont la plupart des États membres avaient émis des réserves sur les
dérives du pouvoir tunisien, se sont également réchauffées à partir de janvier
2000, la présidence portugaise ayant adopté à l'égard de Tunis un ton plus
conciliant.
À l'intérieur du pays, des signes d'ouverture ont été donnés, dont
l'élargissement ou la fin de l'assignation à résidence de plusieurs
personnalités de la mouvance démocratique et la libération en novembre 1999 de
plus de 500 détenus politiques, en majorité islamistes.
Cependant, le retour au
ministère de l'Intérieur d'Abdallah Kallel, considéré comme un "dur", à la
faveur du remaniement ministériel du 17 novembre 1999, a ravivé les craintes
d'une fermeture accrue.
Le 14 décembre 1999, plus de 700 défenseurs des droits
de l'homme et membres du monde associatif se sont réunis pour réclamer la fin du
harcèlement dont continuent de souffrir les militants démocrates.
Plus grave
pour le régime, en février 2000, des centaines de lycéens se sont soulevés dans
les villes du Sud, à la suite d'une rumeur d'augmentation des prix à la
consommation.
Le décès, le 6 avril 2000, de l'ancien président Habib Bourguiba
(écarté du pouvoir en 1987) a encore creusé le décalage entre la population et
le pouvoir qui, malgré la proclamation d'un deuil national, a entouré les
obsèques du "père de la nation" d'un luxe de précautions policières et d'une
opacité qui ont choqué les Tunisiens.
Nombre d'entre eux n'ont d'ailleurs pas
hésité à afficher, à cette occasion, leur nostalgie du "bourguibisme".
Depuis,
les protestations contre le manque de libertés n'ont cessé de s'amplifier.
Sans être à proprement parler préoccupante pour un pouvoir qui tient le pays en
main, la situation n'a donc guère été satisfaisante, d'autant que l'économie
montrait des signes de faiblesse.
Les indicateurs macro-économiques sont certes.
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