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Tunisie (1998-1999) Climat économique favorable sur fond d'autoritarisme politique

Publié le 27/09/2020

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« Tunisie (1998-1999) Climat économique favorable sur fond d'autoritarisme politique Trois faits majeurs auront marqué l'année 1999.

Sur le plan économique, l'abondance des pluies a permis d'engranger une bonne récolte, de l'ordre de 20 millions de quintaux de céréales.

Or, "quand l'agriculture va, tout va" dans ce pays où les ruraux représentent encore un tiers de la population.

L'exaspération du problème kurde en Turquie et la crise ouverte dans les Balkans ont, par ailleurs, détourné les touristes de la Méditerranée orientale, et les quelque 200 000 lits hôteliers de Tunisie ont largement profité de ces changements de destination (en 1998 quelque 5 millions de touristes ont rapporté environ 2 milliards de dollars). Le climat économique favorable a par ailleurs permis à l'État de poursuivre son ambitieuse politique sociale et sa couverture du pays en infrastructures.

Près de 80 % des Tunisiens sont aujourd'hui propriétaires de leur logement et le PIB annuel par habitant a légèrement dépassé 2 000 dollars en 1998.

Le revenu annuel par habitant a ainsi doublé en une décennie.

Ce résultat a été facilité par une baisse continue du taux de croissance démographique qui se situe désormais au-dessous de 1,5 % par an, la Tunisie ayant pratiquement achevé sa transition démographique.

Le taux de croissance du PIB a été évalué à 5,1 % et les exportations totales ont été de 5,7 milliards de dollars, ces résultats contribuant à asseoir la légitimité du régime auprès d'une majorité de la population. C'est donc dans d'excellentes conditions que le président Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, s'apprêtait à se présenter pour la troisième fois aux élections présidentielles, fixées à octobre 1999.

Dans la foulée de la politique de démocratisation formelle poursuivie avec persévérance et habileté depuis de nombreuses années, ces élections s'annonçaient comme inédites.

En effet, pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie indépendante, elles ont été "pluralistes", le chef de l'État affrontant théoriquement deux challengers.

Cependant, la faiblesse de l'opposition légale, dans un pays où le pouvoir défend par tous les moyens le monopole qu'il détient sur la vie politique, ôtait par avance tout sens à un scrutin destiné, comme les précédents, à tourner au plébiscite du chef de l'État. La perspective des élections n'a en tout cas pas empêché le pouvoir de poursuivre sa politique de harcèlement de ses opposants déclarés et de leurs familles.

La presse est restée soumise à un contrôle étroit faisant d'elle la plus indigente des États du Maghreb, et toute dissidence a continué d'être traquée.

Ainsi, le Conseil national des libertés, créé en décembre 1998 par une trentaine d'intellectuels et de militants des droits de l'homme, s'est vu refuser en mars 1999 l'agrément lui permettant une existence légale.

A la fin de l'année 1998 et au mois de janvier 1999, la Tunisie a toutefois connu une importante agitation, dans les universités d'abord, dans les établissements d'enseignement secondaire ensuite.

Soucieux de préserver une stabilité sociale qui représente son principal atout, le chef de l'État a procédé à un remaniement ministériel en nommant un nouveau ministre de l'Éducation en la personne d'Abderrahim Zouari (ancien directeur du Rassemblement constitutionnel. »

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