Tunisie (1997-1998)
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (1997-1998)
A côté de l'Algérie en proie à une guerre civile persistante et de l'expérience
inédite d'une alternance politique en terre chérifienne, la Tunisie a gardé un
profil fort discret en 1997-1998.
Parce que les pays tranquilles n'ont pas
d'histoire ou pour poursuivre sans être dérangée sa dérive autoritaire ? Les
institutions financières internationales privilégient la première hypothèse,
louant les performances économiques de ce pays semblant solidement engagé sur la
voie de la prospérité.
Les associations de défense des droits de l'homme ont
continué, en revanche, à s'inquiéter de la dureté du régime vis-à-vis de tous
ceux qui ne lui font pas explicitement allégeance.
Il est vrai qu'en 1998 les
procès d'opinion, le harcèlement des familles d'opposants emprisonnés et la
surveillance tatillonne de l'ensemble de la population ne se sont pas relâchés.
Le vice-président de la Ligue des droits de l'homme, Khemaïs Kaila, a été
condamné à trois ans de prison ferme en février 1998.
Et, un mois plus tard, une
vague d'arrestations frappait des syndicalistes et des étudiants, et l'une des
cibles favorites du régime, l'avocate Radhia Nasraoui, se voyait signifier onze
graves chefs d'inculpation à la fin du même mois.
Cette poursuite obstinée de la répression apparaît d'autant plus étrange aux
observateurs que le pouvoir du président Zine el-Abidine Ben Ali n'est en rien
menacé.
C'est la raison pour laquelle les alliés de la Tunisie - Washington en
particulier, la France se tenant très en retrait sur ce chapitre -
souhaiteraient qu'il offre un visage plus présentable.
Le peu de cas fait de la
liberté d'expression n'altère pas vraiment, toutefois, les relations avec les
pays occidentaux voyant dans la Tunisie un pôle de stabilité dans une région
troublée.
Mais ce pays jouit surtout d'une honnête réputation internationale du fait de sa
bonne tenue économique.
Malgré les inconnues que réservent les dix prochaines
années, pendant lesquelles le pays devra digérer le choc de l'accord de
libre-échange signé en 1995 avec l'Union européenne, les perspectives ne sont
pas alarmantes.
A tel point que les planificateurs tunisiens tablent sur la
création de 320 000 emplois entre 1997 et 2001, et estiment possible d'atteindre
un PIB par tête de 3 000 dollars en 2010 (contre 1 820 en 1995), ce qui
placerait définitivement la Tunisie dans la catégorie des pays ayant " décollé
".
Ces résultats pourraient être obtenus grâce au développement du tourisme,
dont les recettes brutes ont atteint 1,5 milliard de dollars en 1997, et à la
poursuite d'une libéralisation ayant pour principal objectif d'accroître la
capacité exportatrice de ce petit pays de 9 millions d'habitants.
Toute la question est de savoir à quel coût social pourra se faire l'adaptation
de l'économie à la nouvelle donne mondiale.
Jusqu'à présent, le pays ne s'en est
pas mal tiré et les Tunisiens ont vu leur niveau de vie augmenter dans des
proportions non négligeables au cours des dernières années.
Ce relatif bien-être
peut expliquer que la population s'accommode de l'autoritarisme d'un régime
attentif par ailleurs à ses attentes sociales.
Mais les fragilités structurelles
n'ont pas pour autant disparu.
Outre la " désertification " du paysage
politique, la trop grande dépendance vis-à-vis du marché européen, la vétusté
d'une bonne partie des installations industrielles, la lourdeur de
l'administration et les dangers de la corruption pourraient mettre à mal un
consensus qui n'est pas inébranlable, malgré l'unanimisme affiché au congrès du.
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