Tunisie (1988-1989)
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (1988-1989)
En Tunisie, les élections législatives et présidentielles du 2 avril 1989 sont
venues "légitimer" le successeur autoproclamé de Habib Bourguiba: Zine
el-Abidine Ben Ali.
Le vieux "Combattant suprême" a d'ailleurs, pour sa première
apparition publique depuis le 7 novembre 1987, date de sa déposition,
ouvertement voté pour celui qui l'avait destitué.
Ces élections ont permis de se
faire une idée relativement précise du nouveau paysage politique et confirmé la
percée islamiste, depuis longtemps pressentie, ainsi que la quasi-liquéfaction
des partis de gauche et du centre.
Entre le RCD, parti au pouvoir, qui a enlevé
à l'issue d'élections plus honnêtes - ou moins manipulées - que toutes les
précédentes, la totalité des sièges à l'Assemblée, et les islamistes du Hezb
Ennahda, qui se présentaient sous l'étiquette "indépendants" et ont recueilli
15% des suffrages, la bipolarisation est désormais évidente.
Paradoxalement embarrassé par un succès qui n'ouvre pas le jeu et ne correspond
guère à son souci de démocratisation, obligé de composer avec son propre parti
qui ne cache pas son hostilité à une éventuelle légalisation du mouvement
islamiste, le président Ben Ali se trouve confronté à un dilemme: faut-il plus
de démocratie pour contrarier l'influence du Hezb Ennahda, seule opposition
réellement structurée ou, à l'inverse, plus d'islamité, pour contrer les
islamistes sur leur propre terrain? Remanié le 11 avril 1989, le gouvernement
tunisien, très largement ouvert en direction de la société civile, tente de
jouer sur les deux tableaux: le laïcisme bourguibien n'est plus de mise et une
amnistie générale a été proclamée le 9 avril.
Cette stratégie, délicate, repose
sur un postulat: le pouvoir entend réaliser vis-à-vis des islamistes une
"opération" identique à celle qu'il a lancée avec succès vis-à-vis du Mouvement
des démocrates socialistes (MDS), le principal parti d'opposition non religieux.
Le Hezb Ennahda de Rached Ghannouchi est, de son côté, satisfait d'une
démonstration de "présence" qui lui permet de poser, de manière plus pressante
que jamais, le problème de sa légalisation.
Son activisme et les thèmes qu'il a
développés au cours de la campagne ont par ailleurs relancé les grands débats de
la société post-bourguibienne: place de la religion, statut de la femme,
identité arabo-musulmane du pays, etc.
L'importance du débat intérieur a quelque peu éclipsé le retour de la Tunisie
sur la scène maghrébine, illustré par un rôle particulièrement actif dans la
mise en place de l'Union du Maghreb arabe proclamée le 14 février à Marrakech.
Quant à la situation économique et sociale, mise en veilleuse elle aussi, et
occultée par une saison touristique exceptionnelle, elle pourrait bien s'imposer
à l'avenir comme le principal sujet d'inquiétude pour le pouvoir.
Il est vrai
que les indices, les échanges, le PNB ou la balance des paiements ne sont pas
des thèmes de meetings électoraux....
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