Tunisie (1985-1986) Incertitudes de fin de règne
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (1985-1986)
Incertitudes de fin de règne
Austérité, morosité, inquiétude, tel est le triptyque qui a marqué la vie des
Tunisiens depuis la fin de l'année 1985 et en 1986.
Au malaise politique lié aux
péripéties d'une interminable fin de règne, sont venues s'ajouter d'inquiétantes
menaces extérieures et une crise économique dont plus personne ne songe
désormais à contester l'ampleur.
L'année 1985 n'avait pourtant pas trop mal commencé pour un gouvernement encore
traumatisé par les émeutes du pain de 1984, et le taux de croissance semblait
devoir être moins défavorable que prévu.
Les pluies ayant été abondantes et bien
réparties dans le temps et l'espace, la Tunisie a connu en 1985 une récolte
céréalière exceptionnelle, et la production a frisé les 2 millions de tonnes, ce
qui ne s'était pas vu de mémoire d'homme.
Sans être autosuffisant en blé tendre
et en maïs pour l'alimentation du bétail, le pays a pu ainsi réaliser de
substantielles économies en devises grâce à la réduction des importations
céréalières.
Le tourisme a par ailleurs repris sa croissance, interrompue en 1983 et 1984, et
ses recettes en devises ont dépassé les 400 millions de dinars.
Ces deux
secteurs ont contribué à eux seuls à près de 60% de la croissance globale du
PIB, les autres activités n'ayant pas connu le même dynamisme.
Bien au
contraire, le déficit de la balance des paiements a continué de se creuser pour
atteindre 130 millions de dollars en 1985.
Le gouvernement a donc dû continuer à
appliquer une politique d'austérité, concrétisée entre autres par la poursuite
du gel des salaires, faisant de l'accroissement de la production et de la
productivité des entreprises la condition sine qua non de leur augmentation.
L'UGTT mise au pas
Cette politique s'est heurtée à l'hostilité de l'UGTT (Union générale des
travailleurs tunisiens), et l'échec des négociations salariales dû à
l'intransigeance gouvernementale a incité la centrale à lancer un vaste
mouvement de grèves en août 1985.
C'était justement l'époque choisie par Mouamar
Kadhafi pour expulser sans préavis une trentaine de milliers de travailleurs
tunisiens installés en Libye.
Confronté lui-même à des problèmes économiques,
mais surtout désireux d'aggraver ceux d'un pays qu'il continue à convoiter, le
colonel espérait-il rendre ainsi la situation sociale de son voisin
insupportable? Le Premier ministre Mohamed Mzali a en tout cas mis à profit cet
acte d'hostilité vis-à-vis de la Tunisie pour créer une atmosphère d'union
nationale et briser dans l'oeuf l'offensive syndicale.
Il s'est même décidé à
mettre définitivement au pas une UGTT décidément trop remuante: dès le mois
d'octobre, les directions régionales élues étaient évincées par des "comités" de
syndicalistes affiliés au Parti socialiste destourien au pouvoir et, après avoir
été assigné à résidence, le secrétaire général de la centrale, Habib Achour,
était condamné à un an, puis deux ans de prison à la suite d'une inculpation de
circonstance.
La direction légitime de l'UGTT demeurait, au début de 1986,
privée de toute possibilité d'agir, et le pouvoir manifestait son intention de.
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