troisième axe commentaire littéraire la tirade du nez Cyrano de Bergerac

« 1 Enfin, la tirade du nez permet de dévoiler la personnalité de Cyrano.

En effet, elle met en avant plusieurs des qualités que ses amis avaient évoquées à la scène 2 de l’acte 1.Cyrano y est décrit comme un « être sublunaire » avec des talents hétéroclites.

Il se révèle excellent « rimeur » comme le montre la complexité et la structure de ses vers.

On peut le reconnaitre « musicien » de par la musicalité de sa tirade.

Plus largement, on perçoit son penchant pour l’esthétique et la littérature à travers l’usage de certains adjectifs comme « dramatique » au vers et « lyrique » au vers 31.

Il fait également allusion aux atomes ce qui, pour ses amis, fait de lui un « physicien ».

Les multiples références culturelles et littéraires qu’il emploie dans sa tirade montrent que Cyrano est un homme cultivé.

Il évoque l’auteur grec Aristophane au vers 2 2 ainsi que Théophile de Viau et sa tragédie « Pyrame et Thisbé » au vers 39.

Mais il est surtout connu et reconnu pour ses talents de « bretteur ».

En effet, Cyrano apprécie autant la joute verbale que physique.

La véritable joute verbale qui se déroule s ous les yeux du spectateur préfigure celle, physique, qui va suivre dans la ballade du duel.

Cyrano fait également preuve d’autodérision.

Il fait de son nez proéminent un sujet poétique qui lui permet de déployer toute son inventivité.

Il en fait même un o bjet de fierté et de renommée.

Ainsi, il peut mettre en valeur son sens inégalé de la répartie comme il le dit au vers 52 ainsi que sa capacité à faire rire, en utilisant l’expression « folles plaisanteries » à la fin de sa tirade.

Mais ce que Cyrano cher che à faire c’est se moquer du Vicomte de Valvert et il montre un certain plaisir à le faire devant toute l’assistance.

En effet, celui -ci s’est voulu provocateur en lançant « Attendez ! je vais lui lancer un de ces traits !... ».

On s’attend alors à une ré plique cinglante mais il ne parvient qu’à dire : « Vous…avez un nez…heu…un nez…très grand ».

Ce simple vers ainsi que la répétition des points de suspension pointent son manque d’inspiration et de répartie.

La pauvreté de cette réplique contraste avec la l ongueur et la richesse de la tirade de Cyrano ce qui suffit à ridiculiser Valvert.

Au début de la tirade du nez, les antithèses : « un peu court » au vers 1 et « bien des choses » au vers 2 mettent en avant la pauvreté d’esprit du vicomte. Les points de su spension et l’expression « oh dieu » du v.2 laissent à penser que Cyrano a déjà en tête toutes les réparties qu’aurait pu lui opposer Valvert .

C’est ainsi qu’il se met à la place de tous ceux qui viendraient à se moquer de son nez en faisant l’inventaire d e ce qu’ils pourraient lui dire.

L’emploi du subjonctif imparfait et du conditionnel passé : « vous m’auriez dit » au vers 42, «eussiez -vous » au vers 47 et, « n’en eussiez pas » au vers 50 montre l’incompétence et le manque de talents de Valvert tandis qu e Cyrano utilise le présent : « je […] sers », « je ne permets pas » pour sa démonstration.

A la fin de la tirade, Cyrano accuse le vicomte de sa bêtise, de façon plus directe qu’il ne l’avait fait jusque -là.

Il le qualifie de « sot » en en faisant le dernier mot de son. »