Travail et technique
Publié le 01/04/2024
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«
Le travail et la technique
Introduction :
On entend par travail une activité humaine qui nécessite un effort pour
produire quelque chose.
Le travail le plus souvent fait appel à la technique.
Le mot travail peut être pris en plusieurs sens qu’il nous faut distinguer : le
job (gagne-pain provisoire), l’emploi ( c’est-à-dire une fonction ou place, rémunérée
ou non rémunérée), la profession (une compétence théorique, qualification,
expertise), le métier (la maîtrise d’un savoir-faire issu de l’expérience), l’étude.
Par exemple ma profession est d’être professeur de philosophie, je suis employée par
l’éducation nationale au lycée de Céret, et j’exerce mon métier chaque jour en faisant
classe.
La technique est un savoir-faire mais aussi le résultat de ce savoir-faire (la
production d’outils, de machines).
C’est un art au sens de savoir-faire (cet art qu’on
retrouve comme radical dans artisanat) : l’art de la dissertation, l’art de vivre, l’art de
la guerre, les arts martiaux, c’est-à-dire quelque chose qui n’est pas naturel mais
artificiel, un artefact.
La technique est à la fois ce savoir-faire et son résultat et a
donné le jour à ce qu’on pourrait appeler une technosphère : le monde dans lequel
nous vivons (la chaise, le stylo, les vêtements, les voitures, les avions, l’électricité, le
téléphone, la conduite, l’écriture...)
Travail et technique sont des notions imbriquées car la technique semble être au
service du travail pour rendre celui-ci plus efficace et moins fatiguant et le
travail est au service de la technique pour la maîtriser.
Mais les effets de la
technique semblent n’être pas ceux attendus puisque le développement de la
technique n’a pas forcément rendu le travail moins fatiguant ni réduit son
temps mais l’a peut-être au contraire dénaturé, aliéné.
I-Le travail comme activité asservissante et méprisée
1) Le travail méprisé
Pour les Grecs de l’antiquité l’homme est contraint de faire appel à la technique
et de travailler pour survivre.
Les animaux, eux, n’ont pas besoin de cela car ils
sont naturellement mieux dotés que nous : ils ont de la fourrure ou des écailles ou
une carapace pour se protéger du froid, des ailes ou des nageoires ou quatre longues
pattes pour se déplacer rapidement, des cornes, des crocs, ou des serres pour se
défendre et un instinct qui leur permet de trouver de quoi manger sans avoir à
fabriquer des outils ou des armes.
Alors que l’homme est l’être qui a été le moins bien
pourvu par la nature.
La faute en revient à Prométhée d’après le mythe raconté par
Platon dans Protagoras.
L’homme est donc contraint pour survivre de travailler et de recourir à la technique.
Les outils (outil, du grec organon, signifie aussi organe) sont des prolongements du
corps et imitent les organes des animaux.
Ce n’est pas par libre choix mais par
contrainte naturelle que les hommes recourent au travail et à la technique.
Et
tous ces efforts ne leur permettent que de satisfaire leurs besoins et donc de survivre,
d’arriver vivants au lendemain mais non pas d’exister, de satisfaire leurs désirs ou de
connaître de la joie.
Voilà pourquoi dans l’Antiquité le travail était déconsidéré et qu’il
s’agissait de s’en débarrasser en faisant appel aux prisonniers par exemple, à des
esclaves et à des machines.
Le philosophe Aristote espérait que les progrès de la
technique permettrait un jour que les navettes filent seules la laine et qu’il n’y ait plus
besoin d’hommes, d’esclaves pour tisser les vêtements.
Ce que les Grecs valorisaient, recherchaient, aimaient c’était au contraire le
temps libre, le temps qui n’est pas consacré à travailler pour survivre.
Ils
appelaient cela la scholé, c’est-à-dire le temps libre pour cultiver son corps et son
esprit, le temps consacré non pas à survivre mais à se transformer, à s’améliorer, à
comprendre le monde, les autres.
Durant ce temps libre, les grecs de l’Antiquité
s’adonnaient à la culture de leur corps (la gymnastique) ou de leur esprit en faisant
des mathématiques, de la philosophie, de la politique...
(Remarquons que ce qui
aujourd’hui relèvent du travail voire de l’emploi était à cette époque une activité libre,
du loisir).
(Attention! Il ne faut pas confondre le loisir c’est-à-dire la scholé et les
loisirs.
Le loisir est du temps libre pour soi, pour cultiver son corps et son
esprit, avec ce que cela implique d’efforts et de joie alors que les loisirs sont de
l’amusement, des activités sans efforts, la recherche de plaisirs sans efforts, la course
à la satisfaction des désirs)
2) Le travail comme torture
On trouve cette association du travail et de la torture :
•dans l’étymologie du mot puisque le mot travail vient de tripalium qui
était un instrument de torture.
•dans la Bible.
En effet dans les premières pages de l’Ancien Testament,
dans la Genèse, Adam et Eve sont punis pour avoir désobéi à Dieu et
avoir goûté du fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal.
Alors qu’ils pouvaient jusque-là vivre sans effort dans le jardin d’Eden,
désormais le sol est maudit et l’homme doit “travailler à la sueur de
son front et la femme “enfanter dans la douleur” (en obstétrique, les
contractions qui précèdent l’enfantement s’appellent le travail, et il y a
dans les maternités des salles de travail.)
Voilà pourquoi jusqu’à la fin du moyen-âge le travail est dévalorisé, considéré
comme un labeur, c’est-à-dire comme quelque chose de pénible, de
douloureux.
II- Le travail et la technique valorisés à l’époque moderne
1) par son travail et grâce aux machines qu’il fabrique, l’homme se libère de
la nature.
Au XVII ème siècle les progrès de la technique amènent à penser que les
hommes vont “se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature” selon le mot
de Descartes, et donc se libérer des contraintes naturelles.
Les horloges permettent de mesurer le temps, le télescope et le microscope
permettent de voir ce qui jusque-là échappait au regard humain, etc.
Les machines, contrairement aux outils, n’ont plus besoin de la force de l’homme mais
utilisent la force du vent, de l’eau.
Grâce au progrès technique, le travail semble ne
plus être voué à la pénibilité et à la souffrance.
Au début du XVIII ème siècle, en Angleterre, on utilise des navettes volantes qui
tissent toutes seules, mécaniquement (comme l’avait espéré Aristote au IV ème siècle
avant notre ère).
Grâce au travail et à la technique, l’homme transforme une nature extérieure,
hostile, en un environnement humain qui porte sa marque.
Il transforme le
paysage, domestique les animaux.
Il façonne le monde qui devient son monde.
Il
transcende le donné naturel pour lui imprimer sa marque : l’eau devient
électricité.
2) Le travail est l’expression concrète de l’intelligence et de la liberté
humaine.
Ce que l’homme produit est donc le résultat de sa pensée, de son projet.
C’est quelque chose dans quoi il peut se reconnaître, et dont il peut être
fier.
C’est la différence entre l’activité animale qui est instinctive et le travail qui
est conscient, pensé.
Même si certaines productions animales (toile de l’araignée, nid de l’oiseau, barrage
du castor) sont élaborées, il n’empêche qu’elles sont sans rapport avec la plus petite
maison construite par un homme car l’homme a pensé la maison avant de la
construire (le travail est une activité médiate et non immédiate).
Alors que les
activités animales relèvent de l’instinct et ne progressent pas (les oiseaux font
toujours les mêmes nids, les araignées les mêmes toiles) alors que la
technique progresse, les outils, les découvertes, les savoir-faire sont conservés,
transmis de générations en générations ( c’est un patrimoine culturel), améliorés.
Voilà pourquoi il est possible de parler de progrès technique.
Le philosophe et économiste allemand Karl Marx écrit dans Le Capital : “Ce qui
distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a
construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche : le résultat
auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur.”
Le travail et la technique apparaissent comme des médiations au service de l’homme
qui vont pouvoir l’aider à mieux vivre, à satisfaire ses besoins sans effort voire à
dépasser ses contraintes naturelles.
Le travail est donc une activité humaine par excellence, la marque de la liberté
humaine, et le moyen pour l’homme d’être plus libre encore.
3) Le travail apparaît comme une puissance et l’occasion d’enrichissement.
C’est la naissance du libéralisme avec J.
Locke qui estime que ce qu’un homme produit
par la force de son travail lui appartient.
III-Aliénation du travail avec la Révolution Industrielle et la division
scientifique du travail.
On constate aujourd’hui que le plus souvent l’homme ne travaille pas pour
s’humaniser, pour se réaliser mais pour “gagner sa vie”.
Et là, n’importe quel travail
fait l’affaire.
“Faire ça ou autre....
»
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