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Traduction: Jean de Joinville - Vie de Saint Louis

Publié le 09/12/2021

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Là ou je estoie à pié et mes chevaliers, aussi blecié comme il est devant dit, vint le roy atoute sa bataille a grand noyse et a grant bruit de trompes et nacaires, et se aresta sur un chemin levé. Mes onques si bel armé ne vi, car il paroit de sur toute sa gent des les epaules en amon, un heaume doré en son chief, une espee d'Alemaingne en sa main. Quant il fu la haresté, ses bons chevaliers que il avoit en sa bataille, que je vous ai avant nommez, se lancerent entre les Turcs, et pluseurs des vaillans chevaliers qui estoient en la bataille le roy. Et sachiés que ce fu un tres biau fait d'armes, car nulz n'i traioit ne d'arc ne d'arbalestre, ainçois estoit le fereïs de maces et d'espees des Turs et de nostre gent, qui touz estoient mellez. Un mien escuier, qui s'en estoit fui atout ma baniere et estoit revenu a moy, me bailla un mien roncin sur quoy je monté, et me trais vers le roy tout coste a coste. Endementres que nous estiens ainsi, mon seigneur Jehan de Waleri, le preudome, vint au roy et li dit que il looit que il se traisist a main destre sur le flum, pour avoir l'aide du duc de Bourgoingne et des autres qui gardoient l'ost, que nous avions lessié, et pour ce que ses serjans eussent a boire, car le chaut estoit ja grant levé.

« Là ou je estoie à pié et mes chevaliers, aussi blecié comme il est devant dit, vint le roy atoute sa bataille a grand noyse et a grant bruit de trompes et nacaires, et se aresta sur un chemin levé.

Mes onques si bel armé ne vi, car il paroit de sur toute sa gent des les epaules en amon, un heaume doré en son chief, une espee d'Alemaingne en sa main.

Quant il fu la haresté, ses bons chevaliers que il avoit en sa bataille, que je vous ai avant nommez, se lancerent entre les Turcs, et pluseurs des vaillans chevaliers qui estoient en la bataille le roy.

Et sachiés que ce fu un tres biau fait d'armes, car nulz n'i traioit ne d'arc ne d'arbalestre, ainçois estoit le fereïs de maces et d'espees des Turs et de nostre gent, qui touz estoient mellez.

Un mien escuier, qui s'en estoit fui atout ma baniere et estoit revenu a moy, me bailla un mien roncin sur quoy je monté, et me trais vers le roy tout coste a coste.

Endementres que nous estiens ainsi, mon seigneur Jehan de Waleri, le preudome, vint au roy et li dit que il looit que il se traisist a main destre sur le flum, pour avoir l'aide du duc de Bourgoingne et des autres qui gardoient l'ost, que nous avions lessié, et pour ce que ses serjans eussent a boire, car le chaut estoit ja grant levé. Pendant que j'étais à pied, avec mes chevaliers blessés comme je l'ai dit devant, le roi arriva avec tout son corps de bataille, au milieu d'un grand bruit de trompes et de timbales ; et il s'arrêta à un chemin sur une levée de terre. Jamais je ne vis un homme en armes aussi beau car il se détachait, depuis la hauteur des épaules, au-dessus de tous ses gens, un heaume doré sur la tête, une épée d'Allemagne à la main.

Quand il fut arrêté là, ses bons chevaliers qu'il avait dans son corps de bataille, et dont j'ai donné les noms avant, se lancèrent au milieu des Turcs, ainsi que plusieurs des vaillants chevaliers qui étaient dans le corps de bataille du roi.

Et sachez que ce fut un très beau fait d'armes, car personne n'y tirait de l'arc ou de l'arbalète, mais c'était un combat à la masse d'armes et à l'épée entre les Turcs et nos gens, qui étaient complètement mêlés.

Un de mes écuyers, qui s'était enfui avec ma bannière et était revenu à moi, me donna un mien roussi sur lequel je montai et je me dirigeai vers le roi tout côte à côte.

Tandis que nous étions ainsi, messire Jean de Valery, le prud'homme, vint au roi et lui dit qu'il lui conseillait de se porter à main droite vers le fleuve, pour avoir l'appui du duc de Bourgogne et des autres que nous avions laissés à la garde du camp, et pour que ses sergents aient à boire ; car la chaleur était déjà levée très forte. …… Jean de Joinville - Vie de Saint Louis. »

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