Toutes les opinions se valent elle
Publié le 16/12/2023
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Toutes les opinions se valent-elles?
"Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le
droit de ne pas être inquiété pour ses opinions." Au regard du droit français, la
liberté d'expression est formulée aux termes de la DDHC de 1789 et a donc
valeur constitutionnelle, c'est-à-dire que les lois doivent respecter cette
liberté.
Il existe des limites à la liberté d'expression.
Les restrictions sont
fondées sur l'intérêt public( sécurité-protection-défense de l'ordre...) et sur
la protection des droits d'autrui ( protection du droit à l'image, des
informations confidentielles, présomption d'innocence...) Les opinions
interdites par la loi sont celles qui inciteraient à la haine et à la violence,
l'injure, la diffamation, la provocation à la discrimination...Pourtant, même les
opinions respectueuses de la loi sont des jugements non fondées sur la raison,
c'est un avis subjectif qui renvoie à des préjugés, des idées reçues, des
croyances.
Du point de vue de la vérité, toutes les opinions ne se valent pas.
On
ne cesse de nous mettre en garde contre les fausses informations, les opinions
manipulatrices et dangereuses.
Les moyens de communication propagent très
rapidement une multitude d'opinions de toutes sortes qui peuvent avoir des
enjeux politiques, socio-économiques et moraux.
Si les opinions se confondent
avec le savoir, si tout le monde a raison alors la valeur de la vérité s'effondre.
Une condition pour que la vérité soit valable, c'est qu'elle se distingue de la
fausseté.
Penser n'importe quoi, c'est ne plus penser.
D'un côté, la valeur de la
liberté est essentielle.
Elle est fondée sur le sens positif de l'opinion comme
fondement de toute objectivité par le biais du débat, du dialogue et de la
critique.
De l'autre côté, la valeur de la vérité met l'accent sur l'aspect négatif
de l'opinion qui devient l'ennemi qu'il faut vaincre par le savoir, la pensée, la
réflexion et l'autonomie intellectuelle.
Si je privilégie ce que je pense être vrai
en excluant l'opinion des autres, je tombe dans l'intolérance et le dogmatisme
et si je défends la liberté à tout prix, sans m'occuper de la vérité des opinions,
je risque de tolérer des pensées intolérables.
Est-il possible de privilégier la
vérité tout en acceptant le dialogue et préserver la liberté d'opinion ou bien la
liberté consiste-t-elle à lutter contre les opinions intolérables et maintenir une
liberté de droit? Dans un premier temps , nous verrons que tout le monde a le
droit d'avoir et d'exprimer ses opinions.
Mais, nous verrons, ensuite que la
vérité ne change pas au gré des opinions.
Enfin, nous verrons qu'il ne faut pas
renoncer à hiérarchiser les opinions.
Tout le monde a le droit d'avoir et d'exprimer ses opinions.
En ce sens, toutes
les opinions se valent.
Toute personne ou tout citoyen a un droit égal à la
liberté d'opinion et d'expression.
Si ce droit n'était pas égal alors certains
auraient le droit de s'exprimer et d'autres non.
Les personnes ayant le droit à
la parole seraient probablement celles qui détiennent un pouvoir, un savoir ou
une autorité.
On peut en déduire que les autres comme par exemple les
enfants, les handicapés...n'auraient pas la liberté d'opinion.
La liberté
d'expression empêche la censure.
Le droit garantit cette liberté essentielle.
Par ailleurs, aucun pouvoir ne peut interdire la liberté privée de penser ce que
l'on veut.
Kant, dans son livre intitulé "Qu'est-ce que les Lumières?" explique
que la liberté dépend de notre capacité à nous servir de notre propre
entendement.
"Aie le courage de te servir de ton entendement." Kant distingue
toutefois dans ce texte l'opinion et la pensée.
Mais, Mill, dans le texte intitulé
"De la liberté" va plus loin en affirmant une liberté plus subjective.
La liberté
d'opinion contient la liberté des goûts et des occupations, la liberté de sentir,
d'exprimer des sentiments, la liberté de s'unir, de s'associer.
Toutefois, peuton réellement exprimer n'importe quelle opinion dès lors qu'elle peut toucher
d'autres personnes.
Si toutes les opinions acceptacles vis-à-vis de la loi se
valent, du point de vue de la morale, certaines peuvent apparaitre comme
légitimes et d'autres comme illégitimes.
Les opinions doivent respecter la vie et
la dignité des personnes.
Kant définit le respect dû aux personnes.
La personne
a une valeur inaliénable, au-delà de n'importe quel prix.
Une personne n'a pas
d'équivalence, elle est singulière, unique.
C'est une fin en soi.
Je ne respecte
pas une personne dans un but déterminé mais pour ce qu'elle est en elle-même.
Ainsi, les opinions légitimes respectent la personne.
Je peux remettre en
question ses idées, ses goûts, ses croyances mais je ne peux pas toucher à sa
valeur et à sa dignité humaine.
Mais cela ne va pas sans poser problème car la
conscience morale renvoie à l'intimité et à la singularité de chacun.
Ne peut-on
pas aller jusqu'à dire qu'une démocratie est en droit d'interdire ce qui détruit
la liberté au nom de la liberté.
Cette logique peut s'avérer dangereuse car
c'est accorder de la valeur à des opinions qui n'en ont pas.
Toutefois, les
démocraties font face à ce paradoxe: affronter, lutter contre les opinions qui
peuvent faire du mal sans détruire la liberté en censurant les opinions.
Ce
problème, dans un tout autre contexte historique et politique, peut nous faire
penser à l'antiquité grecque et à l'opposition entre les sophistes et Socrate.
C'est Platon, l'ennemi des sophistes qui leur a donné la détestable réputation
qui leur est restée 2500 plus tard.
Pour lui, un sophiste est un cynique qui se
sert de son habileté à parler afin de faire passer pour vrai ce qui est faux et
de persuader les naifs qui l'écoutent.
A l'opposé du vrai philosophe, le sophiste
ne croit pas à ce qu'il dit, car il est capable de plaider le contre aussi bien que
le pour, n'hésitant pas à utiliser des raisonnements appelés sophismes.
Dans
ses dialogues, Platon oppose à Socrate, le vrai philosophe, les sophistes, les
faux philosophes qui ne cherchent qu'à avoir de l'influence sur les jeunes gens
et acquérir le maximum d'argent.
Platon est un ennemi résolu du relativisme, or
les sophistes sont relativistes.
Protagoras affirmait: " L'homme est la mesure
de toute chose." L'affirmation "A chacun sa vérité" est valable pour les
sophistes.
Par conséquent, toutes les opinions ont de la valeur.
La vérité a une
dimension subjective et, pour cette raison, les opinions expriment une part de
vérité personnelle.
Par ailleurs, l'opposition de Platon n'était pas seulement
philosophique; elle avait aussi des motivations politiques.
Les sophistes étaient
des démocrates.
Pour Platon, ardent partisan du régime aristocratique, les
sophistes étaient démagogiques et ils flattaient les passions de la foule
ignorante.
Pour les sophistes, comme pour nous dans nos démocraties, toutes
les opinions se valent dès lors qu'elles ne portent pas atteintes à la dignité
d'autrui.
Pourtant, il est plus difficile de s'accorder sur l'attitude à avoir visà-vis d'opinions dangereuses ou nuisibles: les préjugés, les croyances
injustifiées, les stéréotypes doivent-ils être mis sur le même plan que des
savoirs réfléchis et établis, sous le prétexte que chacun est libre de penser ce
qu'il veut?
Mais, pourtant, la vérité ne peut pas changer au gré des opinions.
Pour Platon,
toutes les opinions ne se valent pas parce qu'elles sont irréfléchies et ne
s'appuient pas sur une réflexion philosophique.
L'extrait de la République,
l'allégorie de la caverne, montre que les opinions qui proviennent de nos
impressions sensibles provoquent des illusions et non une vraie connaissance.
Elles ont beaucoup moins de valeur que les connaissances scientifiques et
philosophiques acquises par celui qui sort de la caverne pour accéder au monde
intelligible.
Les opinions sont dévalorisées parce qu'elles s'apparentent aux
apparences.
La réalité est au-delà de ce que l'on voit avec nos yeux.
Platon nous
invite à une conversion du regard.
Celle-ci permet de voir au-delà des
phénomènes.
En ce sens, aujourd'hui, pour nous, le fond de la caverne qui
représente le monde sensible correspondrait aux règnes des images mais aussi
à la vie virtuelle proposée par nos écrans, les réseaux sociaux.
Non seulement
toutes les opinions ne se valent pas parce qu'elles ne sont pas au même titre
illusoires, irréfléchies ou dangereuses mais elles se valent dans la mesure où
elles doivent être dépassées par la réflexion et le savoir au profit d'une réelle
pensée.
Pourquoi Platon condamne-t-il les opinions et le monde sensible? Les
prisonniers sont sous l'illusions d'un spectacle d'ombres.
Ce qui est en question,
c'est la manière dont on se représente le monde sensible.
Lorsqu'on ne
comprend pas ce qui se passe dans la réalité sensible, on est devant un
spectacle d'ombres, on voit des effets et non des causes.
Ils oublient que ces
ombres sont les ombres de quelquechose.
Si on ne sait pas que ces images sont
des images alors on va croire qu'elles sont la réalité.
On ne voit pas qu'elles
sont artificielles.
C'est le stade symbolique de l'enfant.
Si l'enfant voit des
images violentes et incompréhensibles, et, si l'adulte ne donne pas sens à ces
images en expliquant les causes ou en lui interdisant, alors l'enfant est effrayé
parce que la peur produite par....
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