« Tout logis qu'on habite longtemps devient prison ! » (Maupassant). Qu'en pensez-vous ?
Publié le 09/12/2021
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.. Le logis qu'on habite longtemps» ne peut jamais, à ce compte, m un prison . Il est plutôt un étrange bateau immobile qui fait cent fois le tour du monde... [III. Le royaume de l'esprit] [1. Le point de départ] Toujours amarré au même endroit familier, ce bâtiment court les mille aventures de l'esprit qui l'habite sans jamais, sauf si cet esprit est malade, essuyer la moindre tempête. Il est, a-t-on dit quelquefois, aussi intéressant de faire le tour de sa chambre que de faire le tour du monde. Le lieu de résidence habituel se prête parfaitement à ce merveilleux voyage si l'on sait en bannir l'ennui, le peupler des enfants de la lecture, de l'étude et du rêve. [2. Le port d'attache] Loin d'être l'enfer de l'ennui, le logis familier, havre de paix et nef aventureuse à la fois, est sans doute le lieu naturel de l'homme, cet être pétri de contradictions. L'homme aime sa maison et il veut voir le monde ; il est normal qu'il parte, parfois, de chez lui, mais il sera toujours cet Ulysse en mal de son Ithaque natale : il y reviendra toujours pour en repartir sans cesse.
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[Introduction]
« Tout logis qu'on habite longtemps devient prison ! » Si l'on en croit cette sentence péremptoire de Guy de Maupassant, l'homme nesaurait s'accommoder d'une résidence fixe.
C'est en devenant sédentaire pourtant qu'il crée les civilisations.
Tout être humain voitdans son « chez-soi » le seul et suprême refuge, aime sa maison, surtout s'il y réside depuis longtemps, encore plus s'il y est né, enfait souvent le véritable royaume de son esprit.
[I.
Le refuge de l'homme]
[1.
L'abri nécessaire]Trouver un abri est le premier souci de l'être humain, du jeune couple, qui vient de fonder un foyer.
Le mot est suffisamment éloquenten lui-même : il signifie la nécessité de s'abriter des intempéries comme le souci de protéger une vie qui s'enrichit de sa propreintimité.
Être « sans-abri » comme l'on disait autrefois, S.D.F.
comme l'on dit aujourd'hui, a toujours été vu, comme le comble de lamisère.
[2.
L'habitude]« Être dans ses meubles », « avoir ses habitudes » n'est pas un état aussi désolant que Maupassant semble le considérer.
Bien de nos« sans domicile fixe » aimeraient tant, hélas, trouver une de ces « prisons » pour y séjourner, sans en être délogés ni y être dérangés,le plus longtemps possible.
La sagesse populaire qui assimile trois déménagements à un incendie connaît bien les vertus de la stabilité,en matière de logement comme en d'autres domaines.
[3.
Le réconfort du logis]C'est que rien n'égale le réconfort du logis familier et familial.
Le déjà-vu ennuie peut-être mais l'assurance de retrouver ses aises,même si elles ne sont pas synonymes de luxe, ni même d'aisance, est irremplaçable pour peu que, dans la vie, on prétende songer àautre chose qu'au quotidien et au matériel.La nostalgie est un effet de l'éloignement.
C'est quand on est loin du chez-soi, même pour un temps relativement court, que l'ons'aperçoit combien l'on aime sa résidence habituelle.
[II.
La maison du cœur]
[1.
La maison de famille]Un pincement au cœur nous rappelle alors que notre famille a résidé ou réside toujours dans la maison dont nous nous sommes,volontairement ou contre notre gré, éloignés, pour un temps ou pour longtemps.
Le sentiment de la nostalgie - étymologiquement « ledésir du retour » - est à l'œuvre pour nous rappeler visages chers et souvenirs attachants.
|2.
Repères familiaux]Bien des poètes l'ont dit : la maison dont on est le complice de longue date a une âme : elle parle, pleure et rit.
L'individu, même seul,sent, dans sa propre maison qu'il connaît et qu'il aime, comme une présence familière.
Il n'y éprouve à aucun moment l'étrangemaladie du voyageur perdu en terre inconnue.
Les murs lui font signe ; les meubles lui parlent.
Il y respire beaucoup plus librementqu'en lieu étranger ou hostile.
[3.
Le jardin secret]Les maisons, ou les appartements, sont un peu à l'image des individus qui y habitent.
Même si la maison est dépourvue de jardin, celuiqui y habite depuis longtemps et qui l'aime, y découvre toujours son propre jardin secret ».
Cette sorte de jardin, tout en étant parfoisimmense, peut tenir entre des meubles ou des murs, peut se trouver dessiné sur uni tapisserie, s'ouvrir à perte de vue au détour d'unescalier par une porte seul son maître sait voir en esprit...Le logis qu'on habite longtemps» ne peut jamais, à ce compte, m un prison .
Il est plutôt un étrange bateau immobile qui fait cent foisle tour du monde...
[III.
Le royaume de l'esprit]
[1.
Le point de départ]Toujours amarré au même endroit familier, ce bâtiment court les mille aventures de l'esprit qui l'habite sans jamais, sauf si cet espritest malade, essuyer la moindre tempête.
Il est, a-t-on dit quelquefois, aussi intéressant de faire le tour de sa chambre que de faire letour du monde.
Le lieu de résidence habituel se prête parfaitement à ce merveilleux voyage si l'on sait en bannir l'ennui, le peupler desenfants de la lecture, de l'étude et du rêve.
[2.
Le port d'attache]Loin d'être l'enfer de l'ennui, le logis familier, havre de paix et nef aventureuse à la fois, est sans doute le lieu naturel de l'homme, cetêtre pétri de contradictions.
L'homme aime sa maison et il veut voir le monde ; il est normal qu'il parte, parfois, de chez lui, mais ilsera toujours cet Ulysse en mal de son Ithaque natale : il y reviendra toujours pour en repartir sans cesse.
La maison est le portd'attache de l'homme, ce navigateur qui, dans les faits ou en esprit, explorera toujours l'inconnu.
[3.
Le « chez-soi »]Pas plus qu'il ne peut se passer de cette navigation vers le lointain ailleurs - il l'entreprend de bien des façons, y compris la recherchescientifique, la création artistique - l'homme ne peut se passer d'avoir un chez-soi, bien à lui, où son esprit puisse se reposer commeprendre son élan.
« Malheureux quant à moi », disait Montaigne, « qui n'a chez soi ou être à soi ».
Comment, en effet, « être à soi »sans la présence de ce « chez-soi » familier et reposant ; lui seul permet une véritable respiration de l'esprit, condition première de lacréation...
[Conclusion]
Ainsi, loin d'acquiescer à l'affirmation de Maupassant, nous pourrions lui rétorquer : pour peu qu'on l'aime, « tout logis qu'on habitelongtemps » vous le rend au centuple.
Pour peu que l'on en bannisse l'ennui, il vous donne des ailes..
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