Tous les bons esprits répètent, depuis Bacon qu'il n'y a de connaissances réelles que celles qui reposent sur des faits observés. > Auguste Comte, Cours de philosophie positive. Commentez cette citation.
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
Tous les bons esprits répètent, depuis Bacon qu'il n'y a de connaissances réelles que celles qui reposentsur des faits observés.
COMTE.
Pour bien comprendre cette citation de Comte, revenons déjà la méthode de connaissance chez Bacon.
Bacon est célèbre pour ses brillants essais épigrammatiques, mais son oeuvre majeure fut Instauratio Magna, quiambitionnait de rétablir la " domination de l'univers par l'homme " grâce à l'acquisition méthodique de laconnaissance.
L'Église, pour laquelle l'investigation sur la nature était source de péché, réprouva sa démarche.Bacon, quant à lui, voyait dans les " idoles et les idées fausses " les principaux obstacles à la connaissance.
Cesobstacles pouvaient être levés par un rigoureux travail d'expérimentation, dont il exposa les principes dans NovumOrganum.
Bacon pose l'observation et l'expérience comme conditions préliminaires au progrès du savoir.
Il abandonne la penséedéductive qui procède à partir de principes admis par l'autorité des anciens au profit de l'induction expérimentale quiprocède par exclusion et rejet.
Son utopie scientifique est exposée dans la Nouvelle Atlantide.
Bacon y décrit unesociété située sur une île imaginaire où il imagine tout ce qui peut aider à l'éclaircissement général de l'esprit(laboratoires, bibliothèque, observatoires) et où le travail de recherches serait réalisé par une équipe de techniciens.L'apport de Bacon à la constitution de l'esprit scientifique moderne est considérable.
Il est en effet le premier à avoirvu la nécessité d'inscrire chaque expérience particulière dans une recherche collective, c'est pourquoi chaqueexpérience effectuée devait selon lui pouvoir être communiquée à l'ensemble de la communauté scientifique, nonplus sous forme de résultats mais en décrivant toutes les étapes nécessaires à son élaboration.
Selon lui, lesstructures fondamentales de la nature pouvaient ainsi être révélées.
Comte cite Bacon comme étant un précurseur de l'état positif cad de l'âge de raison de l'humanité.
Pour comprendrecela revenons à la loi des trois états.
La philosophie de l'histoire, telle que Comte la conçoit est d'une certaine façon aussi idéaliste que celle de Hegel.Pour Comte « les idées mènent et bouleversent le monde » et c'est l'évolution de l'intelligence humaine quicommande le déroulement de l'histoire.
Comme Hegel encore, Comte pense que nous ne pouvons connaître l'esprithumain qu'à travers les oeuvres successives — oeuvres de civilisation et histoire des connaissances et des sciences— que l'intelligence a tour à tour produites au cours de l'histoire.
L'esprit ne saurait se connaître de l'intérieur(Comte rejette l'introspection, parce que le sujet connaissant s'y confond avec l'objet étudié et que nul ne peut semettre à la fenêtre pour se voir passer dans la rue ! ).
L'esprit ne peut se découvrir que dans les oeuvres de laculture et tout particulièrement dans l'histoire des sciences.
La vie spirituelle authentique n'est pas une vieintérieure, c'est l'activité scientifique qui se déploie à travers le temps.
Ainsi comme le dit très bien Gouhier laphilosophie comtiste de l'histoire c'est « une philosophie de l'histoire de l'esprit à travers les sciences ».L'esprit humain dans son effort pour expliquer l'univers passe successivement par trois états :
a) L'état théologique ou « fictif » explique les événements par des volontés analogues à la nôtre (par exemple latempête sera expliquée par un caprice du dieu des vents, Éole).
Cet état évolue du fétichisme au polythéisme et aumonothéisme.
b) L'état métaphysique remplace les dieux par des principes abstraits comme « l'horreur de vide » longtempsattribuée à la nature.
On expliquera par exemple la tempête par la « vertu dynamique » de l'air 1.
Cet état est aufond aussi anthropomorphique que le premier (la nature a « horreur » du vide comme Madame la Baronne a horreurdu thé) L'homme projette spontanément sa propre psychologie sur la nature.
L'explication dite théologique oumétaphysique est une explication naïvement psychologique.
L'explication métaphysique a surtout pour Comte uneimportance historique comme critique et négation de l'explication théologique précédente.
C'est ainsi que lesrévolutionnaires de 1789 sont « métaphysiciens » quand ils évoquent les « droits » de l'homme — revendicationcritique contre les devoirs théologiques antérieurs mais sans contenu réel.
c) L'état positif est celui où l'esprit renonce à chercher les fins dernières et à répondre aux ultimes « pourquoi ».
Ala notion de cause (transposition abusive de notre expérience intérieure du vouloir sur la nature) il substitue lanotion de loi.
On se contentera de décrire comment les faits se passent, de découvrir les lois (exprimables enlangage mathématique) selon lesquelles les phénomènes s'enchaînent les uns aux autres.
On retrouve ici Bacon.
Unetelle conception du savoir débouche directement sur la technique : la connaissance des lois positives de la naturenous permet en effet lorsqu'un phénomène est donné de prévoir le phénomène qui suivra et éventuellement enagissant sur le premier de transformer le second (« Science d'où prévoyance, prévoyance d'où action»).Ajoutons que pour Auguste Comte la loi des trois états n'est pas seulement vraie pour l'histoire de notre espèce, elleest aussi vraie pour le développement de chaque individu.
L'enfant donne des explications théologiques, l'adolescentest métaphysicien, l'adulte parvient à une conception « positiviste » des choses..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- AUGUSTE COMTE : COURS DE PHILOSOPHIE POSITIVE (Résumé & Analyse)
- L'oeuvre de Comte OEUVRES PRINCIPALES :COURS DE PHILOSOPHIE POSITIVE (6 vol.
- Commentez la citation de Catherine Durvy le roman et ses personnages « l'évolution du personnage au cours d'un même récit semble bien caractéristique de la nature du personnage romanesque ».
- Auguste Comte et sa philosophie
- « Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu. » Voltaire, Le Sottisier. Commentez cette citation.