Togo (2001-2002) Lassitude et fatalisme
Publié le 27/09/2020
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Togo (2001-2002)
Lassitude et fatalisme
Les élections législatives anticipées fixées au 10 mars 2002 ont été reportées
sine die, après deux précédents reports.
En dépit des médiations des
«facilitateurs» internationaux, le contentieux n'a cessé de s'alourdir entre
l'opposition et la mouvance présidentielle qui avaient signé, le 29 juillet
1999, l'Accord-cadre de Lomé (ACL), censé résorber la crise politique née de
l'élection contestée du dictateur Étienne Gnassingbé Éyadéma (au pouvoir depuis
1967), le 21 juin 1998.
En effet, le Comité paritaire de suivi (CPS), espace de
dialogue institué entre les différentes parties à la crise, s'est trouvé
paralysé à la suite de l'emprisonnement, le 3 août 2001, de Me Yawovi Agboyibo,
l'un des principaux signataires de l'ACL, alors même que l'arrêt de la cour
d'appel de Lomé du 10 janvier 2002 annulait les poursuites pour diffamation
engagées contre lui par le Premier ministre Kodjo Agbéyomé et ordonnait sa
libération.
L'opposition ayant fait de cette libération un préalable non
négociable à toute reprise des activités du CPS, la situation restait bloquée.
D'autant que le pouvoir a tenté, le 8 février 2002, un passage en force pour
modifier unilatéralement le code électoral ainsi que la composition de la
Commission électorale nationale indépendante (nomination, le 15 mai 2002, de
sept magistrats proches de la tête de l'État), au mépris des réactions des
Nations unies et des États-Unis, ainsi que des sanctions de l'Union européenne,
laquelle s'est beaucoup impliquée dans la résolution de la crise et dans son
financement (interrompu le 31 mai 2002).
Si avec la libération de Me Agboyibor,
intervenue le 14 mars 2002, il y a eu une reprise du dialogue au sein du CPS,
celui-ci s'est définitivement interrompu à Paris début mai.
La mise au ban du pays par les principaux bailleurs de fonds internationaux
devait avoir de lourdes incidences structurelles sur une économie présentant
toutes les caractéristiques d'une économie de guerre.
Le voyage du général
Éyadéma à Paris, le 24 novembre 2001, ainsi que ceux, plus fréquents, de son
ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Koffi Panou, à Bruxelles
et à Washington n'ont pas convaincu ces capitales, attachées à la bonne
gouvernance et au respect des droits de l'homme.
Alors que le versement des
traitements des agents de l'État avait plusieurs mois de retard, que la
corruption des barons du régime se poursuivait et que la presse était soumise à
des saisies à répétition, les Togolais vivaient dans la lassitude et le
fatalisme.
La démission du Premier ministre, le 27 juin 2002, et son violent
réquisitoire contre le régime ont réveillé le pays..
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