Tito Josip

« Auréolé du prestige de son action pendant la résistance, le maréchal Tito met en place en Yougoslavie un régimesocialiste farouchement indépendant du pouvoir soviétique.

Josip Broz, ancien prisonnier des Russes durant laPremière Guerre, s'est inscrit au Parti communiste croate dès 1920.

Le parti est interdit et Josip, dit Tito, participe àdes activités clandestines qui lui valent cinq ans de prison.

Il travaille au bureau du Komintern en URSS et prend latête du Parti communiste yougoslave.

Menacé par les purges staliniennes, il se réfugie brièvement à Paris.

A sonretour, Tito organise lui-même une épuration de style stalinien.

En 1939, il n'a conservé que 12 000 membresdisciplinés et organisés.

En avril 1941, l'Allemagne envahit la Yougoslavie.

Tito organise des actions de résistance etobtient en 1943 le soutien de Churchill.

Ce dernier persuade Roosevelt et Staline de reconnaître Tito.

Le chef descommunistes promet en contrepartie de ne pas renverser le régime monarchique serbe avant la fin de la guerre.

Maisun parlement dépose Pierre II dès 1945 et abolit la monarchie.

Tito, chef de la résistance, devient naturellement lepremier président de la jeune république.

Il fait exécuter le général Mihaïlovitch, chef des En 1948, Staline tente dese débarrasser de Tito par un coup d'État, mais il échoue.

Le maréchal Tito sort même renforcé de cette épreuve,et le Ve congrès du Parti plébiscite sa politique.

Son opposition à la menaçante hégémonie russe lui apporte lesoutien de la majeure partie de la population yougoslave.

Elle le coupe du monde socialiste et Tito signe un pacteavec la Grèce et la Turquie.

Khrouchtchev exprime des sortes d'excuses au maréchal en 1955 et Tito parvient àfaire reconnaître le droit pour les pays voisins de l'URSS de choisir leur propre forme de socialisme.

Tito reste aupouvoir en Yougoslavie jusqu'à sa mort en 1980.

Son rôle au sein des non-alignés est essentiel. Tito Josip Broz de son vrai nom, Tito est né en 1892 et mort en 1980.

Après la Seconde Guerre mondiale, il constitue enYougoslavie un Etat communiste qui prendra ses distances d'avec l'URSS, en prenant la tête des pays non-alignés.Né le 7 mai 1892 à Kumrovec en Croatie (qui faisait alors partie de l'Autriche-Hongrie) d'une mère slovène et d'unpère croate, il sert comme officier dans l'armée autrichienne pendant la Première Guerre mondiale.

Blessé et faitprisonnier par les Russes, il devient bolchévique au moment de la Révolution d'octobre (1917).

Après la guerre, ilretourne en Croatie (qui est devenue une partie de la Yougoslavie) et travaille clandestinement à l'organisation duParti communiste.

Après une période d'emprisonnement (1928-34), il prend le pseudonyme de Tito, se rend àMoscou et y travaille pour l'Internationale communiste (Komintern, plus tard Kominform).

En 1937, le Kominternrenvoie Tito en Yougoslavie pour y purger le Parti communiste.

Pendant cette période, il est fidèle à la politique duKomintern, critiquant la domination serbe sur les autres nationalités de Yougoslavie et oeuvrant pour l'éclatement del'Etat yougoslave.

L'Allemagne nazie s'attaque à la fois à la Yougoslavie et à l'U.R.S.S.

en 1941 et Tito constitue ungroupe de partisans yougoslaves pour s'opposer aux Allemands et à leurs alliés croates.

Tito organise d'abord ladéfense contre l'invasion allemande.

L'année suivante, il forme un gouvernement provisoire dominé par lescommunistes et se heurte à un mouvement de résistance serbe, les Chetniks, en faveur de la restauration de lamonarchie d'avant-guerre.

Après des tentatives infructueuses pour réconcilier les groupes rivaux, les alliésaccordent leur soutien à Tito en 1941.

Au moment de la défaite allemande en 1945, le pays, dévasté par la guerre,est de nouveau unifié, sous le contrôle de Tito.

Sans faire de référendum pour choisir entre la restauration de lamonarchie ou l'instauration d'une république yougoslave, Tito met en place un système de parti unique à caractèredictatorial.

Tito suit fidèlement Joseph Staline jusqu'au moment où ce dernier commence à critiquer sa politique, etle Parti communiste yougoslave est exclu du Kominform en 1948.

Entre se soumettre et se battre, Tito choisit de sebattre.

Avec Edvard Kardelj (1910-79) et Milovan Djilas, il fait revivre l'humanisme marxiste (le conceptd'autogestion ouvrière) et recommande des réformes économiques libérales ainsi qu'une décentralisation desinstances du parti et du gouvernement (première étape de l'émergence d'un nationalisme latent au sein desrépubliques).

Dans les années soixante, Tito se joint aux dirigeants de pays africains et asiatiques pour promouvoirle concept de non-alignement (indépendance vis-à-vis de l'U.R.S.S.

et des Etats-Unis).

En 1953, Tito épouse saquatrième femme, Jovanka Budisavljevic (1923-), une jeune partisane serbe, symbolisant ainsi l'union des deuxprincipales nationalités rivales de Yougoslavie.

Une réconciliation partielle avec l'Union soviétique (1955) rehausseencore le prestige de Tito dans le pays et à l'étranger.

L'esprit d'indépendance yougoslave demeure néanmoins unsujet d'irritation pour les dirigeants soviétiques et un défi à leur domination sur l'Europe de l'est.

Tito soutient lapolitique soviétique de détente avec l'ouest, mais proteste contre l'intervention soviétique en Hongrie (1956), enTchécoslovaquie (1968) et en Afghanistan (1979).

Cette attitude indépendante influence et précède celle de laChine et de l'Albanie, et lance un défi à la suprématie soviétique sur le monde communiste.

Tito meurt le 4 mai 1980à Ljubljana après une longue maladie et est enterré dans un mausolée à Belgrade.

Personnage influent de la politiquemondiale de l'après-guerre, Tito a contrôlé la Yougoslavie pendant 35 ans.

En politique étrangère, il a constammentfavorisé la détente, le non-alignement des pays du Tiers monde et le pluralisme au sein du mouvement communistemondial.

A l'intérieur, il a autorisé quelques réformes libérales mais maintenu le monopole du Parti communiste.

Sapolitique a encouragé cependant les tendances séparatistes et nationalistes parmi les républiques rivales de sonpays, germes de la sanglante guerre civile des années 90, dix ans après sa mort.. »