Databac

thucydide et la ligue de Délos

Publié le 05/02/2024

Extrait du document

« En 416, Alcibiade, un Athénien, rapporte durant son discours pendant les débats qui ont eu lieu à Mélos : « Comment donc nous sommes-nous constitué un empire, nous et tous les peuples qui ont dominé les autres ? N'est-ce pas en nous portant avec empressement au secours de tous ceux, Barbares ou Grecs, qui, successivement, réclamaient notre assistance ? […] Nous ne sommes pas libres de régler, comme on établit le budget, l'extension que devra prendre notre empire.

Nous nous sommes mis désormais dans une situation telle que, par la force des choses, nous devons à la fois préparer de nouvelles conquêtes et éviter tout abandon, car nous serions en danger de tomber sous la domination étrangère si nous cessions nous-mêmes de dominer.

Il ne vous est pas permis d'envisager le repos à la façon des autres peuples, à moins de renoncer aussi à toutes vos habitudes pour vivre comme eux.

» Dans son discours, il explique qu'il est impérial pour Athènes de diriger et d'étendre ses territoires.

Athènes est, selon Alcibiade, vouée à s'agrandir et à dominer sur les autres cités car c'est elle qui est toujours venue en aide à ceux qui en avaient besoin et puisqu'elle est déjà puissante, elle n'a le choix que de s'arrêter dans ses conquêtes. Elle est donc un empire, c'est une cité plus forte que les autres. Ce sont les guerres Médiques qui ont permis à Athènes d'avoir cette position prédominante.

Si ces cités ont choisi Athènes comme hégémon pour être protégées contre les Perses, c'est car elle est légitime.

Au début du Ve siècle av.

J.-C.

(490-479 av.

J.-C.), une coalition de cités grecques affronte les Perses, on appelle cet affrontement les guerres Médiques.

La cité qui a remporté la victoire contre les Perses en 480, c'est Athènes, puisque sa stratégie maritime a été la stratégie efficace.

À ce moment-là, les Athéniens sont vus comme des sauveurs. L'extrait que nous avons à commenter est un extrait (page 96-101 du livre 1 ; La guerre du Péloponnèse) de ce qu'on appelle la « Pentékontaétie ».

Elle prend place à l'intérieur d'un raisonnement fondamental de Thucydide qui distingue deux types de causes pouvant expliquer la guerre du Péloponnèse, la plus grande crise que connut jamais le monde grec d'après l'historien : les « prétextes » qui ont déclenché le conflit entre Athènes et Sparte (les affaires de Corcyre et de Potidée qui mirent aux prises Corinthe, cité péloponnésienne alliée de Sparte, et Athènes) et la « cause la plus vraie », à savoir la croissance de l'empire athénien, dont Thucydide démontre qu'il faut remonter très haut dans le temps, jusqu'aux guerres Médiques, pour la comprendre. C'est dans ce contexte que l'historien évoque l'institution de la Ligue de Délos. Ici, Thucydide décrit le fonctionnement de la Ligue, raconte son évolution, puis analyse les causes des faits qu'il rapporte.

Thucydide décortique les relations complexes qui unissaient la cité d'Athènes et ses alliées, mais il fait porter ici la responsabilité sur les cités alliées qui se sont laissé dominer parce qu'il était plus facile pour elles de laisser les Athéniens combattre à leur place.

En quelques phrases, Thucydide explique les causes de l'alliance (une alliance contre les « Barbares », les Perses, mais aussi dès l'origine, contre le régent spartiate Pausanias), sa raison d'être (les représailles contre le roi de Perse, en réalité la défense contre l'éventualité d'une troisième attaque), son fonctionnement (instauration d'un tribut en argent ou d'une contribution en navires et création d'une nouvelle magistrature pour encaisser l'argent, celle des « hellénotames »), son nom (tiré du sanctuaire commun à tous les Ioniens, peuples grecs vivant en cités autour de la mer Égée, et situé sur l'île sacrée de Délos, dans les Cyclades), sa nature (la participation en navires et le caractère côtier des cités disposées autour de l'Égée évoquent une alliance essentiellement maritime). Thucydide essaie de comprendre comment la situation a pu ainsi dégénérer.

Au travers de ce rapide parcours, on se rend compte que bien qu'Athènes ait des alliées avec qui elle se veut à l'origine égale, cela cache une supériorité bien enracinée.

Nous pouvons donc nous demander, dans quelle mesure la situation d'hégémonie d'Athènes explique-t-elle le passage de la Ligue de Délos à un empire athénien ? Nous répondrons à cette problématique en trois parties ; tout d'abord, nous verrons que l'hégémonie d'Athènes est consentie et totalement acceptée par les cités alliées, ce qui va placer Athènes en position de force très rapidement et ainsi lui permettre d'instaurer ses règles.

Ensuite, nous aborderons l'impérialisme maritime d'Athènes, qui renforce la démocratie en finançant la vie de la cité et en permettant aux institutions de fonctionner allègrement.

Réciproquement, la démocratie renforce la stabilité.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles