THOMAS MORUS

« THOMAS MORUS Thomas More (en latin Morus) fut grand chancelier d'Angleterre sous Henri VIII.

Le roi le fit décapiter pour hautetrahison, en 1535, parce que cet homme intègre s'opposait à ses sombres desseins. Le nom de Thomas Morus est associé à Utopie, titre de son principal ouvrage politique (1516).

« Utopie » estdevenu un nom commun dans toutes les langues du monde.

Elle est (littéralement : « de nulle part ») une citéidéale, se sachant telle mais se proposant au rêve du philosophe à la fois écœuré de son époque et impuissant à lachanger. L'œuvre est précédée d'une importante introduction consacrée à la critique des institutions anglaises, des mœurs etdes injustices.

Il y a d'abord une attaque en règle contre la monarchie (portée à faire la guerre, avide d'argent,légitimant toutes les exactions et tous les abus), puis une prise à partie assez féroce du système économico-politique dans son ensemble : tout le système aboutit à la paupérisation du peuple, et cela à cause d'uneorganisation féodale du travail et de la propriété privée.

Morus écrit : « Tant que le droit de propriété sera lefondement de l'édifice social, la classe la plus nombreuse et la plus estimable n'aura en partage que disette,tourments et désespoir.

» Utopie est donc la cité idéale.

Il n'y a ni argent ni propriété privée.

La cité, qui contient six mille familles elles-mêmeslimitées en nombre, l'excédent créant d'autres cités, est gouvernée par un Sénat de deux cents membres élus pourun an, dont le président est choisi sur une liste de quatre citoyens présentés par le peuple.

Le président est élu àvie.

Toute une série de règles empêche le secret des délibérations et toute cabale.

La liaison est permanente entreles sénateurs et les délégués des familles.

Par ailleurs treize prêtres élus entretiennent une religion naturelle, le cultede l'Etre suprême, et organisent l'éducation.

« Utopie n'admet pas d'oisifs, ni de nobles, ni de valets.

» « Celui qui netravaille pas ne mange pas.

» L'intérêt particulier est subordonné à l'intérêt général, l'égalité est totale, lecommunisme (communauté des biens) est la règle, l'économie est intégralement dirigée. Tels sont les principes d'une construction législative et sociale que Morus poursuit dans les détails.

A l'abri de sapolitique-fiction, c'est une profession de foi que l'auteur offre aux lecteurs, et Utopie a fait et fait encore coulerbeaucoup d'encre.. »