Thème 1 HGGSP faire la guerre faire la paix
Publié le 29/01/2024
Extrait du document
«
Axe 2 : Le défi de la construction de la paix.
Qu’est-ce que la paix ?
Comment construire une paix durable après la guerre ?
Quels acteurs interviennent pour faire la paix ?
Les paix sont-elles imposées par les vainqueurs ou discutées ?
Dans quelle mesure le processus de paix doit-il dépasser sa simple dimension
militaire ?
Notions :
Paix hégémonique : un vainqueur impose ses conditions au vaincu
Paix d’équilibre : aucun des 2 camps n’est considéré comme supérieur à l’autre
Paix impériale : paix entre 2 camps qui est imposée ou négociée par une puissance supérieure
Paix bilatérale : paix négociée directement entre les 2 camps
Paix positive : concept développé par le politologue norvégien Johan Galtung : pour faire la paix, il ne
suffit pas de mettre fin à la violence, il faut tenter d’éradiquer les éléments qui ont été à l’origine de
cette violence.
Il la définit comme « un état de la société dans lequel l’exploitation est entièrement
éliminée ou, tout du moins, minimisée et où aucune violence manifeste d’origine structurelle ou
individuelle ne vient dénier au peuple l’exercice de ses droits fondamentaux » (lors d’une conférence à
l’OMS en 1994.)
Paix négative : absence de guerre, ce qui ne signifie pas que des tensions, parfois fortes, n’existent
pas entre les acteurs concernés.
Paix blanche : pays dite « sans vainqueur ni vaincu », conclue sur l’absence d’annexion, d’indemnité,
de réparations par les belligérants.
Diplomates : les professionnels des négociations entre les Etats
Qu’est-ce que la paix ?
La guerre est facile à définir car il y a une définition juridique et une chronologie : un temps court avec
deux camps qui s’affrontent et des événements qui surviennent + des pratiques spécifiques, comme
l’Etat d’urgence, le rationnement, le couvre-feu… Il y a des métiers de la guerre, comme soldats,
fabricants d’armes.
La paix est plus difficile à définir = est-ce seulement l’absence de guerre ou un idéal, une utopie ?
Au niveau juridique, la paix est la situation qui découle d’un traité de paix donc de la fin de la guerre
et qui dure jusqu’à la rupture de ce traité, c’est-à-dire, le début d’une autre guerre.
Historiographie : Les études et les recherches sur la paix sont moins importantes que les études et les
recherches sur la guerre.
Les historiens font l’histoire des guerres et la paix est souvent le dernier
chapitre.
L’histoire de la paix, c’est bien souvent l’histoire des traités qui mettent fin aux guerres.
« Qui veut la paix prépare la guerre »/ « si tu veux la paix, prépare la guerre ».
La vraie citation de l’auteur romain Végèce est : « si desiderat pacem, praeperat bellum » phrase
transformée en 1848 par Adolphe Roussel lors de congrès de la paix à Bruxelles (c’est la naissance du
pacifisme moderne) qui invente la formule si vis pacem, para bellum, et la corrige avec une autre
formule « si tu veux la paix, prépare la guerre ! ».
Si vis pacem, para bellum est toujours la doctrine
des états-majors des Etats modernes de nos jours.
I)
Faire la paix par les traités : du XVIIème au XXème siècle
1)
Les traités de Westphalie (1648)
Jalon 1 : Faire la paix par les traités : les traités de Westphalie (1648).
La Guerre de 30 ans (1618-1648)
-L’Europe et l’Empire en 1618.
L’Europe est divisée politiquement est religieusement au début du XVII e siècle.
Politiquement :
Il existe 2 grandes familles qui rivalisent pour dominer l’Europe : d’une part les Habsbourg, la famille
de Charles-Quint, qui règnent sur l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, une partie du monde germanique et
la Hongrie.
De l’autre les Bourbons, qui règnent sur la France.
L’Italie et l’Allemagne n’existent pas, elles
sont divisées entre une multitude de villes libres (comme Metz), seigneuries, principautés (comme le duché de
Lorraine) qui sont plus ou moins autonomes.
Les possessions des Habsbourg en Europe
A la tête du Saint-Empire se trouve l’Empereur qui est de la famille des Habsbourg.
Il a peu de
pouvoirs sur ces villes et ces principautés, mais tente de le renforcer, ce qui créé des tensions dans l’Empire.
L’Empire germanique
Religieusement :
L’Europe est divisée entre chrétiens catholiques et chrétiens protestants.
Les tensions et
les guerres religieuses durent depuis un siècle.
Ces tensions sont très fortes dans les pays où
catholiques et protestants cohabitent comme en France et dans l’Empire.
En France, le roi est catholique
et les protestants sont tolérés depuis l’Edit de Nantes de 1598.
Dans l’Empire, les habitants doivent avoir la même
religion que leur prince (cujus regio, ejus religio) : par exemple, le duc de Bavière est catholique, donc les
Bavarois doivent être catholiques.
Les divisions religieuses en Europe à l’époque moderne
-Phase 1 : la guerre de religion (1618-1629).
Il s’agit d’une guerre de religion dans l’Empire à partir de 1618,
jusqu’à la défaite du roi du Danemark en 1629.
L’Empereur qui est catholique tente d’imposer sa volonté à la
noblesse tchèque, qui est en partie protestante.
C’est la dernière grande guerre de religion en Europe, qui oppose
les princes catholiques comme l’empereur et le duc de Bavière et les princes protestants qui sont eux-mêmes
divisés entre protestants luthériens et protestants calvinistes.
Les princes protestants ont fait appel au roi
protestant du Danemark pour les protéger, mais il est vaincu en 1629 par les princes catholiques.
-Phase 2 : une guerre plus politique à partir de 1629.
La guerre devient plus politique avec l’entrée en
guerre de la Suède et de la France.
Le roi Gustave-Adolphe de Suède, qui est protestant luthérien entre en guerre
contre le camp catholique pour protéger les protestants de l’Empire.
Mais il est soutenu et financé par la France,
qui est une puissance catholique.
Le roi de France Louis XIII et son ministre le cardinal Richelieu luttent contre la
puissance des Habsbourg d’Autriche et d’Espagne pour desserrer l’encerclement que subit la France.
Le roi de
France qui est catholique s’associe donc avec des princes protestants contre des princes catholiques.
Le roi de Suède remporte des victoires contre le camp catholique jusqu’à sa mort au combat en
1632.
La France doit alors intervenir directement à partir de 1635.
Au début les choses tournent mal : les défaites
se succèdent et les impôts explosent en France, ce qui provoque de grandes révoltes dans le royaume.
Finalement, la guerre devient une guerre d’usure et la France, qui est le pays le plus riche d’Europe retourne la
situation et commence à remporter des victoires à partir de 1643.
Les projets de paix changent donc de nature et ne peuvent plus être seulement basés sur un équilibre
religieux.
Carte de la Guerre de Trente Ans
Faire la paix
-Les premières tentatives de paix : les paix religieuses.
La première paix est conclue en 1629 entre l’empereur Ferdinand II et le roi du Danemark à Lubeck.
Il
s’agit d’une paix quasiment blanche car l’empereur a peur de l’intervention des Suédois et donc ménage le
Danemark vaincu.
Cette paix ne fonctionne pas car l’empereur victorieux impose le triomphe du catholicisme.
Après la mort en 1632 de Gustave-Adolphe, le roi de Suède, l’Empereur, qui est sur la défensive, fait une
paix modérée avec tous les princes protestants de l’Empire à Prague en 1635.
La guerre continue cependant car la
même année la France entre dans le conflit pour soutenir la Suède, mais elle est désormais politique, la question
religieuse est évacuée.
-Les discussions de paix.
Le pape Urbain VIII se démultiplie pour la paix.
L’idée d’un double congrès (assemblées), un congrès
catholique et l’autre protestant prend forme, des pourparlers ont lieu à Cologne en 1636.
Mais il n’y a pas de
suspension des hostilités et la guerre continue.
Il existe quelques lieux épargnés par la guerre comme Hambourg
qui permettent aux belligérants de se rencontrer.
-Le choix de la Westphalie dans le nord de l’Empire.
Les victoires françaises à la fin des années 1630
changent la donne.
Les 2 camps sont d’accord pour organiser un congrès de paix par l’accord d’Hambourg fin
1641.
L’évêché catholique de Munster en Westphalie dans le nord de l’Allemagne, est choisi et celui voisin
d’Osnabrück, qui est protestant.
Les 2 sont séparés de 11 lieues (une cinquantaine de kilomètres) ce qui permet
les échanges de lettres sans se rencontrer entre ambassadeurs catholiques et protestants.
-Les acteurs.
Les princes ne sont pas présents et laissent le travail à des techniciens.
Seuls l’Angleterre en révolution
et l’Empire Ottoman ne sont pas représentés.
Une nouvelle génération de juristes plus professionnels et de diplomates apparaît au début du
17e, qui est plus pro et ressemble moins aux courtisans (qui vivent à la cour) du 16 e.
Le plus célèbre est Hugo
Grotius, en Hollande, père du droit international, mort en 1645, dont le traité sur la guerre et la paix va inspirer
les négociateurs des traités de Westphalie.
Par exemple, la délégation française est conduite par le comte d’Avaux,
surintendant des finances et diplomate, qui représente le principal ministre Mazarin et le....
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