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Théâtre racinien - synthèse

Publié le 24/09/2024

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« Théâtre racinien : une synthèse. Une fatalité inexorable Dans la tragédie racinienne, la fatalité est reine.

Elle est inexorable.

Comme l'araignée au centre de sa toile, elle attend sa proie, elle sait qu'elle ne lui échappera pas.

Le personnage racinien s'inscrit dans une perspective janséniste.

Déterminé par le destin, il n'a pas la maîtrise de son existence.

Contrairement au héros cornélien, il doit accepter la vie que la fatalité lui assigne.

Ses possibilités de choix sont réduites.

Il peut lutter, mais c'est inutilement qu'il se débat dans les mailles du filet où il est emprisonné. Le personnage racinien a beau être lucide, il a beau savoir qu'il court tout droit à sa perte, il ne peut rien faire pour éviter la catastrophe, pour modifier la situation: Oreste est persuadé qu'Hermione ne l'aimera jamais, mais il ne renonce pas pour autant à ses sentiments qui le conduisent au bord de la folie.

Phèdre ne se dissimule pas la répulsion qu'elle provoque chez Hippolyte, mais rien ne l'empêche de lui dire ce qu'elle éprouve pour lui. Les personnages du théâtre de Racine sont semblables à ces dormeurs qui, plongés dans un épouvantable cauchemar, se voient courir au désastre, à la mort, sans pouvoir les éviter, se sentent poursuivis par des êtres effrayants, sans avoir la force de faire un geste pour leur échapper. Une mortelle aliénation Cette fatalité entraîne une aliénation insupportable.

Les personnages raciniens n'ont pas de prise sur les événements.

Ils vivent dans la souffrance, dans le sentiment de l'inutilité de l'action.

Bajazet offre l'exemple même de cette difficulté à agir.

Il est partagé entre son amour pour Atalide et la nécessité de ménager Roxane qui détient entre ses mains le pouvoir et qui, férocement amoureuse de lui, est maîtresse de sa vie: confronté à cette contradiction, il ne cesse d'hésiter, avant de rompre enfin avec la sultane. Cette aliénation que subissent les personnages raciniens est d'autant plus grande que les obstacles qu'ils affrontent sont plus forts.

Ceux qui semblent les plus favorisés, ceux qui sont unis par un amour partagé n'échappent pas à l'adversité.

Ils se heurtent à des forces invincibles qui les mettent en échec : Bajazet et Atalide succombent face à Roxane, forte de son pouvoir . Britannicus et Junie ne peuvent résister à la cruauté de l'empereur Néron .

Titus et Bérénice doivent céder devant la volonté populaire. La situation est encore plus tragique, lorsque l'obstacle se trouve à l'intérieur même du couple: aimer, sans être aimé, avoir à combattre ce que l'on aime, tel est le drame d'Oreste, de Roxane ou de Phèdre. Et que dire lorsque les personnages, eux-mêmes profondément divisés, sont le siège de violentes et irréductibles contradictions? C'était déjà le cas d'Andromaque, obligée de choisir entre sa fidélité envers son mari et la vie de son fils, ou d'Atalide qui doit, pour sauver Bajazet, renoncer à lui.

Ce qui déchire souvent les personnages raciniens, c'est le choix entre la générosité et l'égoïsme, entre leurs impulsions individuelles qui reposent sur des valeurs de désir et les impératifs moraux qui s'appuient sur les valeurs de la raison.

Cette contradiction éclate, en particulier, chez Phèdre, que le désir pousse vers Hippolyte, tandis que sa raison l'incite à renoncer à sa passion.

Dans une perspective janséniste, les personnages raciniens apparaissent ainsi les enjeux de cette lutte sans merci entre les forces du bien et les forces du mal.

Englués dans le péché, plongés dans l'obscurité, ils aspirent à une lumière, à un salut qui se dérobent sans cesse. C'est que, la plupart du temps, ces deux impulsions contradictoires sont également vitales: abandonner l'une d'elles, c'est souffrir atrocement, c'est se mutiler gravement.

Aussi la tragédie racinienne s'achève-t-elle souvent dans la mort, seule capable de supprimer définitivement les contradictions. Le cas d'Athalie est quelque peu différent : totalement engagée dans un combat sans merci contre Joad et Joas, les représentants de la religion qu'elle a reniée, la reine de Juda n'a pas à lutter contre elle-même.

Résolue, sûre de ses positions, si elle éprouve quelques troubles de conscience, ils ne durent pas très longtemps.

Mais la fatalité lui oppose un obstacle infranchissable, celui de ses adversaires soutenus par Dieu.

S'il y a contradiction, elle est entre deux camps: le bien s'oppose au mal et marque son triomphe par un dénouement sanglant. Amour et pouvoir Le jeu des contradictions atteint une.... »

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