Thaïlande (2000-2001): Un nouveau gouvernement peu convaincant
Publié le 27/09/2020
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Thaïlande (2000-2001): Un nouveau gouvernement peu convaincant
Accusé, fin décembre 2000, de dissimulation patrimoniale intentionnelle (4,5
milliards de bahts) dans des déclarations effectuées en 1996 et 1997, Thaksin
Shinawatra, devenu Premier ministre le 9 février 2001 et magnat des
télécommunications, risquait de se voir interdire toute activité politique
pendant cinq ans par une décision de la Cour constitutionnelle, une première
dans l'histoire du royaume.
Le 6 janvier 2001, les parlementaires ont été élus
pour la première fois selon un double mode de scrutin : 400 sièges ont été
pourvus par un scrutin uninominal à un tour, 100 autres à la proportionnelle
nationale sur listes de partis.
Cette consultation a été la première organisée
en vertu des nouvelles lois de transparence de la Charte du peuple adoptée en
1997.
Avec 248 députés, dont 48 élus au scrutin de liste, le parti Thai Rak Thai
(TRT), "Les Thaïs qui aiment les Thaïs", est devenu le pivot d'une coalition
tricéphale formée avec le Parti du nouvel élan (NAP, 36 députés) et celui du
Chart Thai (41 députés) de l'ancien Premier ministre Banharn Silpa Archa
(1995-1996).
Cette alliance assurait au chef du gouvernement une large majorité,
les 15 élus du Seritham ayant même apporté leur suffrage lors du vote
d'investiture.
Faute de pouvoir réunir les 200 signatures requises, l'opposition
s'est vu interdire toute motion de censure durant la législature.
Cette majorité
sans précédent a été d'autant plus spectaculaire que 70 % des électeurs
thaïlandais se sont rendus aux urnes.
En dépit du redressement économique amorcé
après la crise monétaire de 1997, la majorité sortante n'a pas répondu aux
attentes sociales et a semblé ignorer la paupérisation des paysans et d'une
partie de la classe moyenne qui constituait son assise politique.
Chuan Leekpai
restera néanmoins à ce jour le Premier ministre démocratiquement élu le plus
longtemps demeuré en fonctions.
Le 18 février, un gouvernement de 36 membres, organisé autour du Thai Rak Thai
(27 ministres, dont 2 femmes), a prêté serment devant le roi Rama IX.
Le NAP a
obtenu 5 portefeuilles dont celui de vice-premier ministre et ministre de la
Défense pour son leader le général Chavalit Yongchaiyuth, le Chart Thai devant
se contenter de 6 postes ministériels secondaires.
À peine formé, le
gouvernement a été confronté à de multiples difficultés.
La première concernait
le financement des mesures coûteuses de son programme électoral (900 milliards
de bahts).
Le Premier ministre s'est engagé à faire adopter un moratoire de
trois ans sur les dettes des agriculteurs les plus pauvres, à octroyer une
subvention d'un million à chacun des 77 000 villages du royaume, à établir une
couverture maladie pour tous, une consultation hospitalière pour 30 bahts, à
instaurer un plan de soutien aux petites et moyennes entreprises et à faciliter
une reprise par l'État des créances douteuses des banques par une structure
publique.
La rigueur budgétaire du gouvernement démocrate précédent, qui avait
permis de diminuer la dette de l'État (57,6 % du PIB) et d'étoffer les réserves
de change, a semblé bien lointaine.
La mise en œuvre et le financement de cette
politique économique ont inquiété le FMI.
La stimulation de la croissance par le
déficit budgétaire (4,2 % du PIB) a paru hasardeuse à l'heure où, pour la
première fois depuis trente mois, le commerce extérieur était à nouveau
déficitaire.
Le pays comptait par ailleurs dix millions de personnes à la
recherche d'un emploi.
Une politique économique à rebours.
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