Thaïlande (1982-1983): Retour à la démocratie?
Publié le 27/09/2020
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Thaïlande (1982-1983): Retour à la démocratie?
C'est avec un faste sans précédent que les Thaïlandais ont célébré, pendant tout
le mois d'avril 1982, le bicentenaire de la dynastie Chakri et de la fondation
de sa capitale, Bangkok.
Comme le roi Bhumibol l'avait souhaité, la vie
politique a été gelée la plus grande partie d'une année, somme toute faste pour
le régime: pas de coup d'État militaire, une économie qui a plutôt bien résisté
à la récession mondiale, des victoires importantes contre une insurrection en
pleine débandade, et l'amorce d'un dialogue avec le puissant voisin communiste,
le Vietnam.
Une nouvelle source d'instabilité est pourtant apparue: l'influence
grandissante du général Arthit Kamlangek, qui ne dissimule pas ses fortes
ambitions.
Le général est devenu au mois de septembre, au terme d'une promotion fulgurante,
commandant en chef d'une armée qu'il dirigera jusqu'en 1985.
Celui qui en avril
1981 a sauvé le régime en réprimant la tentative de putsch des "jeunes turcs" de
l'armée, est, tout comme le Premier ministre, le général Prem, un homme du
Palais.
Le général Arthit jouissait de l'appui du groupe des "soldats
démocrates" favorables à l'instauration d'un régime "musclé" capable d'opérer
des réformes profondes de la société thaïe.
A peine investi dans ses fonctions, Arthit a pris la tête d'une fronde des
militaires pour bloquer la réforme prévue de la Constitution de 1979.
Un certain
nombre de "clauses transitoires" de ce texte devaient devenir caduques en avril
1983: les pouvoirs du Sénat seraient de ce fait très réduits et les
fonctionnaires (donc les militaires) seraient écartés des responsabilités
ministérielles.
Or le Sénat, dont les 225 membres ont été désignés par le roi,
est composé pour 90% d'officiers supérieurs.
Il est en fait la voix de l'armée
qui, n'ayant pas cessé d'exercer la réalité du pouvoir en Thaïlande depuis
cinquante ans, n'a aucune intention de se laisser mettre sur la touche.
Dès la fin de l'année 1982, les pressions se multiplièrent sur le Parlement pour
l'inciter à amender la Constitution en en prolongeant les "clauses
transitoires".
Le commandant de la région militaire de Bangkok, le général
Pichit, alla même jusqu'à menacer les députés à mots couverts d'un coup d'État
"à froid".
L'opposition des principaux partis politiques a fait échouer la
manoeuvre.
Le 18 février 1983, le Parlement a refusé d'amender la Constitution
selon les voeux des militaires.
Pour l'ex-Premier ministre et dirigeant du Parti
d'action sociale, M.
Kukrit Pramoj, le contraire aurait été un "retour à la
dictature" à la faveur d'un "coup d'État démocratique".
Ces remous politiques n'ont pas empêché le régime de marquer des points
spectaculaires dans la lutte qui l'oppose au PCT (Parti communiste thaï).
Ce
dernier s'est véritablement désagrégé au lendemain de son IVe Congrès, tenu
entre mars et mai 1982, au cours duquel les divisions entre "prochinois" et
"nationalistes/progressistes" se sont exacerbées.
En quelques mois, le PCT a
perdu près de 50% de ses effectifs tandis que deux membres de son bureau
politique et plusieurs milliers de ses combattants se rendaient.
Même s'ils
conservent des maquis dans l'extrême-nord et sud du pays, les communistes thaïs
sont pourtant moins que jamais en mesure d'ébranler le régime..
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