texte corrigé Hume CORRECTION BAC BLANC
Publié le 27/06/2024
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«
PHILOSOPHIE
CORRECTION BAC BLANC
EXPLICATION DE TEXTE COMPLÈTE
[Amorce/propos généraux sur le thème + problématisation] Immunisée contre tout contrôle et toute
intrusion, notre pensée humaine offre à chacun de nous la possibilité de nous réfugier dans un monde
intime, personnel, dans lequel nous nous plaisons à vagabonder au gré de rêveries qui n’appartiennent
qu’à nous, loin du tumulte de la vie quotidienne.
Les œuvres littéraires, le cinéma, les peintures, et
toutes les créations artistiques et humaines le démontrent : la pensée et son inventivité paraissent sans
limites.
Si la pensée humaine semble effectivement être un refuge et une source de créativité
inépuisable, c’est bel et bien parce qu’elle se caractérise par l’imagination, autrement dit la faculté de
se représenter mentalement un objet sans le percevoir.
Cette imagination humaine, qualifiée
communément de « débordante » chez les individus les plus créatifs, semble en effet ne souffrir
d’aucune contrainte.
Cependant, n’est-ce pas là une illusion ? Notre imagination, aussi foisonnante soitelle, ne répond-elle pas à des mécanismes et des déterminismes propres ? Si nous analysons un tant
soit peu nos pensées, y compris les plus farfelues, nous nous rendons bien vite compte que ces
dernières semblent au contraire se composer d’éléments issus de notre vécu, déjà connus de nousmêmes.
[Problème] La question est donc la suivante : la pensée humaine est-elle libre et illimitée ou,
au contraire, repose-t-elle exclusivement sur l’expérience, relativement à nos sens ? [Thèse de l’auteur]
Dans ce texte issu de son œuvre Enquête sur l’entendement humain paru en 1748, Hume soutient la
thèse empiriste selon laquelle la pensée humaine, et plus spécifiquement l’imagination, a pour origine
l’expérience.
[Annonce du plan] Dans une première partie, de la ligne 1 à la ligne 6, Hume expose les
arguments communs selon lesquels la pensée humaine semble libre de toute contrainte et illimitée
dans sa capacité créative, dans la mesure où nos pensées semblent échapper à tout contrôle et toute
loi physique.
Cependant, dans un second temps, de la ligne 6 à la ligne 18, Hume réfute ces arguments
en démontrant que les idées formées par notre imagination sont au contraire limitées et déterminées
par l’expérience, autrement dit conditionnées par nos sens, et qu’il nous est donc impossible de créer
une idée à partir du néant.
Dans une première partie, Hume expose l’opinion commune selon laquelle la pensée humaine
semble libre et illimitée.
Tout d’abord, dès la ligne 1, l’auteur affirme que « Rien, à première vue, ne peut paraître plus
libre que la pensée humaine ».
Nous pouvons d’ores et déjà comprendre avec ce « à première vue »
que Hume exprime ici une première impression concernant la pensée humaine.
En effet, nous pouvons
comprendre par ces premiers mots qu’il s’agit d’exposer dans cette première partie une opinion qui
n’aurait pas encore été examinée par la raison, mais qui relèverait au contraire d’une illusion.
Mais plus
encore que d’en rester à un simple constat selon lequel la pensée humaine paraît libre, Hume précise
aussi que « rien » ne semble surpasser celle-ci en termes de liberté.
Non seulement la pensée humaine
serait libre, mais rien ne semblerait la détrôner.
D’où nous viendrait cette confiance absolue en notre
capacité de penser ? L’auteur nous précise les raisons d’une telle confiance et d’une telle illusion dans
la suite de son propos, lignes 1 à 3 : « […] qui [la pensée humaine] non seulement échappe à toute
autorité et à tout pouvoir humain, mais que ne contiennent même pas les limites de la nature et de la
réalité ».
Hume soutient ici que la pensée humaine paraît d’autant plus libre qu’elle semble
effectivement immunisée contre toute autorité et tout pouvoir humain.
Cette impression se renforce
par l’expérience quotidienne.
En effet, nous ressentons et expérimentons chaque jour en tant
qu’humains une intimité quant à notre pensée.
Nous pouvons nous rendre au travail, à un dîner en
famille ou encore à une sortie entre amis, sans jamais connaître la crainte qu’autrui pénètre notre
esprit.
Force est de constater que la télépathie reste bien du domaine de la science-fiction : notre corps
peut être soumis à des agressions extérieures, mais nos pensées, quelles qu’elles soient, demeurent
protégées de toute intrusion ; et personne, pas même la plus haute autorité en ce monde, ne peut y
accéder et y exercer un contrôle direct.
Cette thèse affirmant la toute-puissance et la liberté absolue
de la pensée était notamment soutenue par le stoïcisme en Grèce antique.
Régulièrement battu par
son maître, le philosophe et esclave Épictète rétorquait à ce dernier que si son corps était soumis
physiquement à son autorité, sa pensée, elle, demeurerait à jamais libre et hors de son contrôle.
Selon
les stoïciens, cette liberté absolue de la pensée, indissociable de la toute-puissance de la volonté,
permettrait même d’accéder au bonheur et ce malgré la maladie, l’enfermement ou encore la torture
infligée au corps.
Par la suite, Hume soutient également que notre pensée humaine ne semble pas non
plus limitée par les lois de la nature ou de la réalité ; ce qui, encore une fois, semble se vérifier par
l’expérience commune.
En effet, la pensée n’a que faire des lois physiques lorsqu’il s’agit de s’imaginer
marchant dans les nuages, ou se baignant dans de la lave en fusion en buvant un petit cocktail d’acide
sulfurique, par exemple.
Comme l’explique Hume à la ligne 3 : « Former des monstres et unir des formes
et des apparences discordantes, cela ne coûte pas plus de troubles à l’imagination que de concevoir les
objets les plus familiers […].
Ce qu’on n’a jamais vu, ce dont on n’a jamais entendu parler, on peut
pourtant le concevoir […] ».
L’auteur décrit ici les pouvoirs de l’imagination.
Nous pouvons
effectivement former en notre esprit des objets courants et familiers que nous n’avons pourtant jamais
vus et dont nous n’avons jamais entendu parler, par exemple une voiture rose avec des bananes peintes
dessus.
Mais nous pouvons également imaginer des objets et des êtres fictifs semblant sortir de nulle
part, comme par exemple des nymphes jaunes à trois yeux avec des cornes de girafe, le corps couvert
d’écailles, portant des tongs argentées, qui auraient des mains en forme d’étoiles et qui seraient
joueuses dans un groupe de death metal en tournée dans toute la galaxie.
La mythologie grecque
regorge d’ailleurs de créatures toutes plus fantastiques les unes que les autres, comme les centaures,
les hydres ou encore le Minotaure.
Toutefois, à la ligne 6, Hume souligne au moins une limite à
l’imagination, sur laquelle tout le monde s’accorderait : « et il n’y a rien au-dessus du pouvoir de la
pensée sauf ce qui implique une absolue contradiction.
» En effet, si l’imagination semble transcender
les lois de la nature, elle semble toutefois limitée par les lois logiques.
La précision de Hume est
pertinente ; en effet, nous aurons beau nous efforcer du mieux que nous pouvons, il nous sera par
exemple impossible d’imaginer un cercle carré, ou d’imaginer monter en bas dans un escalier.
La
contradiction logique serait donc, à première vue, la seule limite à l’imagination.
Ainsi, dans cette
première partie, Hume nous a exposé les arguments selon lesquels la pensée humaine, et à fortiori
l’imagination, semble bel et bien revêtir un pouvoir illimité et libre de toute contrainte, en-dehors bien
évidemment de ce qui implique une contradiction logique.
Mais la contradiction logique en est-elle la
seule limite ? Nous allons voir que selon l’auteur, la pensée est autrement plus limitée.
Dans cette deuxième partie, Hume réfute les arguments selon lesquels la pensée serait libre
dans son processus créatif, et démontre qu’au contraire, la pensée est déterminée par l’expérience et
nos sens.
Comme l’annonce l’auteur à la ligne 6 : « Mais, bien que notre pensée semble posséder cette
liberté illimitée, nous trouverons, à l’examiner de plus près, qu’elle est réellement resserrée en de très
étroites limites […] ».
Nous comprenons avec ce « Mais » que Hume s’apprête dans cette partie à
réfuter l’opinion communément admise, qu’il nous a précédemment exposée.
En effet, l’auteur veut
nous démontrer qu’en examinant de plus près cette dernière, autrement dit en l’examinant par la
raison, la pensée humaine n’est pas aussi libre qu’il n’y paraît.
Au contraire, elle serait selon lui
extrêmement limitée.
Hume argumente sa thèse en définissant les mécanismes en jeu lors du
processus d’imagination.
Comme il l’explique à la ligne 8 : « […] tout ce pouvoir créateur de l’esprit ne
monte à rien de plus qu’à la faculté de composer, de transposer, d’accroître ou de diminuer les matériaux
que nous apportent les sens et l’expérience.
» Ce « pouvoir créateur » que l’on confère communément
à l’imagination serait en réalité, selon Hume, une simple capacité d’assemblage d’idées, conditionnée
par nos sens et l’expérience.
Hume expose et assume ici une thèse empiriste, c’est-à-dire une thèse
visant à expliquer le réel sur la base de l’expérience.
Son empirisme révèle également un déterminisme.
Loin d’être autosuffisante et intrinsèquement libre dans sa créativité, la pensée serait au contraire
déterminée par l’expérience, et serait....
»
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