Texte commenté de G. Matoré
Publié le 10/06/2020
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« Notre époque peut en effet être caractérisée par la prédominance des facultés visuelles : et on a pu dire qu 'elle était une civilisation de l'image". Les uvres philosophiques et scientifiques, les revues et les journaux nous proposent conjointement une nouvelle vision du monde, une nouvelle optique, des vues des observations, etc. Huizinga avait remarqué dans son bel ouvrage sur le Déclin du Moyen Âge que le XVe siècle manifestait un goût presque exclusif pour le sens de la vue, mais alors qu'à la fin de l'époque médiévale c'est la couleur et la lumière qui assumaient un rôle de premier plan, aujourd'hui ce sont semble-t-il les formes, et plus encore les positions respectives qu'elles occupent dans l'espace. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette constatation en nous fondant sur l'examen d'uvres littéraires et picturales : notre remarque peut être étendue immédiatement à d'autres aspects de la vie d'aujourd'hui. Observons d'abord que plusieurs activités esthétiques sont nées récemment (affiche, cinéma, télévision) où la vue joue un rôle sinon exclusif, du moins éminent ; atteignant un vaste public, elles exercent sur celui-ci une action considérable. De son côté, la littérature s'est adjoint une activité où l'art est certes absent, mais dont la diffusion est grande : les bandes dessinées, ou "comics" : leur succès est dû au fait qu'elles traduisent une anecdote n'utilisant les mots que comme complément d'une inmage, elle-même signal rudimentaire. À un niveau plus élevé, nous pouvons observer le succès des périodiques illustrés (de Paris-Match à L'Oeil) et des livres d'images : albums photographiques, récits de voyages illustrés, ouvrages d'art enrichis" de photographies en couleurs, etc. Malraux a souligné l'influence exercée par la diffusion des reproductions photographiques dans notre connaissance de l'Art, et l'ouverture du Musée imaginaire ne marque pas seulement, le triomphe d'une nouvelle conception de l'esthétique : elle est un indice de la prédominance actuelle de la vue. Malraux propose d'attribuer à l'art la fonction de sacralisation que la religion, selon lui, est incapable d'assumer: mais ce n'est pas seulement l'Art qui tend à devenir un mythe dans la vie contemporaine, c'est aussi le milieu dans lequel baigne toute représentation esthétique, c'est l'Espace. De l'homme de la rue au philosophe, chacun de nous vit dans un monde explicité seulement par le regard et dont la vue semble la clé. L'accord est loin d'être unanime, évidemment, entre les conceptions ou les sentiments de l'espace qui se manifestent aujourd'hui, mais si l'on observe attentivement les faits, on constatera qu'une sorte de consensus se dégage de ces vues divergentes à certaines époques (qui coïncident sans doute avec l'apparition de "générationsprivilégiées"), des niveaux relativement bas de pensée sont perméabilités à une action provenant de milieux intellectuellement supérieurs. Le moins esthète de nos contemporains regarde, peut-être en ricanant, mais peu importe, des reproductions de Braque, qu'il rapproche inconsciemment du paysage aplati et aux couleurs neutres qu'il observe du hublot d'un avion : il vit dans un monde où Faulkner et Robbe-Grillet additionnent des situations spatiales, où Ionesco et Beckett nous présentent des hommes qui marchent, où des savants calculent l'orbite d'engins interstellaires : il voit des films où les gros plans alternent avec des images de téléobjectif: il consulte des cartes, sait lire un croquis coté, étudie des schémas, admire la beauté géométrique des gratte-ciel et des cités radieuses. Tous les gestes de sa vie pratique et la plupart des mouvements de sa vie intérieure se manifestent dans un. espace vu où il semble trouver son élément vital. Un tel recours à l'espace a des origines lointaines : sans doute la base de la connaissance du réel a-t-elle toujours été le cadre spatial, mais tout se passe comme si, à notre époque, l'espace, cet espace réaliste du savoir objectif et du bon sens, avait été soudain affecté d'un exposant surgi d'on ne sait où, qui lui aurait conféré des valeurs insoupçonnées". G. MATORÉ L'Espace Humain. Édition de la Colombe, 1963.
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