Tchécoslovaquie (1990-1991)

« Tchécoslovaquie (1990-1991) Pour saisir l'évolution de la Tchécoslovaquie en 1990-1991 il faut se rappeler que cet État, fondé en 1918 et fédéré en 1968, est composé - sans ignorer ses minorités - de deux nations, la tchèque et la slovaque.

La coexistence des Tchèques et des Slovaques a été le sujet prédominant de la vie publique, aussi bien dans la préparation d'une nouvelle Constitution que dans l'application pratique de la réforme économique décidée au niveau fédéral.

La Slovaquie a, entre autres, hérité de l'histoire l'industrie de l'armement lourd (fabrication des chars), laquelle est condamnée à une réduction substantielle ou à une disparition complète.

Enfin, dans la solution des rapports entre les pays tchèques (Bohême, Moravie, Silésie) et la Slovaquie, un facteur extérieur d'importance a continué d'intervenir: la puissance soviétique n'a pas en effet semblé vouloir délaisser un espace géopolitique aussi important, malgré le départ des troupes stationnant dans le pays. Quant à la démocratie post-communiste (le régime est tombé en décembre 1989) confirmée par les élections libres des assemblées constituantes de juin et les élections communales de novembre 1990, elle est restée bien fragile, y compris au niveau économique et social.

L'angoisse et la peur, connues sous le régime autoritaire, n'ont pas disparu.

La majorité de la population a continué à s'interroger sur son destin.

La production industrielle a chuté de 12% entre le premier trimestre 1990 et le premier trimestre 1991, les secteurs les plus touchés étant le bâtiment et le textile.

Fin mars 1991, le chômage touchait déjà 185 000 personnes et l'on prévoyait de 600 000 à un million de sans-emploi pour la fin de 1991; le phénomène étant deux fois plus grave en Slovaquie.

La libération des prix à partir du 1er janvier 1991 a provoqué une hausse du coût de la vie de 34% au premier trimestre 1991, et l'importante augmentation des loyers et de l'énergie devait encore l'accroître.

L'inflation a atteint 30% lors du premier trimestre 1991. L'union politique euphorique des premiers mois ayant suivi novembre 1989 a vécu. Les deux mouvements vainqueurs des élections législatives, le Forum civique tchèque et le Public contre la violence (PCV) en Slovaquie, se sont disloqués. Les 20 et 21 avril 1991, le Parti civique démocratique a tenu son congrès constitutif dans les pays tchèques, se définissant en tant que "parti démocratique de droite au programme conservateur".

L'autre partie du Forum, lors de son congrès du 27 avril, a fondé le Mouvement civique.

Ce dernier, se situant au centre, et ne se voulant pas "un parti traditionnel strictement organisé", a décidé d'accepter aussi, comme "membres collectifs", les organisations non politiques. En Slovaquie, le Public contre la violence s'est partagé lui aussi en deux partis/mouvements, le plus influent étant le PCV - Pour une Slovaquie démocratique, qui a déclaré vouloir combattre l'"orientation de droite" en se situant "au centre de la vie politique". Dans les deux républiques, des courants d'extrême droite se sont affirmés et leur clientèle s'est élargie.

Les communistes, avec des directions et une idéologie "renouvelées", et représentant toujours une force non négligeable, se sont classés au deuxième rang aux élections communales dans les pays tchèques et au troisième en Slovaquie (leur parti s'y nommant désormais Parti de la gauche. »