Taïwan (2000-2001): Après la "victoire historique"
Publié le 27/09/2020
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Taïwan (2000-2001): Après la "victoire historique"
Après son éclatante victoire, qualifiée à juste titre d'historique, lors de
l'élection présidentielle du 18 mars 2000 qui a mis fin à cinquante-cinq ans de
domination du Kuomintang (KMT), le nouveau président Chen Shui-bian a vu son
gouvernement confronté à de graves crises internes en 2000-2001.
Sa cote de
popularité a chuté de moitié.
La Bourse a dégringolé et le président a même été
menacé de destitution.
La population avait, en effet, élu un président, et non le gouvernement que
celui-ci a ensuite constitué.
De plus, avec seulement 39,3 % des suffrages et
une mince avance de 2 % sur son plus proche adversaire James Soong
(ex-gouverneur de Taïwan et ex-apparatchik du KMT), Chen Shui-bian l'a emporté
grâce à la dispersion des votes destinés à deux candidats issus du KMT.
Majoritaire au Yuan législatif, l'opposition pouvait donc mener la vie dure au
Parti progressiste pour la démocratie (DPP) de Chen Shui-bian, qui ne disposait
que du tiers des 220 sièges de l'Assemblée.
Toutefois, ce départ difficile de la
toute première alternance pacifique du pouvoir en territoire chinois n'avait pas
de quoi surprendre, la transition pouvant durer jusqu'au scrutin suivant.
Premier fiasco intervenu à l'été 2000, l'opération de sauvetage de Pachang Creek
s'est soldée par la noyade de quatre ouvriers, l'inefficacité des services
publics provoquant l'indignation générale.
Le vice-premier ministre Yu Shyi-kun
a été contraint de démissionner.
Le premier leader politique à être désigné Premier ministre, Tang Fei, ministre
de la Défense dans le gouvernement Kuomintang de février 1999 à mai 2000, n'est
resté à son poste que quatre mois.
Sa démission, le 3 octobre 2000, due à des
divergences de vues avec Chen Shui-bian, a marqué un recul par rapport à l'idée
d'un "gouvernement de tous".
Il a été remplacé par le vice-premier ministre
Chang Chun-hsiung (DPP).
Déjà divisé en cinq factions, le DPP a subi des
défections lorsque des promesses importantes de son programme électoral ont été
abandonnées.
Par ailleurs, la grande guerre contre l'"or noir", la corruption,
n'avait pas encore été engagée.
Conformément au programme électoral du DPP, l'un des premiers gestes du nouveau
président a été de mettre fin à la construction de la quatrième centrale
nucléaire taïwanaise (déjà parvenue au tiers de son calendrier), un projet de 6
milliards de dollars.
Mais, quatre mois plus tard, un vote au Yuan législatif et
un jugement de la plus haute instance ont annulé cette décision, au grand dam
des écologistes qui sont descendus dans la rue par milliers.
Sur le plan international, le président Chen Shui-bian a effectué deux tournées
très réussies à l'étranger.
La première, en août 2000, l'a mené dans six pays
d'Amérique latine et d'Afrique.
En mai-juin 2001, il est retourné en Amérique
latine, tout en faisant des escales très remarquées aux États-Unis, grâce au
soutien que lui a témoigné l'administration du président George W.
Bush.
Chen
Shui-bian s'est ainsi retrouvé en territoire américain en même temps que le
dalaï lama du Tibet.
Celui-ci a effectué une "visite officielle" de neuf jours à
Taïwan (avril 2001), non sans en profiter pour rencontrer les plus importants
dirigeants politiques du gouvernement et de l'opposition..
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