Taedium vitae

« Taedium vitae Le dégoOt de l'existence Cette locution particulièrement célèbre condense en deux mots tous les problèmes existentiels de l'être humain: tristesse.

mal-être.

fatigue et déchéan,ce morale ; on la rattache habituellement au début du traité De tranquillitate animi de Sénèque, où Serenus décrit à l'écrivain ses troubles existentiels, et l'étrange état dans lequel il se trouve, qui fait qu'il ne ressent ni bien ni mal.

Mais dans ce passage Sénèque ne parle pas de Taedium vitae, expression qui, par contre.

apparaît chez d'autres auteurs (Tacite, 6, 25, 2 ; Pline l'Ancien, Naturalis historia, 7, 186 ; Aulu-Gelle, 6, 18, 11 ).

Notre locution devint célèbre dans la littérature chrétienne où elle désigne le dégoût de l'existence te11estre (cf.

par exemple saint Ambroise., De fuga saeculi, 6, 34 [PL 14, 585d] ; Rupert de Deutz, Commentarius in Matthaeum, PL 168, 1593d ; Hervé de Bourg-Dieu, Commentaria in Jsaiam, 3 [Pl 181, 67c] : Arnoul de Lisieux, Ep., 37 [Pl 201, 66c]), le taedium vitae étant généralement accompagné du desiderium mortis (Bruno le Chartreux, Expositio in epistu/as Pauli, PL 153, 222d ; Richard de Saint-Victor, De differentiis sacrificii Abrahae a sacrificio Beatae Mariae Jlirginis, PL 196, 1046a) ou du desiderium aeternae (Etienne de Tournai, Ep., 159 [PL 211, 448c ]).

On trouve même pki 111i les sentences médiévales la formule Taedio vitae properare ad Orci iter stultissimum est (Walther 30970a).

Les attestations sont nombreuses dans la littérature moderne: cf.

par exemple l'abbaye du cauchemar de Thomas L.

Peacock ( 1, 37) et le Livre secret de G.

d' Annunzio, où l'auteur parle de la nécessité de se soustraire à l'ennui d'avoir été et de n'être que celui qu'on est -ce dont il se glorifie d'ailleurs au moment où il écrit; signalons que notre locu­ tion servit de titre à une célèbre poésie d'Oscar Wilde, à un roman d'He111,c1nn Hesse, à un recueil de poèmes de Vittorio Genovesi (publié en 1943) et, plus récemmen~ à des albums de Hard Rock (l'un, des Catharsis, en 1999, et l'autre, des Mal/eus Maleflcarum, en 2002).

Sur un plan purement conceptuel, signalons également une pensée de Giacomo Leopardi (Zibaldone, 3714) où l'ennui est décrit comme l'état d'âme de ceux qui n'éprouvent aucun plaisir ou déplaisir à vivre; le célèbre. »