Tadjikistan (1994-1995)
Publié le 27/09/2020
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Tadjikistan (1994-1995)
Le conflit entre l'opposition islamo-démocrate et le gouvernement de Douchanbé
(soutenu par Moscou) s'est poursuivi.
A partir de mars 1994, un double processus
a prévalu: d'une part, une négociation a été engagée, sous l'égide de l'ONU,
entre le gouvernement et l'opposition; d'autre part, la faction des Koulabi, qui
"règne" déjà à Douchanbé, s'est attachée à s'assurer l'exclusivité du pouvoir, y
compris contre ses propres alliés, accentuant ainsi son isolement.
Une série de négociations a eu lieu en 1994 (à Moscou, en mars; à Téhéran, en
juin et septembre; à Islamabad en octobre et à Alma-Ata en juin 1995) sous
l'égide de l'envoyé spécial de l'ONU, Ramon Piriz-Ballon.
Ces négociations
visaient à instaurer un cessez-le-feu, à assurer un système de garanties pour
l'opposition et enfin à programmer la tenue d'élections libres ou, tout au
moins, à envisager une formule de gouvernement de coalition acceptable pour
toutes les parties.
Si le cessez-le-feu a pu être signé pour six mois en octobre 1994 à Islamabad,
aucun progrès n'a été réalisé sur les autres plans.
D'une part, les autorités
russes refusaient toujours de donner des garanties de sécurité à l'opposition,
ce qui concrètement revenait à soutenir le gouvernement de Douchanbé, d'autre
part, ce dernier a organisé unilatéralement une série d'élections pour s'assurer
le pouvoir.
L'ONU et la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe) ont
refusé de jouer le rôle traditionnel d'observateurs.
Non seulement l'opposition
armée n'a pas pu participer à ces élections, mais elles ont été l'occasion pour
le régime d'éliminer ses ex-alliés de la province de Khojent (traditionnels
détenteurs du pouvoir à l'époque communiste).
Lors de l'élection présidentielle
du 6 novembre 1994, largement truquée, le président Imamali Rahmanov l'a emporté
sur son ancien Premier ministre Abdou Malik Abdoulajanov, discrètement soutenu
par l'Ouzbékistan voisin.
Le président en a aussi profité pour éliminer A.
Doustiev, un Koulabi, de la présidence de l'Assemblée.
Malgré la présence d'une équipe d'observateurs militaires de l'ONU, prévue par
les accords de Téhéran du 17 septembre 1994, les combats se sont intensifiés à
la frontière entre la Tadjikistan et l'Afghanistan, où sont basées les troupes
de l'opposition.
La province autonome du Haut-Badakhchan, très proche des
insurgés, mais où les garde-frontières russes sont installés, a connu de sévères
combats entre ces derniers et des troupes armés de l'opposition (mars-avril
1995).
En représailles, Moscou a fait bombarder, en avril 1995, le bazar afghan
de Taloqan, ancienne capitale du commandant afghan Ahmed Shah Massoud, faisant
plusieurs centaines de victimes.
La Russie n'en recevait pas moins fin avril les
chefs de l'opposition tadjike.
Ces hésitations ont révélé l'embarras de Moscou, dont la politique s'identifie à
celle des Koulabi, mais qui est apparu hésiter entre la force, conduisant à une
escalade militaire, et une négociation ne pouvant aboutir qu'au départ des
Koulabi, discrédités et isolés..
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