Tabarly
Publié le 18/05/2020
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Tabarly et les autres, l'homme seul face à l'océan
En 1964, la France découvre, stupéfaite, qu'un jeune officier
de la marine nationale va battre les Anglais sur leur terrain
de prédilection, la course en haute mer, en solitaire qui plus
est! C'est le premier exploit d'un homme qui fera beaucoup
d'émules.
Pour les Français des années 60, Éric Tabarly est une
formidable révélation: la découverte que l'exploit sportif
n'est pas seulement sur les routes du Tour ou sur les terrains
de foot, mais aussi sur la mer.
Et pour les Anglais, c'est un
coup de tonnerre dans le ciel serein de leur suprématie
maritime.
En annonçant la victoire d'un Français dans la
seconde Transatlantique anglaise en solitaire de 1964, "The
Guardian" note avec fairplay que l'on a ressenti "un léger
frémissement de la terre à Trafalgar Square au moment où
Tabarly a franchi la ligne".
Quant au très sérieux "Times", il
se voit forcé de remonter, 35 ans en arrière, jusqu'à Alain
Gerbault, pour trouver un autre "mangeur de grenouilles"
capable de triompher de l'océan.
Le plus étonné, c'est peut-être Tabarly lui-même.
Huit jours
après le début de la course Plymouth-Newport, le pilote
automatique de son "Pen Duick II" le trahit.
À ce moment, le
marin est persuadé de n'avoir plus aucune chance de gagner.
Il
enrage, et l'écrit dans son journal de bord, en imaginant son
principal concurrent, Chichester, "très bien assis dans le
dog-house de son bateau, en tête à tête avec une bouteille de
gin ou de Guinness, en train de rédiger Comment j'ai gagné la
course en solitaire pendant que Gipsy Moth taille la route
sans qu'il ait à s'en occuper".
Suivent une vingtaine de jours
de galère, avec un réveil qui sonne toutes les heures et demie
pour contrôler le pilote de fortune bricolé avec un extenseur
et deux poulies.
Il est 15 h 45, le 18 juin 1964, lorsque le
téléphone sonne dans le manoir de Chalouère, près d'Angers, où
la famille Tabarly attend la nouvelle sans oser y croire.
Ca y
est! C'est officiel! Éric a gagné.
Guy Tabarly, le père,
revoit en une seconde le vieux "Pen Duick", le premier du nom,
sur lequel, ensemble, ils ont acquis le goût de la
compétition.
En Amérique, on fête le "Frenchman" dont nul ne
pouvait imaginer qu'il battrait le grand Francis Chichester.
En France, l'enseigne de vaisseau Tabarly devient, à 33 ans,
une star.
Grâce à lui, le pays tout entier découvre la
Transat, qu'il gagne à nouveau en 1976, étant ainsi le seul à
avoir inscrit deux fois son nom au palmarès de cette course.
Tabarly participe à toutes les grandes courses au large, seul
ou en équipage, et il les remporte souvent.
Mais il ne fait
pas que courir.
D'une part, il forme ses successeurs.
Ils
s'appellent Titouan Lamazou, Olivier de Kersauson, Alain
Colas, Philippe Poupon.
Il donne aussi à de nombreux jeunes le
goût de la mer.
En même temps, il ne cesse de perfectionner
ses machines, essayant de nouveaux matériaux, de nouveaux
procédés.
N'est-ce pas lui qui applique pour la première fois
à un voilier de compétition, le Paul Ricard, le système des
foils utilisés par les hydroglisseurs et avec lequel il battra
1.
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