Syrie (2002-2003) : Sur la liste américaine des «États voyous»
Publié le 27/09/2020
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Syrie (2002-2003) : Sur la liste américaine des «États voyous»
Au printemps 2003, les menaces proférées par l'administration des États-Unis à
l'encontre de la Syrie, figurant sur la liste américaine des États parrainant le
terrorisme, ont replacé le pays au centre de l'attention internationale.
Ces
mises en garde portaient à la fois sur l'accueil potentiel de responsables
irakiens sur le sol syrien (dans le contexte de la guerre anglo-américaine
contre l'Irak de mars-avril 2003), sur la mise au point d'armes chimiques et sur
le soutien à des groupes supposés «terroristes».
Elles faisaient suite au refus
de la guerre par la Syrie, position qu'elle avait maintenue depuis le début des
tensions américano-irakiennes : au Conseil de sécurité de l'ONU dont elle était
membre temporaire depuis janvier 2002 et au sein duquel elle avait soutenu la
résolution 1441 en faveur de la poursuite des inspections internationales ; et
face à ses partenaires du monde arabe, divisés sur l'Irak.
Ainsi, lors du
«sommet arabe» de Charm el-Cheikh tenu les 2 et 3 mars, la Syrie avait voulu
incarner la «dignité arabe» en refusant par exemple d'accorder des «facilités
militaires» aux troupes américaines ou d'appeler au départ de Saddam Hussein.
Avec l'effondrement du régime irakien, la position syrienne semblait donc
fragilisée par l'accroissement prévisible des pressions américaines.
D'une part
sur les sujets régionaux : règlement du conflit israélo-palestinien dans lequel
Damas est demeuré un acteur clé, notamment du fait de la question de la
restitution du plateau du Golan annexé par Israël depuis 1981 ; maintien de la
présence militaire syrienne au Liban, malgré de récents redéploiements de
l'armée ; soutien syrien à la branche militaire du Hezbollah libanais.
D'autre
part sur les sujets intérieurs : fabrication présumée d'armes chimiques et de
destruction massive ; présence de bureaux de groupes politiques palestiniens à
Damas ; processus d'ouverture économique et politique.
La présence américaine en Irak devait aussi inquiéter la Syrie sur le plan
économique : la relance des relations commerciales, légales et illégales, entre
les deux pays avait contribué au retour de la croissance économique en Syrie.
Celle-ci, estimée entre 2 % et 3 % en 2002, demeurait cependant fragile, liée à
deux années de récoltes abondantes et à des revenus pétroliers en hausse du fait
de la bonne tenue des cours du pétrole et de la livraison (non déclarée)
d'environ 200 000 barils par jour de pétrole irakien.
Elle restait également
confrontée à une forte pression sur le marché du travail, le chômage touchant
plus de 20 % de la population active (estimation officieuse).
Or, le chômage ne
devait pas fléchir à court terme, bien que la Syrie ait entamé son processus de
transition démographique (taux de croissance de la population estimé à 2,4 % par
an).
Or, les résultats du processus de modernisation économique annoncé par le
président Bachar al-Assad à l'été 2000, visant l'amélioration de l'économie
syrienne sans pour autant la transformer en une économie de marché, n'étaient
pas encore perceptibles en 2003 malgré l'accent mis par les autorités sur la
réforme administrative.
Cependant, trois banques privées ont obtenu, au
printemps 2003, l'autorisation de s'établir, mettant fin à trente ans de
monopole d'État sur le secteur bancaire.
Et malgré la suppression de ses
barrières douanières avec quatre de ses partenaires régionaux au 1er janvier
2003, devançant ainsi le lancement de la Zone arabe de libre-échange prévu pour
2005, la Syrie n'avait toujours pas conclu les négociations d'association avec
l'Union européenne (UE) engagées depuis 1998..
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