Syrie (1994-1995)
Publié le 27/09/2020
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Syrie (1994-1995)
)
A force de retarder les négociations de paix avec Israël, la Syrie a piétiné sur
la voie de l'ouverture politique et économique.
Contrairement à ses
interlocuteurs israélien et américain pressés de signer avant d'importantes
échéances électorales, le président Hafez el-Assad a voulu s'assurer d'un
contexte arabe favorable et tester la mise en oeuvre du volet
israélo-palestinien du processus régional de paix.
Le rôle central de Damas
étant désormais reconnu, il a également cherché à faire monter les enchères dans
la négociation.
Le principe de la reconnaissance d'Israël en échange du retrait total des
troupes israéliennes du plateau du Golan, occupé en 1967 et annexé le 14
décembre 1981, a été réaffirmé le 14 février 1995 par le secrétaire adjoint du
parti Baas au pouvoir, Abdallah al-Ahmar, qui confirmait que "la paix juste et
complète [était] un choix stratégique".
Pourtant, ni la visite à Damas du
président américain Bill Clinton le 27 octobre 1994 ni les navettes du
secrétaire d'État américain Warren Christopher et de son adjoint Dennis Ross
n'ont débloqué la situation.
A partir du 27 juin 1995, les chefs d'état-major
syrien et israélien reprenaient la négociation pour de futurs arrangements de
sécurité.
D'un autre côté, H.
el-Assad a obtenu au "sommet" d'Alexandrie, qui s'est tenu
le 3 mars 1995, le soutien du président égyptien Hosni Moubarak et du roi Fahd
d'Arabie vis-à-vis de sa politique attentiste.
Il a maintenu son aide logistique
au Hezbollah libanais, en guerre avec Israël, tandis que les attentats du Jihad
islamique, comme celui du 22 janvier 1995 à Netanya, recevaient son aval.
En
outre, H.
el-Assad a réitéré sa demande d'une normalisation des relations avec
les États-Unis et d'un appui financier à la politique de libéralisation
économique menée à partir de 1990.
Du côté européen, pourtant, la Syrie a fait une percée remarquable en obtenant,
le 28 novembre 1994, la levée de l'embargo sur les ventes d'armes imposé par
l'Union européenne depuis 1986.
Le quatrième protocole européen a été débloqué;
une partie des arriérés de sa dette commerciale (qui se montait à 600 millions
de dollars en décembre 1994) a été réglée, et plusieurs accords de coopération
ont été signés lors de la visite de la troïka européenne emmenée par le ministre
des Affaires étrangères français d'alors, Alain Juppé, le 7 février 1995.
Les
faiblesses structurelles au niveau économique demeuraient, pourtant, dans un
pays dont le président Assad vantait, dans un discours au Parlement le 10
septembre 1994, la "solidité du modèle de démocratie populaire".
Le véritable décollage économique du pays ne pourrait être lié qu'à une détente
politique, en particulier à des perspectives de paix.
Ni le limogeage du général
Ali Haydar, commandant des Forces spéciales, et son remplacement par le général
Ali Habib (un autre Alaouite), le 15 août 1994, ni l'élection sous surveillance
de 167 membres du Front national progressiste (dont 100 baasistes) et 83
indépendants aux législatives du 24 août 1994 ne constituaient des innovations
pour un régime alliant autoritarisme et pragmatisme.
Maître du Liban, protecteur du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) turc,
chef de file des déçus de la négociation de paix, Hafez el-Assad cultivait l'art.
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