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Synthèse-cours SES Chapitre V : Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ?

Publié le 28/05/2024

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« Chapitre V : Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? Objectifs d’apprentissage : - Comprendre que, dans les sociétés démocratiques, l’École transmet des savoirs et vise à favoriser l’égalité des chances ; - Comprendre l’évolution, depuis les années 1950, des principaux indicateurs mesurant l’accès à l’école et à l’enseignement supérieur (taux de scolarisation, taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation) en distinguant les processus de massification et de démocratisation. - Comprendre la multiplicité des facteurs d’inégalités de réussite scolaire (notamment, rôle de l’École, rôle du capital culturel et des investissements familiaux, socialisation selon le genre, effets des stratégies des ménages) dans la construction des trajectoires individuelles de formation. Problématique : La Nation a attribué à l’école des objectifs multiples : transmission de savoirs et d’une culture générale, partage des valeurs de la République, contribution à l’insertion sociale et professionnelle, mais également égalité des chances.

Aucune société démocratique ne peut en effet accepter comme principe que la réussite scolaire dépende de l’origine ou des caractéristiques des individus.

Pourtant, malgré la progression de la scolarisation, des inégalités de trajectoire scolaire persistent selon le genre ou l’origine sociale.

Comment expliquer ces inégalités ? Quels sont les rôles respectifs de la famille et de l’école dans la formation des inégalités de réussite scolaire ? Dossier I : La progression de la scolarisation s’accompagne d’inégalités de réussite scolaire Analyse I : La scolarisation a progressé depuis les années 1950 en France Depuis la deuxième moitié du XXème siècle, on assiste à un considérable allongement de la durée de scolarisation en France.

L’accès au collège s’est généralisé dans les années 1970 (première explosion scolaire), et celui au lycée dans les années 1990 (seconde explosion scolaire), et aujourd’hui 80% d’une classe d’âge est titulaire d’un baccalauréat, tandis que près de la moitié des jeunes sont diplômés de l’enseignement supérieur. Analyse II : Mais elle s’accompagne d’inégalités de réussite scolaire selon le genre et l’origine sociale Pour autant, cette progression de la scolarisation s’accompagne d’inégalités de réussite scolaire persistantes, selon le genre ou l’origine sociale.

Les enfants des classes populaires ont en moyenne des performances moins élevées que celles des enfants des classes populaires (évaluations de compétences, taux de réussite aux examens), une durée de scolarisation plus courte, ou fréquentent des filières moins valorisées socialement (ils sont sur-représentés en lycée professionnel et sous-représentés en lycée général, et - pour ceux qui poursuivent des études supérieures – sont sur-représentés en BTS et sous représentés en classes préparatoires par exemple). Les filles quant à elles « surperforment » scolairement par rapport aux garçons : elles redoublent moins fréquemment, ont de meilleurs résultats scolaires et poursuivent plus souvent des études supérieures.

En revanche on constate une fréquentation genrée des filières d’enseignement.

Que ce soit au lycée ou dans l’enseignement supérieur, les filles sont surreprésentées dans des filières littéraires, ou des filières de service ou de soin aux personnes, tandis que les garçons sont surreprésentés dans des filières scientifiques et techniques.

De plus, malgré leurs meilleurs résultats scolaires, elles accèdent moins souvent aux filières les plus valorisées (série S au lycée, classes préparatoires et écoles d’ingénieur dans le supérieur). Analyse III : Faut-il alors parler de démocratisation ou de massification scolaire ? L’accès des enfants des classes populaires à des niveaux d’enseignement qui semblaient auparavant réservés aux enfants des classes supérieures (le collège dans les années 1970, le lycée dans les années 1990, l’enseignement supérieur à partir des années 2000) peut être considéré comme un signe important d’une certaine démocratisation scolaire, synonyme d’une plus grande égalité des chances. Mais certains préfèrent plutôt parler de massification pour montrer que le phénomène serait plutôt quantitatif, les inégalités scolaires étant loin d’avoir disparu et s’étant simplement transformées.

En quelques sortes, la démocratisation a été ségrégative. Dossier II : Comment expliquer les inégalités de réussite scolaire ? Analyse I : Le rôle de la socialisation Une socialisation différenciée selon l’origine sociale : le rôle des investissements familiaux dans l’acquisition d’un capital culturel valorisé par l’école Dans les années 1960, Pierre Bourdieu s’élève contre la vision méritocratique selon laquelle l’école ne ferait que récompenser les talents, les dons supposés naturels des élèves.

Contre cette idéologie du don, son ouvrage Les héritiers (1964) met en évidence que l’école favorise les enfants des classes supérieures qui vont « hériter » d’un capital culturel (comme on hérite d’un capital économique) au travers d’un processus de socialisation différencié selon l’origine sociale. La famille transmet en effet un ensemble de ressources culturelles objectives (livres, objets culturels, sorties culturelles) mais aussi incorporées à travers ce qu’il appelle l’habitus (le langage, le rapport au savoir, les savoir-faire valorisés, des connaissances, etc.).

Or, le capital culturel valorisé par l’école correspond à celui des classes supérieures.

Cet arbitraire culturel de l’école est un instrument de reproduction sociale, légitimant les différences de résultats scolaires et donc les futures positions sociales. Des enquêtes sociologiques récentes confirment les effets puissants de la socialisation sur la réussite scolaire.

L’enquête coordonnée par Bernard Lahire en 2019 auprès d’enfants de 5 ans montre comment dès le plus jeune âge les effets de la classe sociale se font ressentir.

Les enfants des classes supérieures pratiquent davantage de sorties culturelles, sont bien davantage exposé à la lecture, et sont incités à développer à rapport réflexif au langage via l’emploi fréquent de l’ironie ou des jeux de mots.

Le style d’autorité parentale pratiquée (explication et négociation des règles), le rapport à l’organisation du temps, à la compétition et au développement de l’esprit critique ou l’autonomie, raisonnent avec celui de l’école et favorisent la réussite scolaire. Une socialisation différenciée selon le genre Les inégalités de trajectoires scolaires selon le genre s’explique également grandement par la socialisation.

Des l’enfance, l’entourage sollicite davantage les petites filles sur le développement du langage (et les garçons pour le comportement moteur), le respect des règles et des attitudes de sérieux et de travail (compétences que les garçons sont moins incités à respecter), facteurs essentiels à la réussite scolaire.

La division sexuée du travail, avec des métiers genrés, véhiculées par des multiples agents de socialisation (famille, pairs, école, médias, …) vont aboutir à l’incorporation de goûts et de dispositions différenciées à l’origine de choix.... »

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